Ancien ambassadeur de la République démocratique du Congo à Bruxelles, Jean-Pierre Mutamba est, avec l’historien Isidore Ndaywel, l’une des deux « têtes pensantes » du Commissariat général chargé de préparer les manifestations du 50eme anniversaire de l’indépendance. Le comité exécutif de ce commissariat sera dirigé par le général Kalume Numbi, réputé pour ses qualités d’organisateur, secondé par Mme Josette Shaje, longtemps conservatrice du musée national. Détaillant la philosophie générale de cette année de commémoration, Mutamba, un proche du chef de l’Etat, exprime avant tout une volonté d’autosuffisance, la priorité qui sera donnée à la réflexion plus qu’au faste : « le50eme anniversaire sera d’abord l’affaire des Congolais, l’occasion de mener une réflexion sur nous-mêmes : qui nous sommes, d’où nous venons et surtout quels sont nos projets pour l’avenir. Il s’agît de dresser, avec lucidité et sans complaisance, et aussi sans accuser personne, une sorte d’état des lieux de notre pays, dans différents domaines, la santé, l’éducation, l’agriculture…Cet anniversaire devrait aussi être l’occasion de nous projeter dans l’avenir : comment allons nous gérer une ville comme Kinshasa qui, d’ici dix ans, pourrait compter vingt millions d’habitants ? »
D’ici quelques jours sera dévoilé le programme général de l’ « année du 50 eme » anniversaire, sorte de canevas sur lequel pourront se greffer toutes les propositions des divers partenaires, au premier rang desquels les Belges. « Nous sommes ouverts à toutes les propositions » souligne Mutamba « si les Belges veulent partager leurs images d’archives, ou coproduire un film, ils sont les bienvenus, mais nous devons d’abord travailler par nous-mêmes. »
Dans cet esprit, plusieurs initiatives ont déjà été lancées : les artistes nationaux et internationaux ont été invités à proposer un logo et des slogans qui célébreront l’anniversaire, les historiens se chargeront de rappeler l’origine des noms des principaux quartiers de Kinshasa (pourquoi Kintambo ou Bandal…),une encyclopédie du pays vu par ses nationaux sera mise en chantier.
Soucieux de démontrer « l’unité dans la diversité », le commissariat veut aussi faire découvrir le Congo aux Congolais, afin qu’ils s’approprient toutes les facettes de leur pays-continent : « nous allons retrouver et exposer tous pagnes qui illustrent les principaux moments de l’histoire de ces 50 dernières années, répertorier les mets favoris des principales régions et à la fin, nous publierons un livre de recettes, afin que tous sachent comment on prépare le manioc, le poisson, les haricots, à Kisangani, à Kinshasa, au Kasaï… »Une exposition itinérante est prévue, qui montrera des photos des principales villes et des plus beaux sites du pays
A Bruxelles aussi, l’ambassadeur Mova Sakanyi prépare déjà plusieurs expositions : 50 pagnes, 50 coiffures, 50 recettes…
Pour Jean-Pierre Mutamba, il faut à la fois revisiter le passé et s’inscrire dans l’avenir : « à Kinshasa, nous voudrions réhabiliter la salle du Zoo et créer un musée, et un appel à été lancé aux musiciens, leur demandant à la fois de faire revivre les chansons qui marquèrent l’année 60 et de célébrer les temps présents… »
Le Centre Wallonie Bruxelles, s’inspirant de Yambi, le formidable rendez vous d’artistes organisé voici deux ans en Belgique, envisage plusieurs tournées et manifestations artistiques à travers le pays. La déléguée, Kathryn Brahy, a déjà mis sur pied un « comité livre », qui rassemble tous les opérateurs concernés, dans l’espoir d’ouvrir une grande librairie sur le boulevard du 30 juin, afin de permettre à tous les Congolais d’accéder à la lecture et… à l’édition. Les contributions privées s’annoncent déjà, où l’on verra les célères bières locales (Primus, Tembo, Doppel et autres…) rassembler les musiciens et encourager les manifestations populaires…
Le 30 juin, point culminant de cette année, sera marqué par la présence de plus de 30 chefs d’Etat qui ont déjà été invités ou sont annoncés, parmi lesquels les présidents des pays d’Afrique australe et centrale, la RDC présidant actuellement les deux associations régionales SADCC et CEAC (conférence des pays d’Afrique australe et conférence des pays d’Afrique centrale). Mais dans le cœur des Congolais, il est certain que la seule présence qui comptera vraiment, ce sera celle du roi Albert II, le frère de Baudouin, ce Bwana Kitoko (beau garçon en lingala), dont le souvenir appartient à l’histoire du pays…

 

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Posté par rwandaises.com