Protais Zigiranyirazo, le 16 novembre.

Ancien préfet et homme d’affaires rwandais, Protais Zigiranyirazo, alias « Monsieur Z », a été acquitté de génocide et crimes contre l’humanité, lundi 16 novembre, par la chambre d’appel du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) siégeant à Arusha (Tanzanie).

Le juge d’appel a estimé que ses collègues de première instance s’étaient « gravement fourvoyés dans le traitement des preuves ». Protais Zigiranyirazo, 71 ans, est donc libre et pourrait s’exiler en France ou en Belgique. Pourtant, la participation de Monsieur Z dans les crimes commis au Rwanda est majeure, selon plusieurs experts.

Mais l’homme agissait dans l’ombre de l' »Akazu », un cercle informel, constitué autour d’Agathe Kanziga, épouse du président Habyarimana, mort dans l’attentat contre son avion le 6 avril 1994, considéré comme l’élément déclencheur du génocide des Tutsi qui fit près de 800 000 morts.

S’il est avéré que Monsieur Z, l’un des 3 frères d’Agathe Kanziga, était un membre de premier plan de l’Akazu, soupçonné d’avoir planifié le génocide, les enquêteurs peinent à réunir les preuves de sa participation concrète aux massacres.

« L’INTELLECTUEL » DE L’AKAZU

Son acquittement est un grave échec pour le procureur du TPIR et pourrait rejaillir sur d’autres dossiers sensibles qui patinent en France et en Belgique. Ainsi, celui d’Agathe Kanziga, soeur de « Monsieur Z », qui fait l’objet d’une information judiciaire en France, ouverte en février 2007, après le rejet de sa demande d’asile par la Commission de recours des réfugiés. Le Conseil d’Etat vient de confirmer cette décision en estimant « sérieuses » les « raisons de penser qu’elle s’est rendue coupable d’un crime contre l’humanité ». Mme Habyarimana avait été protégée et évacuée par les forces françaises au début du génocide de 1994. Les associations de victimes souhaitent qu’elle soit jugée en France.

En Belgique, l’un de ses frères, Séraphin Rwabukumba, a longtemps été inquiété pour une affaire de détournement de fonds de la coopération sans que l’enquête ne permette l’ouverture d’un procès. En octobre, il a demandé la naturalisation belge.

Considéré comme « l’intellectuel » de l’Akazu, l’ex-ministre du plan Augustin Ngirabatware avait échappé à une tentative d’arrestation à Paris en 2001 en s’envolant, grâce à des complicités, vers le Gabon. Finalement interpellé en Allemagne en 2007, il est jugé par le TPIR. Quant à l’homme d’affaires Félicien Kabuga, lui aussi inculpé par le TPIR et en fuite, il se trouve au Kenya, a affirmé lundi 16 novembre, l’ambassadeur extraordinaire des Etats-Unis en charge des crimes de guerre Stephen Rapp. Ce que nie le Kenya, accusé de le protéger.

Début novembre, un membre éloigné de l’Akazu, Michel Bagaragaza, a été condamné à six ans de prison par le TPIR après s’être repenti. Mais un autre repenti, Juvénal Uwilingiyimana, a été retrouvé mort dans un canal de Bruxelles en 2005. Même en exil, le « clan » conserverait le pouvoir de dissuader des témoins.

Stéphanie Maupas
 
 
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