Le referendum d’autodétermination prévu au Sud-Soudan le 9 janvier 2011, organisé en même temps que celui de savoir si la région disputée d’Abyei devrait être rattachée au Nord ou au Sud Soudan, ne cesse de mobiliser certaines chancelleries occidentales (Washington, Paris, Londres notamment). Toutes leurs agences de presse et leurs ONG sont mobilisées dans l’objectif, démasqué depuis longtemps, de diviser le Soudan pour faciliter le contrôle du sud pétrolier et notamment de la région d’Abyei.
Plusieurs stratégies, déjà appliquées ailleurs, ont été mises en œuvre pour atteindre cet objectif :
La première stratégie a été le contrôle et l’appui exercé par ces chancelleries sur des mouvements rebelles comme le Mouvement de Libération du Soudan (SLM) d’Abdul Wahid Al Nour, fondateur du SML et vivant « en exil » à Paris. La photo de ses embrassades avec Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française, ne cesse encore d’irriter de nombreux diplomates et dirigeants africains. Le chef rebelle Abdul wahid al Nour, connu pour refuser systématiquement tous les accords de paix au soudan bénéficie du soutien indéfectible de Paris et de ses « intellectuels » comme Bernard-Henri Lévy qui lui a même consacré une page internet avec comme slogan : « L’art de la philosophie ne vaut que s’il est un art de la guerre… ». Tout un programme !
L’autre stratégie a consisté à polluer Internet de fausses attaques et des « exactions » des « soldats gouvernements » sur les réfugiés au Soudan. Pretexte évident à l’augmentation du nombre de soldats « onusiens » au Soudan et l’émission de mandats d’arrêts contre le président Soudanais. Les dépêches des agences de presse occidentales allant dans ce sens sont nombreuses sur la toile. Et surtout rappeler quotidiennement que la « guerre civile risque d’éclater» à tout moment, pour ainsi justifier toutes sortes missions au Sud Soudan(le procureur de la Cour pénal internationale ayant pousssé le ridicule jusqu’à délivrer un mandat d’arrêt pour génocide).
Les autorités soudaines l’ont tellement bien compris qu’elles ont décidé de limiter les zones d’actions de certaines missions onusiennes ou d’ONG agissant au soudan.
Une autre stratégie, utilisée de plus en plus par les pays occidentaux, est l’envoi et/ou le soutien financier et logistique apporté à des ONG et partis politiques « sous tutelles », qui publient à intervalles régulières des rapports extrêmement alarmants sur la situation au sud Soudan. Dans beaucoup de cas comme au Zimbabwe, en Haiti ou au Kenya, ces ONG deviennent de véritables bras armés déclencheurs de troubles sociaux. Au Zimbabwe, pour contrer ce phénomène, le président Mugabe a exigé des ONG qu’ils déclarent l’origine de leurs ressources. Au Kenya, on a estimé à environ 18 millions de dollars les fonds apportés à ces partis et ONG pour créer des troubles sociaux et obligés le président Mwai Kibaki, à défaut de partir, d’accepter de « partager » le pouvoir. C’est la même stratégie qui a été appliquée au Zimbabwe pour forcer le Président Mugabe à « partager le pouvoir ». En Haiti Jean-Bertrand Aristide a subi avec succès l’assaut de ces ONG manipulées depuis Washington, Paris et Ottawa, qui l’ont obligé à quitter le pouvoir et à s’exiler en Afrique du Sud.
Une autre méthode de contrôle des pays consiste à envoyer des casques bleus qui sont utilisés « à d’autres fins » que ce que dit le mandat octroyé par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Le Président érythréen a dénoncé ouvertement l’utilisation « à d’autres fins » des casques bleus à la frontière entre son pays et l’Ethiopie. Dans l’est de la République Démocratique du Congo, les soldats réguliers ont mis la main sur des véhicules de l’ONU transportant des rebelles, « sous des bâches », d’une zone à l’autre. Et les images des populations jetant des pierres sur les véhicules onusiens sont de notoriété publique. Dans ce pays, le laisser faire de l’ONU dans l’enlèvement puis l’exécution de Patrice Lumumba est encore très présent dans les mémoires. En 2006 lors d’un discours prononcé à l’occasion de la journée d’information sur la Côte d’Ivoire organisée par son parti à Douala, Moukoko Priso, secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun (parti de Ruben Um Nyobé et des nationalistes camerounais), avait fait un parallèle entre le Cameroun, la RDC et la Côte d’Ivoire : « Lumumba, Um Nyobé, Gbagbo : l’ONU, liquidatrice des leaders africains ». D’autres exemples de la manipulation des soldats onusiens en Afrique et dans le monde ne manquent pas, nous ne voudrions pas nous y attarder ici.
Au soudan l’échec de la tentative de mettre de côté le Président Omar Al Bachir, en faisant délivrer par la CPI un mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité a impliqué un deuxième mandat d’arrêt pour « génocide ». Les dirigeants africains et même certaines chancelleries occidentales ont compris cette fois tout le farfelu qui entoure ce dossier. Et le refus de l’Union Africaine de ne pas suivre la Cour Pénale Internationale sur ce dossier témoigne de la compréhension grandissante des manipulations du Conseil de Sécurité des Nations Unies par les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne et quelques uns de leurs alliés. Ce sont ces mêmes pays qui refusent, depuis de nombreuses années, toute réforme du Conseil de Sécurité visant à augmenter le nombre de pays détenteurs du droit de veto. Au début du mois d’octobre 2010 après un voyage des membres du Conseil de Sécurité au Soudan, certaines déclarations de diplomates suggèrent de stationner des « soldats de la paix » dans des « zones tampon » à des endroits « critiques » le long de la frontière entre le nord et le sud du Soudan, avant la tenue du référendum sur l’autodétermination du 09 janvier 2011. L’installation de ces soldats dans une ligne frontalière entre le Nord et le Sud Soudan, divisera de fait le pays. Les autorités soudanaises l’ont très bien compris. L’Union Africaine doit soutenir le Soudan à refuser ce stationnement de soldats « sous couleurs onusiennes » sur une ligne fictive de démarcation au Soudan. En Côte d’ivoire après la tentative ratée des rebelles de Guillaume Soro de prendre Abidjan, les soldats de l’ONUCI et ceux de la France ont crée une ligne frontalière entre le nord et le sud du pays, empêchant les soldats réguliers de poursuivre et d’arrêter les rebelles en fuite. Mais aussi et surtout de créer une ligne de frontière qui a scindé la Côte d’Ivoire en deux. En Somalie la Grande Bretagne et alliés ont réussi à scinder le pays en Deux en créant le Somaliland. Région qui dispose d’énormes réserves de pétrole. Sur Wikipedia.org, nous pouvons lire ceci concernant l’économie du Somaliland : « Le Somaliland dispose de richesses minières et pétrolières, toutes exploitées par Invicta Capital…Société administrée par Lord John Stevens, le conseiller spécial pour le renseignement de l’ancien Premier ministre britannique, Gordon Brown ». Il faut noter que la Grande Bretagne s’active depuis plusieurs années pour que le Somaliland soit reconnu par les Nations-Unies. Mais jusqu’à présent c’est l’échec. Mais si la situation politique en Somalie n’est pas vite stabilisée par l’Union africaine, la Grande-Bretagne risque d’arriver à ses fins, en maintenant un Etat fantoche, qui non seulement servira de réserves de pétrole, mais aussi à torpiller les décisions au sein de l’UA, en intégrant en son sein des dirigeants totalement manipulés. C’est un des grands enjeux de la pacification de la Somalie.
Enfin une des méthodes de contrôle des économies des pays utilisée par washington, Londres et Paris à travers le Conseil de Sécurité des Nations Unies est l’organisation et/ou le contrôle des scrutins. Le lundi 11 octobre 2010 le directeur du panel des Nations unies pour la surveillance du référendum au Sud-Soudan a déclaré à la presse, à l’issue d’un entretien avec le ministre soudanais des Affaires étrangères, que leur mission était « d’aider à la progression du processus menant au référendum » et que le panel onusien n’avait « aucun rôle d’organisation » et que leur « tâche » était plutôt d’apporter leurs « bons offices ». En côte d’Ivoire Laurent Gbagbo l’avait bien compris lorsqu’à travers des manœuvres peu orthodoxes au sein du Conseil de sécurité de l’Onu, la France avait cherché à l’écarter de la réelle gestion du pouvoir en faisant de lui « une reine d’Angleterre ». Et confier à un « groupe de contact international » la gestion du pouvoir de transition et l’organisation de l’élection présidentielle. Le président Gbagbo a pu échapper à ce piège en proposant aux rebelles des Forces Nouvelles de Guillaume Soro un « dialogue direct » qui a permis de mettre sur la touche (ou du moins limiter l’influence pendant un certain temps) des forces économico-politiques négatives qui s’exercent sur la côte d’ivoire depuis la tentative ratée de putsch des rebelles de Soro.
Ainsi, l’Organisation des Nations unies (Onu), créée pour veiller au maintien de la paix entre les peuples et les nations, a pu être atteint cet objectif dans certaines zones du monde. Mais cet objectif est de plus en plus compromis par la mainmise des groupes politico-financiers occidentaux sur le Conseil de Sécurité. En Afrique, les anciens pays colonisateurs refusent la fin des monopoles qu’ils exercent depuis des décennies sur de nombreux secteurs économiques. Pour cela ils soutiennent des rebellions, participent à des mouvements de déstabilisation, financent des putschs pour installer des « préfets »… pour maintenir par la force la main mise sur les ressources des ex colonies. C’est la cause de l’instabilité notée dans de nombreux pays comme le Zimbabwe, le Kenya, la Centrafrique, la RD Congo, la Côte d’Ivoire, Haiti…
En Afrique partout où il ya des « soldats onusiens » il ya des groupes rebelles à la pelle ! Troublante coïncidence ! Le rôle de l’union africaine doit être de retirer les forces onusiennes partout en Afrique, premier pas vers la pacification du Continent et son développement.

Ndiawar Soumaré
Expert en relations internationales
Directeur du Centre Stratégique Africain
centrestrategique@gmail.com
16/ octobre 2010

http://www.africatime.com/rwanda/nouv_pana.asp?no_nouvelle=556607&no_categorie=1

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