Ce récent titre du Washington Post est d’une honnêteté rafraîchissante, mais pas vraiment un scoop. La main d’oeuvre et les ressources africaines sont la clé du développement économique mondial depuis des siècles.

Pour l’Afrique cela s’est traduit par le pillage systématique et continu de sa main d’oeuvre et de ses ressources qui n’a pas faibli à ce jour. D’abord ça a été l’enlèvement
brutal de dizaines de milliers d’Africains pour remplacer la force de travail native d’Amérique que les Européens avaient décimée. Le commerce des esclaves a été
dévastateur pour les économies africaines qui étaient rarement capables de supporter l’effondrement de leur population ; mais les capitaux ainsi accumulés par les propriétaires
de plantation dans les Caraïbes ont financé la révolution industrielle.

Tout au long des 18 et 19ièmes siècles, de plus en plus de matières précieuses ont été
découvertes en Afrique (du fer, du caoutchouc, de l’or et de l’argent…) et le vol des terres
et des ressources a finalement abouti à ce qu’on a appelé « La ruée vers l’Afrique » quand,
en l’espace de quelques années, les Européens se sont partagés le continent tout entier, les
Africains étant, pour ce faire, dépouillés de leurs terres et de leurs ressources et forcés de
travailler dans les mines d’or et dans les plantations de caoutchouc.

Après la seconde guerre mondiale, les puissances européennes, affaiblies par des années
de guerre industrielle les unes contre les autres, se sont efforcées d’adapter le colonialisme
à leur nouvelle situation. La solution qu’ils ont choisie a été baptisée « néocolonialisme »,
elle consistait à confier les attributs formels du pouvoir à un groupe d’hommes de paille
triés sur le volet pour qu’ils les laissent continuer à exploiter leurs pays comme
auparavant. En d’autres termes, l’adaptation du colonialisme permet de faire supporter aux
Africains eux-mêmes les coûts et le fardeau de la répression de leurs propres populations.

Il y a quatre ans, les USA ont mis en place un nouveau « centre de contrôle et de
commande » pour soumettre militairement l’Afrique qui porte le nom d’AFRICOM. Le
problème pour les Etasuniens était qu’aucun pays d’Afrique ne voulait les accueillir ; De
fait jusqu’à encore tout récemment, l’Afrique se distinguait en étant le seul continent qui
ne comportait pas de base américaine. Et en vérité c’était en grande partie grâce aux
efforts du gouvernement libyen. Et ce qui était peut-être encore plus inquiétant pour
l’hégémonie européo-étasunienne sur le continent c’était les énormes montants d’argent
que Kadhafi consacrait au développement de l’Afrique. Le gouvernement libyen a été sans
nul doute le plus gros investisseur du premier satellite africain lancé en 2007 qui a fait
économiser à l’Afrique les 500 millions de dollars que lui coûtait précédemment
l’utilisation des satellites européens.

Pire encore pour les puissances coloniales, la Libye avait alloué 30 milliards de dollars à
l’Union Africaine pour trois projets financiers destinés à mettre un terme à la dépendance
africaine vis à vis de la finance occidentale. La Banque d’Investissement Africaine, qui a
son siège en Libye, devait investir (sans intérêt) dans le développement de l’Afrique, ce
qui aurait sérieusement menacé la domination du Fond Monétaire International sur
l’Afrique, un instrument capital pour maintenir l’Afrique dans la pauvreté. Et Kadhafi
dirigeait la mise en place par l’Union Africaine d’une nouvelle monnaie africaine indexée
sur l’or qui aurait sectionné encore une autre des ficelles qui tiennent l’Afrique à la merci
de l’Occident, 42 milliards de dollars ayant déjà été consacrés à ce projet, et à nouveau la
majeure partie par la Libye.

La guerre de l’OTAN a pour but de mettre un terme au projet de la Libye qui était le fer
de lance d’un mouvement destiné à renforcer l’unité et l’indépendance de l’Afrique. Tous
les fonds de développement africains pour les projets décrits ci-dessus ont été « gelés » par
les pays de l’OTAN et vont être remis à leurs copains du Conseil de transition pour acheter
des armes et faciliter la guerre.

Article publié sur Conscience Citoyenne Responsable
http://2ccr.unblog.fr/2011/09/26/lafrique-cle-du-developpement-economique-mondial/

ROBERT GIL
Lundi 10 Octobre 2011

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Posté par rwandanews