Kigali, 22 novembre 2011 (FH) – Lundi, au mémorial du génocide de Kigali, le public de la capitale rwandaise a assisté à une représentation de « Hate Radio », pièce de théâtre mettant en scène la vie de la Radio Télévision Libre des Mille collines (RTLM), incarnation des médias de la haine pendant le génocide des Tutsis en 1994.

La pièce est une création de l’Institut international du crime politique (International Institute on Political Murder- IIPM), un groupe théâtral de Berlin (Allemagne), fondé en 2007 pour évoquer les dernières heures du couple Ceausescu, exécutés en Roumanie en 1989.

Les ténors de la radio, Valérie Bemeriki et Habimana Kantano, sans oublier l’Italo-belge Georges Ruggiu sont les personnages principaux de cette tragédie. Condamnée pour génocide, Mme Bemeriki est en prison au Rwanda, tandis que Kantano est décédé en août 1994 dans un camp de réfugiés de l’ex-Zaïre, peu après avoir fui son pays. Quant à Ruggiu, il est aujourd’hui libre après avoir purgé la peine que lui avait infligée le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha, en Tanzanie.

Le drame fait alterner la reconstitution d’émissions de la RTLM et les souvenirs saisissants des témoins de l’époque du génocide.

« Le projet Hate Radio reprend de vraies émissions de la RTLM et les restitue sur scène, dans un studio reconstruit d’après le studio original, véritable laboratoire de la propagande, de la haine ethnique et de la pire idéologie raciale », explique à l’agence Hirondelle, Jens Dietrich, dramaturge et producteur à l’Institut international du crime politique.

« La RTLM a été la voix du génocide et la reconstitution du studio de radio se doit de rendre perceptible l’ambiance profondément dérangeante de la station. Une atmosphère faite de divertissements légers et d’incitation hystérique au meurtre, le tout orchestré par des professionnels très connus, admirés dans leurs milieux », a-t-il souligné.

Pour M. Dietrich, Hate Radioraconte comment les animateurs et les responsables de la RTLM ont préparé le génocide comme on met en place une campagne publicitaire. «Heureusement, vous [les Hutus] avez bien écouté et bien compris, vous avez examiné votre conscience. Les choses sont donc allées vite, et les Tutsis et leurs complices se sont retrouvés dans les fosses publiques », lance Nancy Nkusi, une rescapée qui joue le rôle de l’animatrice RTLM, Valérie Bemeriki.

Et Kantano de renchérir : « Ils sont toujours la, très nombreux, ce sont eux qui ont tué les vôtres, ils ont descendu le Président, ce sont eux qui tuent vos enfants a Kigali, Butare, Kibungo, dans tout le pays. Gardez-les à l’œil ! Même si tu es une vieille femme, un vieillard ou un enfant, sois-en conscient !…Identifiez-les…ce sont des hyènes, ils sont plus méchants que le rhinocéros…Oui, gardez-les à l’œil. ».

Habimana Kantano est interprété par Dorcy Rugamba, fils d’un grand poète et musicien hutu rwandais tué pendant le génocide parce qu’il avait épousé une femme tutsie.

L’IIPM a été fondé fin 2007 afin d’intensifier les échanges entre le théâtre, les arts plastiques, le cinéma et la recherche dans le domaine de la reconstitution d’évènements historiques.

 

Après Kigali, plusieurs représentations de Hate Radio sont programmées dans plusieurs villes européennes jusqu’à la fin du premier semestre 2012.

SRE/ER/GF

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