Né le 15 mai 1912 à Kiyanza près de Remera c’est le 2 décembre 1981 qu’il s’est éteint. L’abbé Alexis Kagame était un historien, éthnologue et philosophe Rwandais qui est devenu le leader intellectuel du peuple rwandais parce qu’il a pu articuler leur cosmologie en terminologie contemporaine.

Kagame est né dans une famille d’historiens de la cour et il a rapidement acquis une connaissance intime des traditions orales des rwandais. Sa famille s’est convertie au catholicisme après la première guerre mondiale et Kagame a fait ses études dans une école missionnaire ainsi que dans une école réservée aux fils de chefs. Il est entré au séminaire en 1929, et a été ordonné en 1941. En 1938, alors qu’il était toujours séminariste, il était déjà devenu éditeur d’un journal catholique. Il enseignait aussi au noviciat des frères de St. Joseph (Bayozefiti), et a continué de le faire pendant encore cinq ans après son ordination. Au cours de ces années, il est devenu ami proche du roi MUTARA III, et il est devenu assez connu dans le pays. Ses capacités auraient été apparentes dans n’importe quelle condition, mais il a heureusement attiré l’attention publique au moment où le catholicisme devenait une force importante dans le pays entier.

En 1943, Kagame a publié son premier livre, une histoire orale du Rwanda ancien. Ce livre a été suivi de plusieurs volumes de poésie, et enfin par une création épique en plusieurs volumes, publiée en français sous le titre de La divine pastorale (1952-1955). Elle présente un mythe rwandais de la création et une histoire du monde, révélant des parallèles entre les traditions rwandaise et le dogme chrétien – un thème favori de Kagame. Dans les années 1970, il a ajouté plusieurs études de poésie dynastique rwandaise.

En 1952, Kagame a écrit Le code des institutions politiques du Rwanda, une défense vibrante et une justification du système féodal . Les autorités belges ont trouvé son travail nationaliste troublant et se sont arrangés pour que Kagame soit envoyé à Rome pour y faire des études supérieures. Il est devenu membre des prêtres noirs, une association peu structurée de jeunes théologiens africains qui faisaient une lecture nationaliste du christianisme. La thèse doctorale de Kagame est devenue son œuvre la plus remarquée, La philosophie Bantu-Rwandaise de l’être (1956). C’est là que Kagame a interprété la pensée africaine en terminologie occidentale. Cette œuvre a non seulement répondu de manière efficace aux interprétations missionnaires de pensée africaine, mais elle a aussi entamé un dialogue sur la nature de la religion africaine et son rapport au christianisme occidental.

Après être rentré chez lui, Kagame a commencé à enseigner au séminaire catholique et a publié non seulement une histoire du Rwanda, mais aussi une étude de la langue Kinyarwanda. En 1959, après la mort du roi, les belges ont mis à bas le système féodal dans un bain de sang  brutale. Malgré le fait qu’il était identifié à l’ancienne classe régnante, Kagame n’a pas été atteint à cause du respect général pour sa pensée et ses qualités d’érudit. Il a été nommé à l’université nationale quand elle a été fondée en 1963. Par la suite, il a reçu beaucoup d’honneurs sur le plan international, y compris un service au comité prestigieux de l’UNESCO qui écrivait une histoire générale de l’Afrique. Pendant cette période il a aussi défendu « l’africanisation » du christianisme, à l’aide de documents du Conseil du Vatican qui argumentaient contre le maintien des attitudes missionnaires. Compte tenu de l’importance du catholicisme dans la société rwandaise, c’était-là une déclaration qui allait loin au-delà des questions religieuses. En dépit de son éminence, Kagame était un penseur transitionnel, qui était médiateur de pensée africaine en terminologie occidentale, mais qui permettait à une nouvelle génération d’intellectuels d’inaugurer une philosophie africaine plus intégrale, une philosophie qui, en même temps, pouvait trouver sa place dans le monde contemporain.

Norbert C. Brockman


Bibliographie:

Herdeck, Donald. African Authors [Auteurs africains], Vol. 1. Washington, D.C.: Inscape, 1974.
Lipschutz, Mark R., et R. Kent Rasmussen. Dictionary of African Historical Biography [Dictionnaire de biographie historique de l’Afrique]. 2ème édition. Berkely: University of California Press, 1986.
Ewechue, Ralph (éd.). Makers of Modern Africa [Les créateurs de l’Afrique moderne]. 2ème édition. London: Africa Books, 1991.

Lectures supplémentaires: Nsengimana, Joseph. Alexis Kagame: L’homme, 1987.


Cet article est reproduit, avec permission, de An African Biographical Dictionary [Un Dictionnaire biographique africain], copyright (c) 1994, édité par Norbert C. Brockman, Santa Barbara, California. Tous droits réservés.

 

L’abbé Alexis Kagame (19211981) est un historien rwandais. Il laisse derrière lui de nombreuse études sociologiques sur le Rwanda.  Il est, considéré comme l’un des plus grands historiens de ce pays.

Il publie notamment une grande partie du patrimoine oral royal (consigné dans ses ouvrages) qui lui a été transmis par le collège des Abiru (détenteurs du code ésotérique royal) dont il faisait partie avant l’avènement de la République. C’est grâce à ses travaux de conservation et de transcription que l’on peut aujourd’hui connaître ou étudier l’histoire du Rwanda.

Sa bibliographie

  • Inganji Karinga (The victorious Drums). Kabgayi, Editions Morales, 1943.
  • Le Rwanda et son roi, in Aequatoria 8 (1945)p.41-58.
  • Isoko y’amajyambere (Sources of progress). Kabgayi, Editions Morales, 1949-51.
  • Indyohesha-birayi, Éditions Royales, Kabgayi, 1949. Traduit par Anthère Nzabatinda,

sous le titre Le Relève-goût des pommes de terre, Paris, Les Classiques africains, 2004

  • Bref aperçu sur la poésie dynastique du Rwanda. Bruxelles, Editions universaires, 1950.
  • Le code des institutions politiques au Rwanda précolonial, Bruxelles, IRCB, 1952.
  • La divine pastorale, Bruxelles, Ed.du Marais, 1952, 112 p.
  • Umulirimbyi wa Nyili-ibiremwa. Butare, Astrida, 1952-53. – Une véritable « indigenisation » du Christianisme.
  • Mes premiers contacts avec la civilisation, in Séances de l’Istitut royal colon. belge, 24 (1953) n.3, 851-862.
  • Les organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda. Bruxelles, ARSC, 1954, 355 p.
  • La naissance de l’Univers, (Deuxième veillée de « La divine pastorale »), Bruxelles, Ed. du Marais, 1955, 85 p.
  • La philosophie bantu-rwandaise de l’être, Extraits (ARSC., Classe des Sc. mor et pol., N.S., VI,1). Bruxelles, ARSC., 1955, 67 p.
  • La philosophie bantu-rwandaise de l’être, (ARSC, Classe des Sc. mor et pol., N.S., XII,1). Bruxelles, ARSC, 1956, 448 p.
  • Le sacré païen, le sacré chrétien, in Aspects de la culture noire. Paris, Présence africaine, 1958, 126-145.
  • La notion de génération appliquée à… l’histoire du Rwanda. Bruxelles, ARSC, 1959.
  • L’histoire des armées-bovines de l’ancien Rwanda. Bruxelles, ARSC, 1961.
  • Les milices du Rwanda précolonial. Bruxelles, ARSC, 1963.
  • Préface, in NOTHOMB, D., Un humanisme africain. Bruxelles, 1965, 7-12.
  • La place de Dieu et de l’homme dans la religion des Bantu, in Cahiers des religions afric. 2 (1968), 213-222; 3 (1969),p.5-11.
  • Conscience chrétienne et conscience africaine, in Cum Paraclito (Niyundo) (1969) n.spécial, 46-56.
  • La fin ultime des Bantu ou point de départ de la morale traditionnelle, in Colloque « Ethique chrétienne et valeurs africaines ». * Faculté de Théologie Catholique, 1969, 39-39f.
  • Le fondement ultime de la morale bantu, in Au cœur de l’Afrique 9 (1969), 231-236.
  • Introduction aux grands genres lyriques de l’ancien Rwanda. Butare, Editions universitaires du Rwanda, 1970.
  • L’ethnophilosophie des « Bantu », in La philosophie contemporaine, Chronique, t.IV, éditée par R. Klibansky. Florence, 1971, 589-612, et in SMET, A.J. (ed), Philosophie africaine. Kinshasa, 1975, I, 93-115.
  • Un abgrégé de l’ethno-histoire du Rwanda. Butare, Editions Univers., 1972, 286 p.
  • Un abrégé de l’histoire du Rwanda, de 1855 à 1972. Butare, Editions Univers., 1975, 543 p.
  • Aperception empirique du temps et conception de l’histoire dans la pensée bantu, in Les cultures et le temps. Paris, Payot, 1975, 103-133.
  • Les cultures et le temps. Paris, Payot, Presse de l’UNESCO, 1975.
  • The empirical apperception of time and the conception of history in Bantu Thought, in Cultures and time. Paris, The Unesco Press, 1976, 89-116.
  • La philosophie bantu comparée. Paris, Présence Africaine, 1976, 334 p., VI cartes.
  • L’historicité de lyangombe, chef des Immandwa, in Cahiers des religions africaines 10 (1976), n.19, 5-18.
  • Le problème de « l’homme » en philosophie bantu, in Séminaire d’Addis-Abeba, 1976, in C. SUMNER, (ed), African philosophy – La philosophie africaine, Addis-Abeba, 1980, 105-112.
  • SPrache und Sein: die Ontologie der Bantu Zentralafrikas, aus d. Franz. von Almut Seiler-Dietrich. Brazzaville, Heidelberg; Kivouvou, Edition Bantous, 1985, 277 p.
  • The problem of ‘Man’ in Bantu Philosophy, translated by Claude Sumner, in The African Mind 1 (1989) .
  • Sources
  • wikipédia. l’encyclopedie lbre,.
  • A. KAGAME  » Un abrégé de l’histoire du Rwanda »
    Collection MUNTU 4
  • .www.africansuccess.org/visuFiche.php?id=546&lang=fr
  • http://editions-sources-du-nil.over-blog.com/article-31961040.html
  • http://www.dacb.org/stories/rwanda/kagame_1alexis.html
  • Posté par http://www.rwandaises.com