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La Belgique confirme la réélection de «J oseph KABILA» !
(KongoTimes 27/12/2011)

Selon l’ambassadeur belge à Kinshassa : les déclarations d’Etienne TSHISEKEDI ne correspondent pas aux règles normales d’un régime démocratique. Ce à quoi nous devons attacher de l’importance c’est veiller à ce que le Président qui vient de prêter serment travaille pour le bien-être des Congolais avec un gouvernement qui verra le jour dans les jours qui viennent et la nouvelle Assemblée nationale. C’est là le défi majeur actuellement.

S’il ne le blâme pas, il n’en est pas loin. Le Chef de la mission diplomatique belge en R-dC, Dominique Struye de Swielande faisait partie mardi 20 décembre du groupe de diplomates étrangers accrédités dans notre pays qui ont pris part aux cérémonies de prestation de serment du Président Joseph Kabila Kabange à l’esplanade de la Cité de l’Union africaine.

Après les critiques entendues ces derniers jours dans les capitales occidentales, on attendait que certains diplomates soient venus par pure forme. Marquer une présence et s’en aller. Rien de tout cela! Les ambassadeurs étaient là et bien là. Ils ont pris part au banquet offert par le couple présidentiel sous cette tente sorte de garden party. Occasion de parler avec l’un d’eux, Dominique Struye de Swielande, ambassadeur du Royaume de Belgique au Congo. Sans langue de bois.

Excellence, où en sommes-nous entre la Belgique et le Congo?
Nous avons des relations normales – je m’en réjouis tous les jours. Nous mettons tout en œuvre pour poursuivre ces élections dans la normalité, dans un esprit de confiance et dans le respect – j’insiste – des institutions de chacun des pays.

Normales! Pouvez-vous être plus précis…
Quand j’ai présenté mes lettres de créance, le Président de la République m’a dit qu’il souhaitait des relations au beau fixe. Je constate que les deux pays y contribuent positivement en voulant maintenir ces relations au beau fixe et en essayant de leur donner de la substance. C’est le plus important: fructifier ces relations au bénéfice de chacun de nous.

M. Reynders a renoncé au voyage qu’il avait annoncé à Kinshasa à l’occasion de l’investiture du Président Kabila!
M. Reynders est un ministre d’un Gouvernement travaillant dans un contexte européen. M. Reynders a indéniablement montré son intérêt à venir mais il doit s’inscrire dans une politique à la fois gouvernementale et européenne. Dans le communiqué que le Gouvernement belge a diffusé, M. Reynders dit bien qu’il ne vient pas en ce moment mais qu’il espère venir très rapidement après l’installation de la nouvelle Assemblée nationale. J’essaie toujours de voir le côté positif dans chaque déclaration. C’est la preuve par excellence que la Belgique est dans une politique de reconnaissance des élections qui ont eu lieu et dans un esprit d’ouverture vers l’avenir.

Vous mettez en place le rôle de l’Europe. Joue-t-elle à ce point ce rôle qu’elle enlève toute autonomie de décision aux Gouvernements dans le domaine des relations extérieures?
Les gouvernements restent autonomes mais s’inscrivent dans une politique étrangère européenne. Il n’y a pas eu quelqu’un en Europe qui a imposé une décision à la Belgique. C’est une décision assumée et qui a tenu compte d’un certain nombre de paramètres tout en disant très très clairement que la Belgique reconnaissait les élections, reconnaissait les résultats des élections malgré les déficiences constatées et la Belgique souhaitait poursuivre sa collaboration avec le Gouvernement congolais.

Y’a-t-il eu une décision en Europe de n’envoyer aucun ministre à l’investiture du Président de la République?
Je suis ambassadeur de Belgique et c’est le Gouvernement belge qui a pris la décision. C’est clair qu’il y avait un souhait – celui de venir – mais le Gouvernement a pris en compte un certain nombre d’éléments qui l’ont amené à donner une préférence pas dans le sens de remettre en cause les résultats des élections mais de trouver la meilleure façon d’aborder l’avenir.

Manifestation de mauvaise humeur à Bruxelles!
Pas de mauvaise humeur! La mauvaise humeur n’est pas un mot avec lequel nous travaillons dans les relations diplomatiques. Il y a en Belgique un certain nombre de gens qui ont observé ces élections. Il y en a qui ont observé de façon positive, certains l’ont observé de façon plus critique. L’ensemble de la décision a été dans un esprit de maintien de bonnes relations, de veiller en sorte que rien ne puisse nuire ces relations. Il y a un moment où il faut savoir prendre une décision pour ne pas rendre l’avenir plus difficile. Je crois que la décision prise par le Gouvernement était une décision dans le sens de sauvegarder les bonnes relations et l’avenir.

Il y a eu la ministre belge de retour de Kinshasa qui a commenté positivement le déroulement des élections et l’annonce par M. Reynders lui-même d’une visite à Kinshasa…
M. Reynders avait dit qu’il n’excluait pas de venir! En ce moment là, la décision était: «je réfléchis»! Il voulait voir quelle était la bonne décision à prendre! Je crois que nous devons réfléchir dans l’esprit de sauvegarder de bonnes relations. Il y a un moment où une visite aurait suscité plus de critiques que d’approbations en Belgique et il s’agit d’un Gouvernement composé de six partis. Je crois que M. Reynders a mûrement réfléchi sa décision et a clairement dit qu’il était préférable de ne pas venir en ce moment avec l’espoir de venir dans un avenir proche.

L’opinion publique intérieure a-t-elle pesé sur cette décision?
Le ministre a pris sa décision en tenant compte de toutes les opinions au sein d’un Gouvernement et d’une opinion publique qui était partiellement en faveur et partiellement plus critique.

Les manifestations des Congolais belges qui constituent un électorat en Belgique ont-elles pesé dans cette décision?
Je ne pense pas. Il faut évidement déplorer la violence qui s’est exprimée lors de ces manifestions des Congolais même si certains de ces Congolais sont belges. Mais ce n’est certainement pas cet élément qui a été déterminant dans le choix du ministre. Le communiqué du ministre est très clair: il approuve la légitimité et les résultats des élections en ayant fait part néanmoins de suggestions d’amélioration quant au déroulement ultérieur de ce processus.

Sur le Congo, la Belgique et la France émettent-elles sur la même longueur d’onde?
Il faut poser cette question à la France. Je constate que l’Europe garde un espoir – et un réel espoir – de voir le Congo à la veille de ce second mandat du Président évoluer d’une façon encore plus positive que lors du dernier quinquennat. Il y a eu dans les élections, dans une partie de la population, un souhait de changement. Le Congo peut faire mieux à l’avenir.

Les déclarations de M. Alain Juppé ont-elles influencé la décision belge?
Il y a concertation dans le cadre de l’Europe. Il est sûr que nous sommes à l’écoute des partenaires européens. Mais en ce qui concerne la décision belge, elle a été belge même si nous acceptons une forme de solidarité européenne.

Solidarité ou concertation?
Il y a concertation mais la concertation n’a pas été déterminante dans la décision.

Pour les Congolais, ce sont les Européens qui ont poussé les Chefs d’État africains à ne pas faire le voyage de Kinshasa!
C’est une vision totalement fausse. Je ne connais aucun Chef d’État africain qui, quand il doit prendre une décision, est à l’écoute de l’Europe ou qu’il subit une décision européenne. Nous sommes cinquante ans après les indépendances, ce n’est pas acceptable de faire croire que des Chefs d’État sont influencés par des Chefs d’État européens avant de prendre une décision en ce qui concerne une prestation de serment à Kinshasa.

La réalité est pourtant celle-là! Dans le passé, des pays d’Afrique n’ont-ils pas changé d’avis après un coup de fil d’une capitale européenne…
C’est une vision rétrograde des relations internationales. Cela ne se passe plus comme ça. L’Afrique est devenue mûre, elle est libre en ce qui concerne ses décisions politiques. Je constate un processus très intéressant de prise de conscience, l’Union africaine et les Africains assument librement leurs décisions. Je constate même que si les élections de 2006 ont été dominées par une CIAT largement occidentale et qui a contribué à organiser ces élections, cette fois, c’est l’Afrique – le Congo – qui a pleinement assumé l’organisation de ces élections.

Vous dites libre! Que dites-vous de la Libye? L’UA et la Ligue arabe étaient pour Kadhafi. Cela n’avait rien empêché!
C’est une situation que je n’ai pas suivie. Je suis accrédité au Congo. Tout en reconnaissant l’unicité de l’Afrique, je fais une différence systématique entre l’Afrique subsaharienne et l’Afrique arabe.

Et la Côte d’Ivoire?
La Côte d’Ivoire, je ne m’en suis pas non plus occupé. La Côte d’Ivoire est sortie de la crise actuellement. Nous souhaitons que ce pays se développe au bénéfice de tous les Ivoiriens dans une situation de paix et de stabilité.

Sommes-nous dans une situation semblable à celle de la Côte d’Ivoire?
Je vois une différence totale entre la situation de la Côte d’Ivoire et celle du Congo. Toutes ces comparaisons peuvent avoir un certain nombre d’éléments mais il y a lieu de voir chaque cadre dans sa spécificité. Je me refuse à faire trop facilement des ressemblances entre la Côte d’Ivoire et le Congo.

Excellence, les difficultés post-électorales au Congo ont-elles un lien avec l’abandon par la Communauté internationale?
La Communauté internationale a fait un pari de faire confiance aux Congolais qui ont globalement essayé de faire au mieux et la Communauté internationale est restée en appui. N’oubliez pas le rôle de Monusco. Il devrait être plus souligné.

On vous voit revenir avec des moyens que la CÉNI n’avait pas à ce jour!
Moi, je garde confiance dans la CÉNI pour qu’elle publie dans les jours qui viennent des résultats qui pourraient être contestés par certains candidats devant la Cour suprême mais qui soient globalement acceptables, ayant prouvé que le processus de dépouillement et de compilation a été à la hauteur des espérances des Congolais et de la Communauté internationale.

Vous avez été aux cérémonies d’investiture du Président Kabila. Vous avez même été au banquet… Vous auriez pu vous arrêter en chemin. Est-ce signe de confiance au Président au début de son second mandat!
Un ambassadeur est accrédité auprès d’un Chef d’État. Le Chef de l’Etat a prêté aujourd’hui serment, il était dès lors normal qu’un ambassadeur respectueux des institutions assiste à cette cérémonie et ayant été invité par le Chef de l’État à un repas, il était normal qu’il assiste en toute cordialité et en sympathie avec les Congolais.

Que dites-vous de cette tournée d’opposants? La Belgique a-t-elle invité des opposants?
La Belgique n’a invité aucun opposant. La Belgique estime que le combat électoral devrait avoir lieu au Congo et n’a rien fait pour intervenir dans la lutte électorale. La Belgique a soutenu le processus électoral et a gardé une stricte neutralité dans le combat électoral.

Monsieur l’Ambassadeur, comment jugez-vous les déclarations de M. Tshisekedi?
Nous souhaitons le respect de la légalité. Toute déclaration ayant des incitations à la violence – et je constate que ces derniers temps il y en a pas – doit être déplorée et nous souhaitons que, dans la mesure du possible, toute personne s’inscrive dans le jeu politique d’une démocratie avec une majorité et une opposition et il est souhaitable que l’opposition joue un rôle d’opposition constructive dans un régime démocratique.

M. Tshisekedi a déclaré vouloir procéder à l’arrestation du président Kabila?
Ce sont des déclarations qui ne correspondent pas aux règles normales d’un régime démocratique.

On n’a pas entendu les milieux diplomatiques condamner ces déclarations!
L’événement du jour était la prestation de serment du Président. La communauté internationale était là. Je crois que c’est là le fait majeur.

Peut-on s’attendre à une condamnation de ces déclarations par les milieux diplomatiques?
Je me tourne vers l’avenir. Ce à quoi nous devons attacher de l’importance c’est veiller à ce que le Président qui vient de prêter serment travaille pour le bien-être des Congolais avec un gouvernement qui verra le jour dans les jours qui viennent et la nouvelle Assemblée nationale. C’est là le défi majeur actuellement. Toute autre question nous détourne de l’objectif majeur du travail qui doit être celui de chaque Congolais à partir de demain: construire un avenir meilleur.

S’il vous arrivait de rencontrer Tshisekedi aujourd’hui, que lui diriez-vous?
Je lui dirais de devenir membre d’une opposition constructive pour le bien-être du Congo. Dans toute démocratie, l’opposition a un rôle à jouer et il est à souhaiter qu’elle soit une opposition critique veillant au bien-être de tous les Congolais.

S’il ne vous écoute pas!
Vous savez que c’est un homme libre et il n’appartient pas à un ambassadeur de Belgique de dicter à quelque Congolais que ce soit sa conduite à suivre. Mais je l’invite comme dans toute démocratie à suivre les règles démocratiques et légales du pays.

S’il vous arrivait de rencontrer le Président de la République, que lui diriez-vous?
Le Président sait parfaitement ce qu’il doit faire. On le voit déjà dans son discours. Nous voulons que le Congo soit dirigé au mieux comme les Congolais souhaitent que la Belgique soit dirigée au mieux.

Si on vous demandait de nous dire ce que vous allez dire au gouvernement belge après les cérémonies d’investiture du Président de la République…
Un ambassadeur est aux ordres de son Gouvernement. Le Gouvernement belge est nouveau. Je constate simplement que le souhait du Gouvernement belge est de poursuivre ses bonnes relations dans le secteur politique au travers d’un dialogue ouvert, franc et permanent, au travers d’une coopération au développement qui focalise sur un certain nombre de secteurs qui permettent de fructifier cette aide au bénéfice de la population, au travers d’une coopération militaire que je trouve excellente dans la mesure où la Belgique contribue à la formation de bataillons – déjà un bataillon, bientôt un deuxième et, espérons, un troisième; et, enfin, au travers d’une coopération dans le secteur financier où la Belgique essaie de contribuer à l’image de marque du Congo dans les grandes Institutions financières. Beau programme de coopération.

Excellence, comment jugez-vous le traitement de l’actualité congolaise par les médias internationaux?
Ils ont un rôle extrêmement important dans le monde moderne. Les médias doivent connaître les limites de leurs droits et devoirs et opérer en toute liberté.

T. MATOTU/Lesoft

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