Comme toujours, Bernard Kouchner clame haut et fort que la France doit s’excuser pour son rôle dans le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda tout en prenant préalablement soin de circonscrire ce rôle dans les limites de l’acceptable.

Aussi confie-t-il à Al Jazeera (diffusion de l’interview ce 14 novembre) que la France doit demander pardon pour son rôle dans le génocide, ce qu’il fait en rappelant qu’elle a formé des soldats rwandais pour certains responsables de massacre, des soldats rwandais qui formèrent les milices du génocide, mais tout en omettant de préciser que ce sont les soldats français qui supervisaient cette formation dans les années qui ont précédé ledit génocide, et ce dans le but de le commettre.

Oui, la France a directement formé les milices génocidaires en même temps qu’elle assurait la formation des soldats rwandais, et ce dans les mêmes lieux et aux mêmes moments. Les soldats français supervisaient ces entraînements et les officiers rwandais ne faisaient que venir prendre auprès d’eux leurs ordres de planning de formation. Les témoignages sont foison, qu’ils proviennent de soldats rwandais ou bien d’anciens miliciens génocidaires ainsi formés.

Kouchner, qui ne peut l’ignorer, prépare le terrain d’un éventuel pardon de la France pour non assistance de peuple en danger. Or ceci est une farce. Ce n’est pas par son inaction que la France officielle a pêché en 1994, mais bien par son action. Elle a clairement participé à ce génocide que ce soit sur le terrain du grand massacre ou en formant les milices génocidaires dans le but d’exterminer les Tutsi du Rwanda.

La stratégie de Kouchner n’a ainsi pas changé depuis 2007. Loin de dénoncer le rôle réel de la France dans ce génocide, il ne fait que se draper des atours de l’accusateur pour mieux tromper l’opinion en lui présentant une accusation dont il a pris soin de préalablement maîtriser les contours. Ce faisant, il fausse l’histoire du génocide des Tutsi du Rwanda. Et il le fait en conscience.

Serge Farnel est l’auteur de « Rwanda, 13 mai 1994. Un massacre français ? » et de « Bisesero, le ghetto de Varsovie rwandais », aux éditions Aviso.

Publié le 19-11-2014 – par Serge Farnel

Posté par rwandaises.com