Kinshasa – Le projet international pour la stabilisation de l’Est de la République démocratique du Congo, déchiré par les conflits armés depuis plus de vingt ans, est en danger, estime le cercle de réflexion International Crisis Group (ICG) dans une étude reçue jeudi à Kinshasa.

L’intégralité du programme de stabilisation des provinces de l’Est est en danger, écrit ICG, estimant que l’échec de ce projet ne ferait que prolonger le statu quo tragique d’attaques et de pillages perpétrés par des groupes armés contre une population déjà brutalisée.

La RDC, tout particulièrement sa partie orientale, a été ravagée entre 1996 et 2003 par deux guerres dans lesquelles certains pays voisins, comme l’Ouganda et le Rwanda, sont intervenus directement ou par le biais de milices qui leur étaient affidées.

L’Est du pays avait été le théâtre de massacres interethniques dans la première moitié de la décennie 1990, et en dépit de la présence de près de 20.000 casques bleus de l’ONU, une cinquantaine de groupes armés congolais et étrangers y sévissent encore, sur fond de conflits ethniques, fonciers ou liés au contrôle des ressources minières dont regorge cette région.

ICG relève que la défaite, en novembre 2013, du Mouvement du 23 Mars (M23), dernier avatar des rébellions essentiellement tutsi congolaises qui se sont succédé dans l’Est avec le soutien du Rwanda et de l’Ouganda depuis 2003, avait fait naître l’espoir qu’un changement fondamental et une stabilisation étaient possibles en RDC et dans la région.

Mais aujourd’hui, ajoute l’étude, le démantèlement des groupes armés, raison d’être de la Brigade d’intervention de l’ONU (environ 3.000 hommes intégrés à la Mission des Nations unie au Congo -Monusco- et autorisés à utiliser la force de manière offensive) et le programme de réformes nationales du gouvernement congolais sont tous deux au point mort.

Ce programme découle de l’engagement pris par la RDC en février 2013 lors de la signature d’un accord régional à Addis-Abeba destiné à mettre fin aux conflits dans la région des Grands Lacs. Aux termes de cet accord, Kinshasa doit notamment réformer ses forces de l’ordre, consolider l’autorité de l’État, et promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance et de démocratisation.

Dans son rapport, ICG s’inquiète en particulier de l’échec de la démobilisation complète du M23, dont la plupart des ex-combattants restent cantonnés en Ouganda et au Rwanda, et de l’absence d’avancées dans le processus de démobilisation des rebelles hutu rwandais présents en RDC depuis 1994 et dont un certain nombre de chefs sont accusés d’avoir participé au génocide perpétré cette année-là au Rwanda, essentiellement contre les Tutsi.

La neutralisation de ces Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) est vue comme un préalable à l’établissement d’une paix durable devant permettre le retour dans leurs pays ou zones d’origine respectifs des centaines de milliers de personnes réfugiées ou déplacées que compte la région.

Pour sortir de l’impasse, ICG demande que ne soit pas repoussée la date butoir du 2 janvier donnée aux FDLR pour rendre les armes.

Le groupe exhorte également le Conseil de sécurité de l’ONU et la Monusco à assurer sa mission de protection des civils et de neutralisation des groupes armés, et demande à Kigali et Kinshasa de favoriser le retour sur leur sol des rebelles ou ex-rebelles présents à l’étranger en vue de leur réintégration dans la vie nationale.

(©AFP / 18 décembre 2014 21h00)

Posté par rwandaises.com