En s’ingérant comme il le fait dans les débats intérieurs des pays africains, le Président François Hollande commet une double erreur dont les conséquences risquent de s’avérer dramatiques pour la France : d’une part, il montre l’extrême faiblesse, pour ne pas dire la vacuité, des informations qui remontent vers lui et sont, apparemment en tout cas, à l’origine des jugements qu’il porte sur la gouvernance des pays africains ; d’autre part, il confirme que les préjugés issus de la période coloniale sont tout aussi présents dans son raisonnement que dans celui exprimé par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, à travers le calamiteux discours de Dakar en 2007.

Visant des pays comme le nôtre, sans oser le dire ouvertement, le chef de l’État français s’est permis, samedi, devant le parterre des chefs d’État francophones réunis à Dakar, d’exprimer l’idée saugrenue selon laquelle on ne doit en aucun cas changer ou modifier la Constitution qui régit les nations africaines. Un propos qui a permis aux journalistes des médias publics français – au premier rang desquels figure bien évidemment Radio France Internationale dont on connaît l’objectivité – de discourir à perte de vue sur l’atteinte que porteraient de telles modifications à notre jeune démocratie et de condamner une nouvelle fois, sans la moindre preuve, le régime politique qui nous a permis de nous relever au lendemain des guerres civiles de 1997-1998.

Comme on pouvait s’y attendre, la double faute commise par le Président français n’a pas été relevée par ces mêmes médias. Elle est d’autant plus grave que la question en débat actuellement au Congo ne porte ni sur le nombre, ni sur la durée des mandats présidentiels, mais sur l’adaptation des institutions de la République aux réalités de ce temps. Elle prouve que l’Élysée est mal informé et, ce qui apparaît beaucoup plus grave, demeure aveugle et sourd aux réalités africaines présentes.

En ce qui concerne la délégation française à Dakar, Henri Lopes est une personne remarquable, mais après la révolution burkinabé, un homme du président Sassou ne peut pas prendre la tête de la francophonie. Ça serait un signal désastreux. Bref, la révolution burkinabé a impacté ce sommet de Dakar et Paris a, une fois de plus, imposé son choix. Ce qui risque de laisser les traces.

Paris se défend de donner des leçons aux dirigeant africains. Mais, au cours de ce sommet, il a multiplié des avertissements très clairs aux chefs d’état qui tenteraient de se maintenir au pouvoir en modifiant leurs constitutions.Ce message passe mal notamment au Rwanda où la possibilité d’un nouveau mandat pour le président Paul Kagame est évoquée.

Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des affaires étrangères : « Je trouve que ce n’est pas normal qu’un président français vienne à Dakar pour dire aux africains : attention, je vous regarde. Faites attention si vous faites ceci ou cela. Non ! Paris devrait dialoguer avec d’autres capitales pour essayer de voir ce qui convient aux citoyens. »

D’abord Monsieur Paul Kagame n’est pas dérangé par la question de mandat, renseigne-t-elle. Il s’est plusieurs fois exprimé là dessus. Si les chefs d’état abusent de leurs pouvoirs, ils sont corrompus, ne s’occupent pas de leurs jeunesses ou de leurs citoyens, est bien, il faut voir les conséquences. Celles-ci ne devraient pas être dictées d’ailleurs. Qui décident de l’avenir politique des africains ? Ce n’est pas Paris qui décide. Ce qui est évident est que c’est du ressort des citoyens africains. Pour le président de Côte d’ivoire, Alassane Watara, il appartient à nous africains de mieux saisir les aspirations de nos peuples notamment la jeunesse. Mais, nous n’accepterons pas des leçons extérieures.

http://fr.igihe.com/politique/le-rwanda-et-la-cote-d-ivoire-s-opposent-au.html

Posté par rwandaises.com