Un triste et violent fil des événements comme celui du Rwanda pre génocide de 1993-1994 se déroule au Burundi actuellement. Une tentative d’ethnisation du conflit est entrain de s’y échafauder avec des assassinats de hautes personnalités du camp gouvernemental, le Lt Gén. Adolphe Nshimirimana, de celles de l’opposition dont l’activiste des droits de l’homme Mbonimpa et l’ex-colonel Jean Bikomagu reconverti en banquier.  Rien sinon peu d’événements ne viennent donner un cours heureux à la situation qui prévaut dans ce pays. Une médiation ugandaise sans tonus, un dialogue franc improbable entre protagonistes, une parade fanfaronnante des envoyés onusiens, une souffrance indiscible et une systématique répression des citoyens barundi dans leurs quartiers urbains de Bujumbura.  La RTBF (Radio Télévision Belge Flamande) de ce 17 août 2015 interroge une personnalité de la société civile burundaise, Mme Barankitse, qui durcit le ton : « Il faut qu’il (Président Nkurunziza) dégage ». Les réfugiés burundais s’expriment en Belgique de façon souvent brutale ne laissant aucune place au compromis.  Du côté des médias du Rwanda voisin du Burundi, le calme est bien plat. L’expression de la violence au Burundi quant à elle bat son plein. On tue une personnalité éminente tutsi de l’ombre ici pris pour un bouc émissaire en ’retaliation’ d’une personnalité hutu lynchée par, suppose-t-on, une opposition faite de manifestants contre un troisième mandat de l’actuel chef de l’Etat burundais.  Cette loi du Talion Dent-Pour-Dent… aurait dû, à la limite, s’appliquer si elle était bien posée. Or au burundi actuel, les leaders de l’opposition frondeuse ne sont pas des Tutsi. Est-ce parce que ce Tutsi sont le maillon faible de la société burundaise ?  Une force d’intervention est-africaine résoudrait-elle la situation ?  Pourquoi veut-on piétiner une si jeune démocratie burundaise en jouant sur la fibre ethnique et créant ainsi une athmosphère de violence menant au génocide comme celle qui a prévalu dans la période 1993 menant à la fatidique 1994 au Rwanda ?  Le Rwanda observe l’évolution négative de son voisin du sud et se tait. Trouve-t-il que seule une initiative régionale avec la EASBF (East African StandBy Brigade Force) peut jouer et limiter les dégâts au cas où une guerre civile à caractère ethnique serait déclenchée dans ce pays ?  « Je ne peux pas retourner au Burundi, mais le Burundi est dans mon cœur. Je me suis installée à Kigali, comme des milliers de burundais, opposants politiques ou défenseurs des droits de l’homme qui ont fui le pays car je crains pour ma vie. Au début, j’avais cru qu’on exagérait sur les risques mais ensuite on a osé attenter à la vie de Pierre-Claver Mbonimpa, le défenseur des droits de l’homme. Depuis, je crains aussi pour ma vie », confie à RTBF la Mère Barankitse, célèbre pour la protection des orphelins de la guerre civile burundaise des années antérieures.  Ces jeunes ont tout perdu, y compris leur jeunesse Et pour Maggy Bankitsé, les 40 000 Burundais du plus grand camp de réfugiés du Rwanda, Mahama, fuient surtout une date, celle du 26 août, jour où Pierre Nkurunziza sera officiellement (ré-)intronisé président, dans un climat qu’il désire apaisé, à sa façon. Quitte à supprimer des opposants comme ce colonel Jean Bikomagu, ancien chef d’Etat-major pendant la guerre civile, assassiné ce 15 août à Bujumbura, à la sortie de la messe.  « Les attaques sont désormais ciblées. On s’attaque aux individus. La communauté internationale ne devrait pas croire que cela s’est calmé. On retrouve des jeunes, ligotés, assassinés dans le caniveau. Une trentaine de jeunes ont été arrêtés samedi dans le sud du pays parce qu’ils avaient été photographiés lors des manifestations. Maintenant c’est plus grave qu’avant. Avant ils se contentaient de tirer sur les manifestants. Maintenant ils vont dans les quartiers, encerclent les gens, les enlèvent et les tuent ou les torturent en cachette. On les fait asseoir dans l’acide et certains ont été complètement castrés », a-t-elle déclaré au micro de la RTBF avant de s’exprimer clairement sur la tendance du régime à vouloir ethniser le conflit :  La guerre peut nous surprendre car dans les collines les armes ont été distribuées  « Le gouvernement de Bujumbura cherche un bouc-émissaire en disant que ce sont les Tutsis qui ne veulent pas de ce troisième mandat. Mais c’est tout à fait faux, puisque parmi les frondeurs se trouvent aussi certains de ses proches, Hutus, à commencer par le directeur général des renseignements et certains de ses compagnons d’armes. La guerre peut nous surprendre car dans les collines les armes ont été distribuées. Il suffirait que les Burundais ne se lèvent pas d’une seule voix pour déclencher une guerre civile et ethnique. Mais je suis optimiste car à l’extérieur du pays, Hutus et Tutsis parlent d’une seule voix ».  Dans tous les cas, les événements violents se bousculent au Burundi et le médiateur ugandais dans le conflit semble ne pas se presser à reprendre sa mission. L’Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies ne sait pas prendre le taureau par les cornes. La société civile burundaise quant à elle, ne veut pas lâcher.  Les infrastructures médiatiques étant détruites, la Communauté internationale ne peut que les réparer. Mais réparera-t-elle également la libre expression démocratique qui commençait à caractériser les Barundi ? Si même elle existe actuellement, elle est envenimée par les gros et violents dérapages commis par les forces de répression du régime.  Barankitse parle du nouveau séjour à la présidence burundaise de Pierre Nkurunziza comme une humiliation de la société burundaise ? D’autres observateurs y voient plutôt une carte jouée par une certaine Communauté internationale qui, en semant la zizanie, en appuyant les despotes, veut casser le mouvement de développement économique dans la région des Grands Lacs où les investisseurs locaux peuvent se réapproprier de fait les différentes potentialités et richesses naturelles connues et d’autres non encore découvertes. Et pour ne pas y arriver, cette certaine Communauté internationale qui tire sur les ficelles dans l’ombre, sait que quelque part dans les coeurs des hommes la cupidité n’a pas de bornes, surtout pour la plupart des hommes politiques de la région.

Source: IGIHE.com

Posté le 19/08/2015 par rwandaises.com