Paru ce 24 août, le roman de Gaël Faye, Petit pays, suscite un enthousiasme impressionnant. Son premier roman figure sur différentes listes de prix littéraires de la rentrée – dont celui de la Fnac – et jouit d’un accueil en librairie des plus prometteurs. Malgré la noirceur, l’évocation du génocide rwandais, un livre d’espoir, dans une époque qui en a particulièrement besoin ?

Gaël Faye

Aux éditions Grasset, on croit tout particulièrement à la réussite du livre. « Gaël Faye a une histoire personnelle riche, et que l’on retrouve, un peu, dans l’ouvrage. Ce n’est pas un roman autobiographique, mais il y a des éléments personnels bien sûr. »

L’Histoire, justement, est corrélée à la vie de ce trentenaire, au parcours passionnant. Né au Burundi en 1982, sa mère est rwandaise et son père français ; il arrive en France en 1995, après le génocide rwandais, en 1994. La guerre civile sert de toile de fond à son livre, alors même le Burundi, pays voisin du Rwanda, avait accueilli de nombreuses vagues de migrations de Tutsis.

Gaël Faye, lui, s’installe à dans les Yvelines en 95, à Saint-Quentin-en-Yvelines – à mi-chemin de Trappes et de Versailles. Il devient trader à Londres, après l’obtention d’un master de finance, et travaille pour un hedge funds, avant de tout quitter. C’est le rap qui l’attire, et l’écriture. Un premier album en duo avec Edgar Sekloka sort en 2009, et son premier album solo suivra, en 2013.

Petit pays est son premier roman, mais entre temps, il a multiplié les collaborations musicales, gagné les cœurs. « Depuis des mois, l’attente est forte : les libraires sont dithyrambiques, la presse s’en est emparé : avant l’été, il était déjà très attendu », souligne Juliette Joste, son éditrice.

Un enthousiasme qui va au-delà des frontières

D’ailleurs, le roman a fait un tabac auprès des scouts : depuis juin, 16 cessions de droits pour des traductions ont été réalisées par la maison Grasset. « À la lecture, quelque chose d’universel semble avoir fait l’unanimité : le roman évoque l’âpreté de l’existence, à travers la voix d’un enfant… L’histoire parle à chacun, jeunes et moins jeunes, ici et ailleurs. » Et ce retentissement à l’étranger est d’autant plus significatif que sa carrière de rappeur n’a pas tant traversé les frontières.

Aujourd’hui, Gaël Faye s’est installé avec son épouse au Rwanda. « C’est une personnalité forte, qui porte un texte aussi beau que puissant. » Et dans les couloirs de la maison, on murmure que l’auteur, lui-même, a un charme ravageur…

Petit pays raconte le parcours initiatique d’un enfant, qui voit s’abattre autour de lui tous les drames possibles : sa famille se disloque, la guerre civile frappe son pays. « Il a dix ans, des rêves et des jeux d’enfants, mais, rapidement, les tensions politiques et les problématiques d’identité prennent le dessus », explique l’éditrice.

Cet enfant, Tutsi d’origine franco-rwandaise, va découvrir et surtout survivre à l’horreur. « La peur de la guerre, de voir des conflits se déclencher, c’est une angoisse très contemporaine. Nos sociétés sont en proie à ces questionnements, et le livre apporte malgré tout de la tendresse, de l’humour et de l’espoir. On peut s’échapper et parvenir à surmonter l’horreur. »

Une voix d’enfant qui parle juste, et qui parle à tous.

Retrouver un extrait de Petit pays de Gaël Faye

Les droits ont été cédés pour Pays-Bas, Allemagne, Italie, Espagne, Norvège, Turquie, Grèce, Catalan, Chine, Suède, Japon, Danemark, Finlande, Israël et anglais (monde entier, chez Penguin Random House).

https://www.actualitte.com/article/monde-edition/le-roman-de-gael-faye-petit-pays-sollicite-par-les-editeurs-du-monde-entier/66663

Posté le 30/08/2016