• Un casque bleu de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali), à Tombouctou, le 19 septembre 2016. L’ONU déploie aujourd’hui plus de 100 000 casques bleus dans le monde.

    La nouvelle est tombée mardi 14 février au soir : Jean-Pierre Lacroix prendra la tête du département des opérations de maintien de la paix de l’Organisation des Nations unies. Pour la cinquième fois de suite, c’est un Français qui est chargé de diriger le bras armé de l’ONU et ses casques bleus. Si, depuis 20 ans, ce poste prestigieux revient à la France, c’est avant tout une histoire de petits arrangements diplomatiques.

    On l’a appris mardi par la voix d’Antonio Guterres, le nouveau patron de l’Organisation des Nations unies depuis le 1er janvier : Jean-Pierre Lacroix, haut fonctionnaire français rompu à l’exercice diplomatique, deviendra en avril le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.

    Il succède à son compatriote Hervé Ladsous, qui n’avait pas souhaité poursuivre sa mission. Arrivé à ce poste en 2011, Hervé Ladsous avait remplacé le Français Alain Le Roy, lui-même successeur d’un autre Français, Jean-Marie Guéhenno, qui avait pris la suite d’un… Bref, à la tête des opérations de maintien de la paix de l’ONU, depuis 1997, les personnes changent, mais pas leur pays d’origine.

    « Un des postes les plus prestigieux de l’organisation »

    Le Conseil de gestion du secrétaire général de l’ONU compte une quarantaine de membres, parmi lesquels une douzaine de secrétaires généraux adjoints. Mais tous ne se valent pas. Ainsi, Jean-Pierre Lacroix, obtient « l’un des postes les plus prestigieux de l’organisation », affirme Delphine Placidi-Frot, professeure de sciences politiques à l’université de Poitiers et auteure de plusieurs livres sur les relations internationales.

    Le prestige du poste vient des responsabilités qui lui incombent : Jean-Pierre Lacroix devra gérer les 100 000 militaires, policiers et observateurs militaires déployées par le département des Opérations de maintien de la paix (DOMP) sur 16 opérations, dans une petite vingtaine de pays. A ces soldats, mis à disposition par des pays membres, s’ajoutent un peu moins de 20 000 civils, qui permettent le fonctionnement du DOMP. Cumulés, les budgets propres de chacune de ces 16 opérations s’élevaient à près de 8 milliards de dollars en 2016.

    Le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix est loin d’être seul aux commandes quand il s’agit d’envoyer des casques bleus : ces troupes n’interviennent que sur décision du Conseil de sécurité. Mais une fois que la décision est prise d’intervenir, ce haut fonctionnaire participe à la définition du mandat du bras armée de l’ONU (quelles missions ? pour combien de temps ?). « Le Conseil de sécurité est en charge des contours politiques et juridiques de l’intervention quand elle est décidée. Mais après, c’est le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix qui gère sa mise en œuvre et son déroulement, ou encore qui contacte les pays fournisseurs de troupes. », explique Thierry Tardy.

    Analyste sénior à l’Institut européen des études de sécurité (EUISS), il rappelle cependant que « dans toutes les organisations internationales, ce sont les Etats qui décident. Dans le cas des opérations de maintien de la paix, l’Etat qui mettra le plus de troupes donnera une partie des orientations de la mission ». Aujourd’hui, la France fournit moins de 1 % des casques bleus et arrive 32ème dans le classement des pays pourvoyeurs de troupes auprès de l’ONU.

     

    Publié le 17-02-2017 – par Igihe.com
    Posté le 17/02/2017 par rwandaises.com