Il n’y a rien de plus révoltant que l’indignation facile de certains «amis» bien-pensants notamment d’une certaine gauche droits-de-l’hommiste! André TWAHIRWA, africaniste, élu local en Île-de-France

Celle qui prétend refuser l’idéologie raciste tout en continuant à mener des relations paternalistes qui ne cherchent qu’à (se) dissimuler la volonté de domination et la réalité du pillage de masse de l’Afrique par l’Occident. Consciemment ou inconsciemment. Aujourd’hui comme hier. Mutatis mutandis. Ce besoin de l’Occident de se donner bonne conscience date de l’époque de la première vague des colonisations et de l’esclavage. Rappelons-nous ce que disait le Nègre de Surinam (Voltaire, Candide, chap.19) au tout jeune Candide : «C’est à ce prix-là que vous mangez du sucre en Europe». Son maître, Monsieur Vanderdendur, l’avait amputé de la jambe gauche (pour avoir tenté de s’enfuir) et de la main droite (parce qu’une meule, dans les sucreries, lui avait attrapé un doigt).
Et à propos de la «gauche» et de la «droite», on peut penser aux «deux figures du colonisateur». Dans le portrait qu’en fait Albert Memmi, le portrait de nos faux amis ressemble à celui du «colonisateur qui se refuse»:
«Le “colonisateur qui se refuse”, qui refuse l’idéologie coloniale tout en continuant à en vivre les “relations objectives” de privilège et de profit: en réalité, il ne parvient pas à “s’évader” de la situation coloniale, car celle-ci est “relation de peuple à peuple”. Les relations coloniales ne relèvent pas de la bonne volonté ou du geste individuel […] ce sont elles qui […] déterminent a priori [la place du colonisateur] et celle du colonisé et, en définitive, leurs véritables rapports » (A contresens, Albert Memmi, Portrait du colonisé-Portrait du colonisateur, 14 avril 2006)
On peut bien sûr, comme sans doute Albert Memmi il y a plus d’un demi-siècle, espérer que tout le monde finisse par comprendre que les rapports dominant/dominé puissent enfin s’équilibrer: ils « détruisent » le dominé mais «pourrissent» aussi le dominant. Mais le rêve du « Grand soir» (à chacun selon ses besoins et dans la Justice) semble être mort avec la fin de la Guerre froide et le triomphe de la mondialisation « libérale », de la loi d’airain du marché, la loi du plus riche. Et, du même coup, avec le triomphe du modèle démocratique occidental: celui de la démocratie représentative et donc de l’antagonisme «gauche» / «droite», toujours triomphaliste même aujourd’hui qu’elle est minée par les populismes de tous bords.
Bien sûr que l’Afrique compte de vrais amis en Terre occidentale: ceux qui ont le courage de s’engager aux côtés des Africains qui se battent pour libérer leurs pays des appétits gloutons et de l’emprise néfaste, toujours en cours, de l’Occident. Mais seulement au nom des intérêts justes et bien compris de leur propre pays ou de son honneur. Sauf que ces amis-là, s’ils existent, sont (très) rares. Et donc (très) précieux.

http://www.rwanda-podium.org/index.php/analyses-critiques/1254-panafricanisme-de-l-afrique-et-de-ses-amis-en-terre-occidentale

Posté le 26/06/2017 par rwandaises.com