La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a déclaré que la bataille menée par la France pour protéger ses fonctionnaires qui ont joué un rôle dans le génocide contre les Tutsis est une bataille qu’ils vont perdre.

La ministre a dit cela lors d’une interview accordée à l’émission internationale de TV5 Monde dimanche, une interview qui a abordé un certain nombre de questions en matière de diplomatie, de démocratie et d’économie. L’interview a été enregistrée au Kigali Convention Center et à Radisson Blu.

Une bonne partie de l’interview a été consacrée aux relations entre le Rwanda et la France. Ami du Rwanda sous le régime du président Juvénal Habyarimana, la France a joué un grand rôle lors du génocide de 1994 contre les Tutsis. Actuellement, de nombreux suspects de génocide jouissent d’un refuge sûr en France et le pays n’est pas disposé à les juger ou à les extrader vers le Rwanda.

En attendant, le Rwanda a énuméré des fonctionnaires qui ont joué des rôles différents pendant le génocide, y compris 22 officiers supérieurs militaires, l’ancien président François Mitterrand et d’autres diplomates. La France ne veut pas que les personnes impliquées dans le génocide soient poursuivies.

Par exemple, en Septembre de cette année, François Graner – un chercheur français a demandé la permission d’accéder aux archives sur le rôle du pays dans le génocide, mais il a été dit que certains fonctionnaires ont l’immunité.

Au cours de l’entretien, Louise Mushikiwabo a souligné que les efforts de la France pour protéger son peuple, en cachant son rôle dans le génocide est une bataille qu’ils risquent de perdre. « Pour nous, nous pensons que la bataille que la France se bat pour certains de ses politiciens est une bataille qu’ils ne vont pas gagner, parce que c’est une bataille injuste ».

Les responsables français ont joué un rôle dans la préparation et l’exécution du génocide et protègent désormais les auteurs. Louise Mushikiwabo a également dit que le Rwanda avait été assez indulgent, mais « maintenant nous croyons que la France devra bientôt accepter qu’elle a joué un rôle terrible dans le génocide ». Selon la ministre, en France, il y a une certaine arrogance envers le Rwanda, « mais pour nous, tout ce que nous voulons, c’est la justice et l’équité ».

Cette semaine, le Rwanda a rappelé que son ambassadeur en France, Jacques Kabale, et la ministre a déclaré à TV5 que le Rwanda en avait marre des procès inéquitables dans lesquels la France veut impliquer des responsables rwandais.

« Nous avons rappelé notre ambassadeur Jacques Kabare… vous connaissez ces instructions incessantes, les juges… le soi-disant Jean Louis, Jean Marc… Ce soi-disant procès devrait être conclu et si la France ne le conclut pas, nous le ferons ».

TV5 est d’avis que la France ayant un jeune président est un avantage pour le Rwanda pour commencer un nouveau chapitre prometteur avec le pays, mais Louise Mushikiwabo croit qu’un président pourrait être disposé à faire un pas de plus dans ce domaine, mais être confronté à la longue histoire de son pays.

Elle a cependant déclaré qu’il appartient à la France de décider de changer d’attitude à l’égard du Rwanda. Sur la démocratie, elle a répondu à une question sur les allégations selon lesquelles le Rwanda «étouffe l’opposition». La question faisait référence à une affaire devant un tribunal impliquant Diane Rwigara qui était aspirante lors des dernières élections présidentielles.

Le journaliste a insisté sur le fait que quiconque qui tente de se lever dans l’opposition finit en prison. Apparemment, il était «compatissant» parce que l’affaire implique une femme.

« Au Rwanda, en effet, une femme est une reine, mais les femmes peuvent aussi divaguer. Vous savez que les femmes ont commis le génocide ici », a déclaré Louise Mushikiwabo.

Elle a toutefois déclaré qu’elle ne pouvait pas faire grand chose sur une affaire devant les tribunaux.

«Les efforts de la France de nier le rôle de ses fonctionnaires dans le génocide sont futiles» – L. Mushikiwabo

Posté le 30/10/2017 par rwandaises.com