Gaël Faye vient de recevoir le 27ème prix Palissy, décerné par les élèves du lycée du même nom, mais également ceux de De Baudre, Lomet et de Val de Garonne à Marmande. Par Sébastien Bouchereau

Tantôt drôle, tantôt grave, Gaël Faye a fait hier forte impression sur son auditoire. / Photo Morad Cherchari

Le romancier Gaël Faye était hier l’invité du lycée Bernard-Palissy. Lauréat du Prix Goncourt des lycéens pour son premier roman «Petit pays», il s’est rendu hier à Agen pour recevoir une nouvelle distinction, le 27e Prix Palissy, décerné par les élèves du lycée du même nom, mais également ceux de De Baudre, Lomet et de Val de Garonne à Marmande.
Cette remise était plus tardive que les années précédentes (toujours avant les vacances d’été), eu égard à l’agenda très tendu de Gaël Faye. Le jeune auteur (presque un grand-frère pour les lycéens) a échangé avec les élèves, durant deux heures très riches, lors desquelles il a donné toute l’étendue de son talent, récitant des poèmes, évoquant la littérature, la France, le Rwanda, le Burundi (ses trois patries de cœur) et la musique, le rap, le jazz. Gaël Faye a exprimé des sentiments qui auront touché les jeunes, et il devait par la suite se rendre à la librairie Martin-Delbert, pour échanger avec d’autres lecteurs. Mais la singularité de son intervention à Palissy réside dans l’exclusivité qui a été réservée aux lycéens. Il était là pour eux, et a répondu directement à leurs questions, sans barrières ni artifices.
L’auteur de «Petit pays», une évocation du Burundi et du Rwanda, de la nostalgie de ses instants de jeunesse, a expliqué comment il était venu à la littéraire, par de premiers poèmes écrits à l’âge de 13 ans, puis la rédaction de chansons, le rap, la musique ayant ouvert de nouveaux champs.
Extension d’une chanson
«Le livre est aussi une extension d’une chanson, a-t-il expliqué. Elle se nomme «L’ennui d’une après-midi sans fin». L’écriture est aussi née dans les guerres du Rwanda et du Burundi, quand la tension était à son comble. Alors qu’il fallait s’exiler, l’écriture est devenue comme un soulagement. Cette écriture qui «fait du bien», qui brise la solitude, qui permet aussi de poser un regard poétique sur la vie, elle s’est mise au service de la musique (il avait d’ailleurs jadis donné un concert au Florida) avant d’aboutir à ce premier roman étonnant de maturité.
«Petit pays», grand talent, mais pas la grosse tête. «La littérature, le roman, c’est très sérieux, c’est un carcan. Je pense que la musique est davantage reliée à la vie.» Après ce premier jet sur son paradis perdu, il compte se consacrer à la chanson, et évoque du bout de lèvres qu’il prépare un nouveau livre, sans doute sur la musique. Sans trop savoir où le stylo le mènera, puisqu’il a expliqué hier aux jeunes que l’histoire prenait parfois le contrôle, et construisait l’ouvrage d’elle-même… Tantôt drôle, tantôt grave, Gaël Faye a fait hier forte impression et quelques-unes de ses affirmations ont fait mouche : «La poésie est une hygiène de l’écriture» a-t-il déclaré, avant de déclamer des vers du poète haïtien René Depestre ; «On peut pardonner l’ignorance, on ne sait jamais tout, en revanche l’indifférence c’est très violent.» «L’art, c’est briser la solitude ; la naïveté, c’est porter un regard poétique sur la vie.»
Un moment d’échange vraiment magique, où chaque parole de l’invité tombe juste, où sa sincérité n’est pas feinte. Un grand merci aux organisateurs (les lycées, la librairie Martin-Delbert et la fondation du Crédit Agricole) pour ce moment unique.

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Posté le 07/10/2017 par rwandaises.com