Israël, pays qui a vu plus de six millions de personnes périr dans l’Holocauste, a recommandé à la France de faire plus d’efforts pour traquer et traduire en justice les suspects du Génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994.
La France a offert un refuge à plusieurs individus qui auraient perpétré le Génocide durant lequel plus d’un million de Tutsis ont été massacrés.
Parmi ces suspects génocidaires figurent Laurent Bukibaruta, l’ancien Préfet de Gikongoro et le père Wenceslas Munyeshyaka qui était responsable de l’église Sainte-Famille de Kigali avant et pendant le génocide contre les Tutsis. Ce dernier officie d’ailleurs toujours comme prêtre dans une petite commune de Normandie (Gisors).
L’ancienne Première Dame du Rwanda, Agathe Kanziga qui, selon les archives rwandaises, n’a pas de dossier propre, est également en France, avec d’autres hauts fonctionnaires de son entourage proche « akazu » (cercle présidentiel), qui a organisé et exécuté le Génocide.
Au cours des 23 dernières années, le Rwanda a continué à pousser la France à arrêter les suspects et à les juger ou à les extrader au Rwanda, la Société Civile en France a également fait de même, mais la France ne fait pas grand-chose.
Israël trouve qu’il est grand temps que la France arrête une telle indifférence.
« Des rapports récents ont affirmé que l’on pouvait faire davantage pour traduire en justice les personnes qui auraient été impliquées dans le Génocide, dont certaines résident actuellement en France. Sans préjuger de la véracité de ces affirmations ni des circonstances de chaque cas, Israël peut certainement s’identifier à la nécessité de s’assurer que les responsables du Génocide n’échappent pas à la Justice », note Monsieur Brian E. Frenkel, Human Rights, conseiller aux affaires humanitaires.
« Nous recommandons par conséquent à la France de redoubler d’efforts pour assurer la responsabilité des auteurs présumés du Génocide au Rwanda ».
Monsieur Frenkel et la délégation israélienne tiennent actuellement la 29e session de l’Examen Périodique Universel (EPU) à Genève, à laquelle ont également assisté les délégués de la France.
Les autres pays qui ont ajouté leur voix à la recommandation israélienne sont la Guyane, le Kenya, l’Iran, le Mozambique, la Namibie et bien sûr le Rwanda.
L’EPU est un processus unique qui implique un examen des dossiers des Droits de l’Homme de tous les États membres des Nations Unies.
L’EPU est un processus piloté par l’État, sous les auspices du Conseil des Droits de l’Homme, qui permet à chaque État de déclarer les mesures qu’il a prises pour améliorer la situation des Droits de l’Homme dans son pays et pour s’acquitter de ses obligations.
Pendant ce temps, Ibuka, l’association faîtière de l’Association des Rescapés du Génocide, section France, a apprécié les commentaires de l’EPU qui demandent à la France d’arrêter de nier la justice aux rescapés du Génocide en refusant d’arrêter et de juger les auteurs.
Le rapport a été soumis à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies par le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda (CPCR), un puissant groupe de plaidoyer opérant depuis la France.
« La France n’a pas respecté ses obligations juridiques internationales en ce qui concerne le Génocide contre les Tutsis », peut-on lire dans le communiqué d’Ibuka.
«Tous les États membres de l’ONU sont tenus d’assurer le plein respect de leurs obligations internationales de punir les auteurs du Génocide et de veiller à ce que les droits des victimes à la vérité soient dûment appliqués. Les mots de condamnation par les États sont importants, mais ils sont creux et illusoires s’ils n’ont pas d’effet pratique. »
La France est restée catégorique sur l’affaire des suspects de Génocide sur ses terres. Un certain nombre de responsables français sont eux-mêmes soupçonnés d’avoir soutenu le Génocide en offrant une formation militaire à la milice Interahamwe, une branche armée du parti au pouvoir – le MRND qui a préparé le Génocide au Rwanda.
« Le résultat est que le rôle de la France n’a jamais été pleinement mis en lumière, laissant les victimes toujours aspirer à la vérité à laquelle ils ont droit. Établir la vérité contribuerait sans aucun doute à la réconciliation et aux bonnes relations entre les peuples de la France et du Rwanda et d’autres », a déclaré Ibuka.
Selon Monsieur Laurent Nkongoli, avocat à Kigali, tous les pays ont le droit de faire des commentaires sur les Droits de l’Homme dans les pays membres.
Il a dit: « Si Israël a, par exemple, fait suffisamment de lobbying pour avoir suffisamment de membres qui soutiennent cette proposition, une résolution pourrait être prise indiquant que la France fait peu de choses pour juger les suspects de Génocide, et cela pourrait aboutir à une recommandation qui mettrait plus de pression sur la France. »
Pour Monsieur Nkongoli, il revient aux délégués rwandais de se joindre aux Israéliens pour convaincre les autres membres de voter pour une forte recommandation qui exigerait que la France sorte de son indifférence à propos de l’affaire rwandaise.
La Société Civile, la Commission des Droits de l’Homme de chaque pays et les représentants du Gouvernement assistent à l’EPU.
L’EPU actuel se déroulera du 15 janvier au 26 janvier.
Posté le 16/01/18 par rwandaises.com