Les stratégies du jeu politique rwandais se construisent depuis 1959 autour de l’idéologie de l’ethnocentrisme hutu-tutsi. C’est du moins la lecture que font la plupart des métropoles occidentales qui hier, de 1959 à 1994 hébergeaient une diaspora rwandaise tutsie chassée par le régime hutisant de Grégoire Kayibanda (1962-1973). Cette diaspora n’a pas eu droit au retour chez elle avec le successeur de Grégoire, le Gén. Juvénal Habyarimana qui a toujours clamé au cours de son exercice prolongé au pouvoir que le Rwanda était plein à craquer.

Au sortir de la guerre de libération de 1994, l’ethnocentrisme a été sérieusement renforcé pour mener au génocide de ces Tutsi qui, au cours de ces décennies 60, 70, 80 et 90 ont toujours subi des pogroms. La suite ? Les génocidaires, planificateurs, organisateurs et autres idéologues de ce génocide ont pris les routes de l’exil avec un appui et une exfiltration non voilés de la France et autres lobbies intéressés par la géostratégie rwandaise en Afrique centrale et de l’est.

 

Abbé Thomas Nahimana fonde un parti Ishema qu’il dote d’une stratégie politique dure à toute épreuve : une sorte de guérilla politique. Il crée des cellules de six personnes qui se réunissent en cachette et un seul, le chef est connu par d’autres chefs de cellules. Il se targue d’avoir beaucoup de cellules partout où il y a une forte communauté rwandaise et au Rwanda sans contredit. Il rage ! Son ethnocentrisme hutu n’a pas de borne.

Depuis lors, la politique rwandaise se polarise autour de cette charpente. Les tenants du régime actuels veulent-ils éradiquer à jamais cette idéologie mortifère que chérit et brandit une opposition de la diaspora appuyée par de puissants lobbies occidentaux. Cela fait non seulement la faiblesse de cette opposition mais aussi le régime rwandais perd-il beaucoup de forces vives qui sont leurrées et embarquées dans cette idéologie. Cela ralentit-il sa lancée vers la transformation du pays tout autant qu’il est obligé de passer un temps fou à devoir extirper les pièges médiatiques et politiciennes que cette opposition tend à l’actuel régime.

La large majorité de cette opposition étant dans la diaspora, joue sur la fibre ethnocentriste de crainte que la machine juridictionnelle du régime ne la broie. Le syndrome de ce génocide est toujours vivace dans le quotidien des deux camps des politiciens rwandais.

En effet, du côté de la coalition gouvernementale, ce génocide est brandi comme l’innommable commis par le régime du Président Juvénal Habyarimana (1973-1994) impliquant , au niveau de sa conception, l’élite intellectuelle qui, en tant que leader d’opinion et modèle de probité aura participé de près ou de loin, publiquement ou officieusement, dans le débat et dans le conditionnement qui ont précédé sa consommation en 1994.

A-t-elle, cette élite rwandaise de la diaspora de Belgique, de France, du Canada, beaucoup de chose à se reprocher en rapport avec la participation au génocide des Tutsi d’il y a 20 ans ?
Pourquoi tous ses projets de création de formations politiques ont pour charpente le double génocide ? Est-ce une façon de se dédouaner de ce lourd passé qui la hante surtout que la plupart de ces intellectuels qui sont actifs dans l’opposition étaient des leaders d’opinion qui régnaient en maîtres incontestés sur les pauvres consciences d’incultes citoyens rwandais.

La Gauche, la Droite, l’extrême… : Pourquoi l’absence d’idéologies rationnelles ?
Loin s’en faut, il ne sera pas question de promouvoir des idéologies rationnelles alternatives qui viendraient diminuer les dures réalités du capitalisme rwandais en jouant sur les lourds impôts et taxes, les rares investissements dans nos faibles industries face aux gros flux de capitaux sursaturant le secteur des services.

 

{{ Les grands ténors du négationnisme-révisionnisme du génocide : Me Bernard Ntaganda (à gauche), sort de prison pour des propos ethnocentristes hutus voilés. Mme Victoire Ingabire (A droite) des FDU-INKINGI (Forces Démocratiques Unifiées) est le chantre de la théorie du double génocide au Rwanda. Elle écope 25 ans de priso}}n.

Cette opposition ne brandira pas non plus la carte du secteur rural agricole rwandais qui est perfusionné en rares flux monétaires. Elle ne sondera pas une éducation de masse ayant remplacé l’éducation élitiste contre un large chômage non documenté pour proposer de claires stratégies d’éradication. Elle peut tout autant baser son action politique sur des regroupements villageois non suffisamment actifs, sur un piètre encadrement paysan entraînant une faible contribution à la productivité nationale…

Beaucoup de couloirs idéologiques vacants !

Les observateurs de la scène politique rwandaise ne comprennent pas pourquoi cette élite se garde d’embrasser ces couloirs idéologiques vacants dans l’arène politique rwandaise pour se retremper éternellement dans les rétrogrades traditions ethnocentristes au moment où les modèles de vraie démocratie leur offerts dans leurs pays d’accueil sont autres et parfaitement motivés de par les classes sociales existantes.

L’opposition politique de la diaspora rwandaise tombe dans l’erreur de penser construire sa lutte sur la réplique du modus opérandi du gouvernement rwandais actuel qui semble justifier son existence par la carte politique de l’arrêt du génocide. Le gouvernement actuel part d’un fait certain : la faillite de l’Etat rwandais en 1994 pour le reconstruire sérieusement et autrement.

Il est logique qu’il poursuive les auteurs de cette faillite. La seule stratégie qui s’offre à lui pour apporter une mort politique à ceux-là revient à les poursuivre judiciairement pour des crimes contre l’Humanité qu’ils ont commis.

« Nous avons 1000 dossiers en cours d’instruction, confiait en 2015 à ce journaliste Jean Bosco Ngaboyisonga, procureur près le Parquet Général de la République en charge de la Cellule de traque des Présumés criminels de génocide qui cavalent dans les grandes métropoles occidentales montrant qu’actuellement la diplomatie judiciaire avec l’Occident en cette matière est excellente.

Une opposition politique de la diaspora rwandaise, la peur dans l’âme

L’opposition rwandaise de la diaspora joue principalement un jeu de survie politique. Cette survie passe par des stratégies visant à salir le régime FPR actuel qui les poursuit judiciairement. Pour les membres de cette opposition, il ne s’agit pas d’une poursuite judiciaire simple. Il s’agit d’un acharnement politique. Cette opposition ne veut pas comprendre comment les régimes occidentaux peuvent judiciairement collaborer avec Kigali pour ce qui est des extraditions ou des échanges de dossiers judiciaires.

« Là où fait faux bond l’opposition, c’est qu’elle montre qu’elle est toujours pilotée par ceux-là même qui n’ont pas, alors qu’ils en avaient le pouvoir, stoppé ce mouvement criminel de génocide des Tutsi qui a culminé à la faillite qui s’observait dangereusement avec les années 1992, 1993. Pire encore, ces instruits rwandais qui se comptaient sur le bout de doigts avaient peu de chance d’échapper à son organisation et exécution de par leur stature sociale mais aussi du fait que la plupart d’entre eux s’identifiaient généreusement au régime criminel décadent », confie un observateur averti de la scène politique rwandaise conseillant cette opposition de changer de tactique de lutte pour le pouvoir en brandissant des cartes politiquement jouables de reconstruction du Rwanda autrement qu’avec le capitalisme de monopole de fait au Rwanda.

 

L’ancien Premier Ministre et candidat à la présidentielle de 2003, lui même rescapé du génocide et sa famille décimée, tient mordicus à l’équation majorité ethnique=majorité démocratique. C’est du moins l’idéologie portée par le parti qu’il a créé Rwanda Dream Initiative

Pour affermir une démocratie capitaliste rwandaise chère à un certain Occident anglo saxon soucieux de faire des affaires lucratives en toute liberté, les métropoles occidentales ont leur façon de procéder. Pour eux, le régime rwandais qui tient réellement à rentrer dans un processus démocratique parfait promouvant un capitalisme modèle dans la région des Grands Lacs et de l’Afrique de l’Est, ne peut que s’épanouir dans un environnement exempt de bruit d’armes ou de promesses de retour à l’instabilité politique de la part de mouvements politico militaires dont les Fdlr et autres qui menacent de naître.

Pour ce faire, il faut que les pays du monde entier coopèrent judiciairement avec le Rwanda pour qu’on ne parle plus de forces génocidaires qui lancent des grenades explosives dans les villes et campagnes. Cet argument du reste réel est brandi par Kigali qui trouve qu’il doit renforcer les mesures et stratégies sécuritaires. Or ces dernières ne participent pas à une véritable démocratie et une liberté de mouvement d’aller et venir, de s’organiser en libres associations politiques.

http://fr.igihe.com/politique/opposition-rwandaise-negationnisme-du-genocide-et.html

Posté le 17/02/8 par rwandaises.com