Avec le titre du livre « Un si beau diplôme » publié chez Gallimard, on ne doute pas de son art. C’est surtout un témoin essentiel de l’histoire du Rwanda.

Chassée du Rwanda avant le drame fratricide qui a décimé la population, Scholastique Mukasonga a perdu 37 membres de sa famille, dont sa mère, dans le génocide des Tutsis de 1994. Mais ce n’est pas cela directement l’objet de ce livre, qui est un peu la suite de Notre-Dame du Nil , paru en 2012 et qui a valu à l’écrivain le prix Renaudot.

Dans ce récit qui l’avait fait connaître, Scholastique Mukasonga racontait la vie d’un pensionnat de jeunes filles. Il faut bien dire que, dans cet intermède d’avant le génocide, la tension était déjà perceptible. Après le lycée, on retrouve dans Un si beau diplôme la jeune pensionnaire qui commence ses études d’assistante sociale au Rwanda, et s’en trouve chassée et exilée au Burundi…

Rien n’est facile pour la jeune étudiante éloignée de sa famille…

Malgré tout, Scholastique Mukasonga ne dramatise pas, ne force pas le trait. Son récit est sobre, précis, descriptif, aussi bien pour raconter les belles rencontres que pour partager les humiliations que l’étudiante a subi.

Une jeune fille, on l’a compris, hors du commun : « Je le voulais de toutes mes forces, ce papier magique qui, même dans l’éloignement forcé de mon pays, dans l’exil, me permettrait d’être présente au près des miens, d’être garante de leur survie ».

Il faut imaginer l’espérance folle qu’un diplôme peut constituer… Mais pour décrocher le fameux sésame, il faut traverser des difficultés. Heureusement, écrit Mukasonga, il y a la solidarité des exilés : « dans le partage du malheur, chacun se sentait fier des quelques biens que l’autre avait pu se procurer ».

La jeune fille sera diplômée.

Est-ce que ce bout de papier lui ouvre toutes les portes ? Malheureusement les tensions interethniques gagnent le Burundi. Il faut encore une fois fuir la violence même quand on est dans son bon droit.

Encore une fois, rien de démonstratif ni revanchard dans ce récit, mais l’histoire simple d’une femme qui traverse un demi-siècle dramatique encore trop méconnue. Scholastique Mukasonga n’est pas restée assistante sociale mais est devenue écrivaine. Et c’est tant mieux : par sa plume, la force de son récit, elle est à la fois la mémoire et l’avenir de tout un peuple et parle une langue universelle.

En septembre 2017, dans le cadre de la 20ème édition du festival du cinéma africain de Khouribga, cette romancière rwandaise de renom a déclaré que ses écrits étaient inspirés par l’histoire de sa nation.

“La plupart de mes ouvrages sont dédiés à la mémoire du génocide des Tutsi de 1994. C’est un devoir de mémoire pour que les victimes ne tombent pas dans l’oubli”, a souligné la romancière, notant qu’”à travers l’écriture qu’on lutte contre l’oubli”.

“Mes écrits nous offrent une vision et une image du Rwanda, son histoire, son patrimoine et son héritage, en mettant en relief non seulement sa richesse culturelle, toute sa beauté mais aussi la volonté de paix et d’unité qui peuplent ses habitants”, a-t-elle indiqué.

Lire encore : Rencontre littéraire avec la romancière Mukasonga à Khouribga

arhttp://fr.igihe.com/actualite/revue-du-livre-sensationnel-un-si-beau-diplome-de.html

Posté le 23/03/2018 par rwandaises.com