Le Lieutenant Colonel à la retraite Guillaume Ancel arbore un franc parler dans son livre Rwanda : La fin du Silence . Son témoignage accablant montre comment l’Elysée a proposé une opération humanitaire dans un Rwanda en plein génocide avec des intentions claires sur le terrain d’aider le gouvernement génocidaire des ABATABAZI de Théodore Sindikubwabo et Jean Kambanda à le ramener à Kigali, son armée étant en déroute et le Gouvernement se réfugiant graduellement à Gitarama, puis à Kigeme et enfin au Zaire.
Le Colonel Guillaume est alors Capitaine. Il a vu comment l’Elysée a pactisé avec les génocidaires jusqu’à les armer dans leurs camps de réfugiés en chapelet sur les bords du lac Kivu.
Guillaume est l’invité de la télé France 24. Ci après quelques extraits :

« Opération Turquoise, il y avait un aspect humanitaire mais l’intention centrale était tout à fait différente. Elle était de remettre au pouvoir le gouvernement qu’on soutenait depuis bientôt quatre ans. Le seul problème c’était que c’était ce pouvoir qui commettait ce génocide. Donc nous sommes entrés du côté des génocidaires. Moi ma première mission qui était ma spécialité à l’époque c’était de guider les frappes aériennes sur le terrain. Parce que pour que des frappes aériennes fonctionnent il faut qu’il y ait une équipe sur le terrain très très proche des cibles.

J’avais été intégré dans une unité de combat à la Légion étrangère. Et l’ordre préparatoire que nous avions reçu c’était de mener un raid terrestre sur Kigali pour reprendre la Capitale du Rwanda et remettre en place le gouvernement de l’époque en faisant totalement abstraction le fait que ce gouvernement était génocidaire.

Ce qui est très étonnant c’est que pendant la première semaine nous avions clairement l’intention de nous battre contre les ennemis des génocidaires. Ce qui est complètement effarant c’est que c’est le dernier génocide du 20ème siècle, le seul qu’on aurait pu éviter. On a réussi à entrer du côté des génocidaires. On essaye de les remettre au pouvoir. Et assez tard dans l’Opération, dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, on arrête enfin ces actions offensives contre le FPR… je suis persuadé qu’en ce moment là seulement l’Elysée a pris peur que la France ne soit condamnée pour complicité de génocide.

Mais on a fait quelque chose de terrible. On a créé une zone humanitaire sûre, qui n’était sûre que pour les génocidaires et qui n’a permis qu’aux génocidaires de se réfugier tranquillement au Zaïre. Ça ç’a été la deuxième période de notre opération. Et la troisième, inacceptable ; c’est que nous avons livré des armes aux camps de réfugiés au Zaïre alors que nous étions sous embargo de l’ONU. (…)

« La journaliste de France 24 :
Vous dites que certains officiers ont essayé de contacter le plus haut sommet de l’Etat et ont essayé de faire passer le message que c’était pas une bonne idée de livrer des armes à de potentiels génocidaires dans ces camps au Zaire…
 »

J’ai des camarades qui ont été plus courageux que moi qui ont essayé de passer le message et se sont fait tacler par l’Elysée. C’est-à-dire que le sujet remontait à l’Elysée, que c’est l’Elysée qui décide enfin de ces opérations. Nous avions à l’époque un gouvernement de cohabitation. Il y avait forcément une collusion avec une partie du gouvernement de cohabitation.

Ces ordres avaient été livrés par l’Elysée : « Continuez à livrer des armes dans les camps de réfugiés », en allant contre la plus évidente éthique des officiers français. Enfin je veux dire que ce qu’on a fait est totalement inacceptable.

Ce qui est inouï, c’est qu’on l’a fait mais qu’en plus les décideurs politiques le cachent depuis un quart de siècle. Donc ils s’autorisent à le refaire et surtout ils évitent d’avoir le moindre compte à rendre sur le sujet puisque nous n’avons pas le droit d’accéder aux archives d’une opération qui était présenté comme humanitaire.

http://fr.igihe.com/securite/col-guillaume-ancel-denonce-les-intentions.html

Posté le 10/04/2018 par rwandaises.com