Mme Maylis Bouffartigue et Diogène Ntarindwa alias Atome ou Gasumuni

Kigali: Une Troupe venue de France dénommée «Cie Monsieur et Madame» a joué ce weekend pour les étudiants de l’ULK/Kigali «L’espèce humaine» de Robert Antelme qui est un récit autobiographique de l’auteur même ayant vécu dans les camps de concentration nazis pendant la 2ème guerre mondiale. Un témoignage qui rapproche les atrocités vécues par les victimes de l’Holocauste au calvaire des [Ba]Tutsi durant le Génocide de 1994.

La Troupe «Cie Monsieur et Madame» est animée par Mme Maylis Isabelle Bouffartigue. Celle-ci a joué sur scène avec le dramaturge rwandais très connu, Diogène Ntarindwa alias Atome ou Gasumuni. Ils ont bénéficié de l’appui d’une équipe qui manie le jeu des lumières et de l’ombre avec perfection. Sans micro. Ce qui a l’avantage de laisser l’acteur exprimer ses états d’âme par différents niveaux de l’inflexion de sa voix qui n’est pas altérée.

Le récit qui porte le titre « L’espèce humaine » montre une véritable déchéance de l’homme, victime et bourreau à la fois, qui appartiennent les deux à l’espèce humaine. Ce qui les différencie dans le récit n’est que barbarie du bourreau qui agit seul en maître faisant régner la loi de l’oppression autour de lui. De l’autre côté, l’on a la victime souffrante soumise aux mille et une horreurs, morales et physiques.

Dans cette société, les soldats allemands ont fait régner une société infernale.

«Pour vivre et bien vivre, ils ne pouvaient qu’être amenés à aggraver la loi SS. Ils ont joué en ce sen un rôle de provocateur. Ils ont joué et maintenu parmi nous, avec un acharnement et une logique remarquable l’état d’anarchie qui leur était nécessaire. Ils s’affirmaient ainsi comme différents de nous par nature. Ils montraient qu’eux seuls méritaient de vivre. Affamer un homme pour avoir ensuite à le punir, ensuite parce qu’il vole des épluchures, et de ce fait mériter du SS, par exemple, d’obtenir en récompense la soupe supplémentaire qui affamera davantage l’homme, tel était le schéma de leur tactique. Dans le camp, tous les degrés d’oppression ont existé. On le sait maintenant», lit –on dans l’avant –propos de l’ouvrage, juste pour reprendre les termes de celui qui fait le récit.

Seule la mémoire, la réflexion et la médiation dont fait preuve la victime l’élève à une grandeur et une dignité humaine forte appréciée par l’audience.

Ce qu’il y a d’appréciable aussi, c’est le lien de compassion qui rend universel l’homme partout où il est. Le Nazi bourreau est assimilé au milicien ou soldat bourreau impénitent, alors que le Juif torturé s’identifie au [Ba]Tutsi martyrisé durant le Génocide.

C’est sous cette image que la Shoa des Juifs est semblable au Génocide contre les [Ba] Tutsi. Les récits des témoins survivants des deux holocaustes ou des deux pogromes incarnent une lucidité et une analyse fort importante au public en quête de connaissances du passé, même s’il s’avère qu’il y a quelque chose d’immense qui demeure intransmissible. Le mérite de cette Troupe « Cie Monsieur et Madame» est qu’elle interpelle à rester vigilants pour éviter les idéologies criminelles.

«Nous devons tirer un enseignement de notre histoire, prévenir le crime de Génocide. L’humanité doit éduquer les jeunes à plus de lucidité et de paix», avertit Mme Maylis Bouffartigue. (Fin)

http://www.rnanews.com/national/14705-2018-04-24-08-57-43
Posté le 24/04/2018 par rwandaises.com