Depuis vendredi dernier, la directrice du protocole à la présidence rwandaise, Rose Kabuye, a été arrêtée à son arrivée à l'aéroport de Francfort en Allemagne, en exécution du mandat d'arrêt international lancé par l'ancien juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière. Lors de sa comparution devant le tribunal chargé de statuer sur son extradition, Rose Kabuye a signifié sa volonté de ne pas s'opposer à la procédure et même d'être transférée dans les meilleurs délais devant la justice française. On peut s'imaginer que cette colonelle à la retraite de l'APR (maintenant RDF) à des comptes à régler avec la France.
En se présentant devant la justice française, Rose Kabuye, va contraindre Paris à remettre la preuve accumulée à charge contre elle aux avocats qui vont assurer sa défense. On sait d'avance que les principales accusations formulées contre Madame Kabuye reposent uniquement sur des "informations" obtenues auprès de certains repentis du FPR, mais qui, depuis l'émission du mandat, se sont pour la plupart rétractés.
Non seulement la justice française ne dispose pas de preuves matérielles à charge contre Mme Kabuye, mais aussi, et surtout les "sources" de Bruguière risquent de faire faux bond aux deux juges d'instruction (malheureux) qui ont hérité de cette patate chaude. Bref, la Rose cueillie par Paris risque d'être trop épineuse pour être tenue bien longtemps sans se blesser.
On pourra lire aussi l'article de notre collègue Colette Braeckman, qui abonde dans le même sens. Ce qui est certain, c'est qu'en affrontant directement la justice française, Kigali a choisi la stratégie bien connue de l'effet domino. En d'autres termes, comme la justice française dispose de si peu d'arguments probants contre Rose Kabuye, qu'il va de soit qu'un acquittement entraînerait ipso facto l'annulation plus que probable des mandats qui empoisonnent la vie de ses huit autres collègues et de l'ensemble de l'État rwandais. Ou alors, aucun autre pays Occidentale ne se risquera plus à arrêter les autres personnes visées par ces mêmes mandats.
On en reparlera.
La rédaction