par RFI
Que va-t-il advenir d’Agathe Habyarimana ? La veuve du président rwandais décédé dans l’attentat du 6 avril 1994 demande le statut de réfugiée politique, qui lui a d’abord été refusé par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), puis par la Commission de recours des réfugiés (CRR). Les autorités françaises estiment que des « présomptions » existent sur l’implication d’Agathe Habyarimana dans le génocide qui a suivi l’attentat contre son mari. Mercredi, l’affaire était évoquée devant le Conseil d’Etat, la plus haute instance administrative en France. Le rapporteur public (l’équivalent du Procureur devant le Conseil d’Etat) a recommandé, lui aussi, le rejet de la demande.
Installée définitivement en France depuis 1998, Agathe Habyarimana a souvent été présentée comme faisant partie de l’Akazu, le premier cercle du pouvoir ayant fomenté le génocide. Aux yeux du rapporteur public, ces présomptions suffisent à justifier qu’on lui refuse le statut de réfugiée politique.
Si le Conseil d’Etat suit les recommandations du rapporteur, il n’en restera pas moins une question délicate, pour Paris : que faire d’Agathe Habyarimana ?
Techniquement « sans- papiers », en France, elle pourrait être expulsée. Les organisations de défense des victimes du génocide aimeraient qu’elle le soit, vers le Rwanda, pour y être jugée. Mais l’avocat de l’ancienne Première dame invoque les risques de persécutions qu’elle encourrait alors et qui sont contraires à la Convention européenne des droits de l’homme, selon Maître Meilhac.
Une seconde solution pourrait envisager d’éloigner Agathe Habyarimana du territoire français vers un autre pays d’accueil. Dans ce cas, les mêmes associations de victimes craignent qu’elle ne soit jamais jugée.
Enfin, les autorités françaises pourraient choisir l’option de ne rien faire. Sans lui donner le statut de réfugiée politique, Paris pourrait accorder un titre de séjour à Agathe Habyarimana dont les enfants vivent en France et ont bien ce statut. La question serait alors de savoir si la justice française organiserait, ou non, un procès contre l’ancienne Première dame qui jusqu’ici n’a jamais été convoquée par la police, ni par un juge. Le Conseil d’Etat devrait rendre sa décision dans plusieurs semaines.