(Syfia Grands Lacs/Rwanda) Depuis que les militaires construisent des classes, des ponts ou des routes, soignent les gens ou préparent les champs, les Rwandais n’ont plus peur d’eux. Ils découvrent que sortis des exercices militaires, ces soldats sont des hommes comme les autres.

Chaque jour, sur la route Kigali-Muhanga-Huye, les véhicules des militaires et de la police transportent des fers à béton et autres matériaux destinés à la construction des nouvelles classes où seront abrités l’année prochaine les élèves du nine years basic education (7e, 8e et 9e années qui suivent les six premières). « Nous construisons ces salles avec ces militaires sans crainte. Ce n’est pas comme avant quand on savait que le militaire était celui qui, avec son fusil, tirait, frappait, amenait en prison… », dit ce prisonnier d’une cinquantaine d’années, habillé en rose qui, avec les autres détenus, civils et militaires, participent à la construction de l’école primaire de Kabgayi à Muhanga, au sud du Rwanda
Maintenant que l’intérieur du pays est sécurisé, les 40 000 hommes qui composent officiellement l’armée rwandaise vivent dans des camps militaires installés un peu partout dans le pays. Quand ils ne sont pas en exercice ou en intervention, ils participent à diverses activités avec la population : construction de maisons pour les personnes vulnérables, réparation des routes et des ponts, soins aux malades, entretien des terrasses radicales, préparation des champs de banane… « Notre population avait de grands problèmes d’accès au dispensaire. Mais avec l’armée, nous avons pu ensemble monter le nôtre et les gens n’auront plus à parcourir des kilomètres pour se faire soigner », dit Nkusi Felly Karake, secrétaire exécutif du secteur Kigali, dans la capitale.

Militaires maçons, médecins…
Durant l’Army week (Semaine de l’armée) qui préparait le 4 juillet, journée de la libération (quand le FPR a pris le pouvoir), les militaires ont été très actifs dans toutes les provinces du pays. Immaculée Mukandori, une femme dont les dents ont été soignées à cette occasion par les dentistes militaires au centre de santé de Gitarama ne cache pas sa joie. « Ils m’ont consultée, nettoyé les dents et donné des médicaments et des conseils pour leur soin et cela gratuitement. Avant, j’avais eu peur de me faire soigner parce que, sans mutuelle de santé, je craignais de sommes lourdes », dit-elle, toute fière en montrant ses dents. Selon Paul Jules Ndamage, maire du district de Kicukiro, grâce à l’aide de l’armée, le district prévoit de terminer cette année plus de 45 maisons destinées aux rescapés du génocide, aux pauvres et aux Batwa. Envoyés par le gouvernement ou souhaités par les districts, les militaires sont actifs dans la construction et réparation des routes, la lutte contre l’érosion, la plantation de café, les campagnes de vaccination…
Auparavant, les activités militaires étaient surtout focalisées sur les travaux communautaires faits avec la population ou les interventions en cas de catastrophe parce qu’ils peuvent intervenir rapidement et disposent de matériel technique, tels des hélicoptères. Ce fut le cas par exemple pour transporter les personnes gravement blessées et traumatisées par le séisme de 2008 dans la région de Cyangugu.

Les militaires ne font plus peur
Dans le district de Nyagatare à l’Est, les militaires du camp de Gabiro ont, eux, pris dans leurs fermes des dizaines de vaches et les ont données à la population environnante : « Chaque fois que les moyens seront disponibles, nous les aiderons à se développer », affirme, très optimiste quant à leur avenir, le général-major Nzaramba, qui dirige ce camp.
Tout cela change la mauvaise image des militaires chez les Rwandais : »Avant quand nous voyions un militaire ou un habit militaire, nous pensions directement à une personne qui allait violer nos droits et nous nous échappions parce que nous pensions aux bâtons, à la prison, etc. », affirment certaines personnes bénéficiaires des vaches. Elles disent ne plus en avoir peur et des femmes confient qu’elles pourraient même épouser sans aucun souci avec l’un d’eux.

 
 

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Posté par rwandaises.com