Kigali, 07 décembre 2009 (FH) – Valérie Bemeriki, ancienne journaliste à la tristement célèbre Radio-télévision libre des milles collines (RTLM) a demandé publiquement pardon samedi pour ses actes d’incitation au génocide.
Poursuivie pour « planification du génocide, incitation des Hutus au génocide, complicité d’assassinat de plusieurs personnes et familles » », Bemeriki, 54 ans, comparaissait devant le tribunal populaire gacaca de Nyakabanda, à Kigali.
« Je demande pardon pour toutes ces victimes innocentes. Jeune encore, j’avais toujours appris que les Tutsis étaient mauvais», a-t-elle déclaré. Devant un public suspendu à ses lèvres, elle a indiqué qu’une délégation de l’Etat-major de l’armée avait tenu une réunion avec toute la rédaction de la RTLM au lendemain de l’assassinat du président Juvénal Habyarimana.
« Le message à diffuser à partir du moment était clair : parachever la révolution de 1959… Le Tutsi est mauvais et doit être tué », a-t-elle raconté. C’est en 1959 que furent perpétrés les premiers pogroms anti-tutsis.
« J’ai compris que j’avais le devoir de lutter contre l’ennemi par la seule arme à ma disposition, le microphone», a avoué l’ancienne journaliste.
Lors de la création de la RTLM en 1993, Bemeriki travaillait comme « reporter de guerre » au journal Umurwanashyaka, publié par le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND) du président Habyarimana. Recrutée par la radio, elle dit avoir été appelée, avec le rédacteur en chef Gaspard Gahigi et le directeur Phocas Habimana, à « combattre l’ennemi tutsi par le micro ». Gahigi et Habimana seraient décédés. « Le mal que j’ai commis est irréparable », a-t-elle dit lors de son témoignage, se disant cependant « psychologiquement prête à réintégrer la société rwandaise ».
Bemereki a été arrêtée par les troupes rwandaises à Minova, dans l’ex-Zaïre et transférée au Rwanda en juin 1999. Elle a déjà été jugée et condamnée par d’autres juridictions gacacas.
Inspirées des anciennes assemblées lors desquelles les sages du village tranchaient les différends, assis sur le gazon (gacaca, en langue rwandaise), ces juridictions gacacas sont chargées de juger les auteurs présumés du génocide de 1994, à l’exception des « planificateurs» au niveau national. Les personnes siégeant dans ces tribunaux ne sont pas des magistrats professionnels mais des citoyens intègres désignés au sein de leur communauté. Les gacacas qui ont jugé plus d’un million de personnes, selon les autorités rwandaises, peuvent prononcer la prison à vie, la peine la plus lourde au Rwanda après l’abolition de la peine de mort en 2007.
Le jury rendra sa décision samedi prochain.
SRE-ER/GF
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Posté par rwandaises.com