Par Hereward Holland

KIGALI (Reuters) – Ce sont des extrémistes hutus qui ont abattu en 1994 l’avion qui transportait le président Juvenal Habyarimana, déclenchant une centaine de jours de folie génocidaire au Rwanda, assure un rapport du gouvernement de Kigali rendu public lundi

L’enquête, menée à l’instigation du président – tutsi – Paul Kagamé, a conclu que des membres de l’entourage proche du chef de l’Etat de l’époque avaient projeté des mois à l’avance son élimination afin de torpiller un accord de partage de pouvoir conclu à Arusha (Tanzanie) avec Kagamé.

Ce dernier était alors à la tête de la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR). L’assassinat d’Habyrimana, lui-même un Hutu, aurait servi de prétexte aux extrémistes hutus pour massacrer 800.000 Tutsis et Hutus modérés.

Habyarimana revenait des pourparlers de paix d’Arusha accompagné de son homologue burundais lorsque son avion a été abattu par un ou plusieurs missiles. Il était sur le point de former un gouvernement de transition et d’intégrer les forces de Kagamé dans l’armée nationale.

Les circonstances de cet attentat n’ont jamais été réellement éclaircies et le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière avait mis en cause en 2006 le FPR, provoquant la rupture des relations diplomatiques avec Kigali.

LA FRANCE OFFICIELLE NON MISE EN CAUSE

Le régime de Kagamé a accusé la France, alors présidée par François Mitterrand, d’avoir financé et formé les instigateurs du génocide, une accusation que Paris a farouchement niée. La France et le Rwanda ont finalement rétabli leurs relations diplomatiques en novembre.

Selon le rapport du gouvernement rwandais actuel, les Forces armées rwandaises (Far) d’une garnison proche de l’aéroport de Kigali ont abattu le 6 avril 1994 le Falcon piloté par des Français qui ramenait Habyarimana d’Arusha, avec deux missiles sol-air.

Phillip Gourevitch, écrivain et expert du Rwanda, se dit plus étonné par la méticulosité de l’enquête que par ses conclusions, qui exonèrent Kagamé et servent les intérêts du gouvernement actuel, sans mettre en cause la France « officielle ».

Sous la houlette d’un ancien président de la Cour suprême du Rwanda, les sept enquêteurs rwandais ont, depuis 2007, entendu plus d’un demi-millier de témoins, passé au crible des milliers de documents et sollicité des experts en balistique britanniques.

Le rapport d’enquête présente Théoneste Bagosora, ancien chef de la branche armée du mouvement Pouvoir hutu, comme le cerveau du génocide. Bagosora a été condamné à la prison à vie en 2008 par le Tribunal pénal internationale pour le Rwanda siégeant en Tanzanie.

Version française Marc Delteil

 http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/international/afrique/20100111.REU5481/lavion_dhabyarimana_abattu_par_des_hutus_en_1994_selon_.html

Posté par rwandaises.com