Que nous vaut l’honneur de votre visite chez nous, ce matin ?
Richard Dacoury : Permettez avant tout que je souhaite une bonne et heureuse année au groupe Olympe et que je profite de l’occasion pour présenter mes condoléances à toute la famille des journalistes, à la rédaction de ‘’L’inter’’ et à la famille de notre regretté Criwa Zéli, votre collaborateur. Je suis là ce matin pour réagir aux propos de Konaté Sidiki publiés dans les journaux, où il parle d’une instrumentalisation de la justice, là où des gens s’en prennent aux représentants de l’Etat et aux édifices publics, ainsi que ses allusions à une préparation du génocide rwandais en Côte d’Ivoire.
En quoi est-ce que ces propos vous interpellent ?
Richard Dacoury : Nous sommes très surpris par cette sortie venant d’un ministre de la République. Le Conseil des ministres existent pour échanger sur des questions d’une telle importance. Si l’administration ivoirienne est instrumentalisée, ce n’est pas à Konaté Sidiki, garant lui-même de cette administration, de se répandre dans la presse pour en parler. Je suis scandalisé, parce que M. Konaté Sidiki devrait savoir que nous ne sommes pas dans une anarchie où il n’y a pas de règle. Il faut qu’il se ressaisisse. L’administration ne peut pas être instrumentalisée. Pour que la nation ivoirienne existe, vive et soit reconnue, il faut que l’administration existe sur toute l’étendue du territoire et fasse son travail. Quand M. Konaté dit que l’administration s’est braquée contre les populations, c’est grave. Comment une administration peut se battre contre des populations au service de laquelle elle est ? L’administration est là pour aider les populations. C’est cela le rôle des préfets et sous-préfets et non de détruire ou de créer les conditions de clivage entre les populations. Konaté Sidiki parle beaucoup, mais qu’il fasse très attention avant de parler. Nous sommes dans un processus de paix et ce n’est pas responsable qu’il tienne ces genres de propos. Il est ministre et porte-parole des Forces nouvelles. Donc, ce qu’il dit est une voix officielle. A ce titre, il y a des choses qu’on ne dit pas. Surtout qu’ils sont arbitres du processus de paix. Il faut qu’il fasse attention.
Vous vous indignez aussi qu’il assimile la situation ivoirienne à celle du Rwanda ?
Quant à la rwandisation dont il a parlé, je ne suis pas d’accord. S’il y a un plan qui est préparé, qu’on nous le dise. Aujourd’hui, il y a une opération qui est menée par l’administration. Nous sommes à la phase du contentieux sur les listes électorales où on demande à ceux des enrôlés dont les noms ont été omis sur la liste provisoire, de se présenter avec les documents afférents pour attester de leur nationalité. C’est une démarche individuelle. C’est vrai que certains veulent aider leurs militants à avoir leurs papiers. Mais, ils ne peuvent pas empêcher la justice de dire le droit. Ils ne peuvent pas non plus empêcher des Ivoiriens d’user de leur droit de dénoncer. Parce que la dénonciation est reconnue dans les textes de la commission électorale indépendante (CEI). Quand on découvre qu’un individu ne mérite pas d’être sur la liste, c’est une procédure légale et légitime pour l’extraire du fichier en élaboration. Il appartient à l’individu incriminé, et à lui seul, de faire en sorte qu’il soit réhabilité par le droit devant les tribunaux. D’où nous vient-il que des populations manipulées par les Forces nouvelles ou par le RDR sortent pour aller brûler des palais de justice, des édifices de l’Etat à Man, à Katiola, à Divo, etc., et c’est eux qui parlent de rwandisation. En tout cas, s’il y a une rwandisation, ce n’est pas le camp présidentiel, ce n’est pas nous qui la préparons. Peut-être que Konaté Sidiki a des révélations à faire. S’il a un plan, si dans le processus de sortie de crise il prévoit une rwandisation de la Côte d’Ivoire, c’est le Premier ministre qui est interpellé. Parce que nous, nous avions cru de bonne foi qu’ils (les FN) étaient là pour normaliser la situation. Maintenant qu’il voit qu’il y a un plan rwandais qui se met en place, ça devient inquiétant pour nous. Qui va ‘’rwandiser’’ la Côte d’Ivoire ? Est-ce l’Etat ? Mais l’Etat a une tête de pont, c’est le président de la République et les membres du gouvernement dans lequel il siège. Donc, s’il pense que l’Etat est en train de préparer ce vaste complot, qu’il prenne ses responsabilités et rende sa démission du gouvernement. Parce que c’est grave qu’il siège dans une équipe où on prépare un plan diabolique, un génocide. Que M. Konaté Sidiki se ressaisisse. Il y a eu la crise, mais jamais il n’y eu une opposition des ethnies. La Côte d’Ivoire a su gérer cela. Il n’y aura jamais de Rwanda sur le sol ivoirien. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de paix et nous souhaitons que Konaté Sidiki doit parler, qu’il tienne un langage de paix. Un langage qui concilie toutes les tendances et non qui prend position. Je ne suis pas d’accord et nous serons toujours prêts à réagir s’il continue. Nous nous taisons, depuis un moment, parce que nous sommes dans une dynamique de paix. Cela ne veut pas dire que nous n’observons pas. S’il y a des dérapages, nous allons nous lever pour les dénoncer et interpeller. C’est ce que je suis venu vous faire partager ce matin.
http://www.connectionivoirienne.net/2010/02/10/0929les-patriotes-repondent/
posté par rwandaises.com