Pour la deuxième fois, Patrick de Saint-Exupéry prend la plume et écrit un livre sur le Rwanda. « Complices de l’Inavouable », ou un tome de plus pour comprendre le génocide de 1994.

Patrick de Saint-Exupéry annonce la couleur par une évidence : « La complicité de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda ne peut exister ». En revanche, se pose bien la question de complices du génocide, personnes physiques françaises.

« La «  France » n’a pas à endosser ce dossier. C’est une politique secrète qui fut menée par Paris au Rwanda de 1990 à 1994. Décidée par quelques-uns, mise en œuvre par un noyau au prix d’importantes entorses à la légalité républicaine. Jamais le parlement ne fut informé ».

La vraie question est : François Mitterrand, complice ?

« Et par voie de conséquence : Hubert Védrine, complice ? Le commandant Paul Barril, complice ? Dominique de Villepin, complice ? Le général Quesnot, complice ? L’amiral Lanxade, complice ? Edouard Balladur, complice ? Alain Juppé, complice ?… »

L’auteur de Complices de l’Inavouable, résume clairement l’exception française face au Rwanda : « « L’Inavouable » n’est pas un mot, ni une notion. Il est une réalité. En 1994, il se produisit un génocide, celui des Tutsi. Quinze ans après les faits, la France et ses responsables restent les seuls au monde à être incapables de clairement nommer ces « événements« . Pourquoi ? »

Patrick de Saint-Exupéry a commencé sa découverte du Rwanda en s’y rendant, d’abord en 1990, puis en 1993 et 1994, pendant le génocide. Rédigée le 1er mars 2009, l’introduction de son livre règle son compte au dossier d’instruction [1], d’où sont sortis les mandats d’arrêt contre 9 proches de l’actuel président du Rwanda, Paul Kagamé et la théorie du génocide, qu’il aurait lui-même déclenché en faisant abattre l’avion du président Hutu Juvénal Habyarimana : « J’ai lu récemment le dossier Bruguière, tout le dossier, ses milliers de pages. Il sonne creux, partout. Il est copieux comme un laborieux montage peut l’être, mais chaque ligne, chaque paragraphe déborde d’intentions, et les faits sont bien rares ».

L’auteur apporte aussi de nouvelles précisions sur le déroulement des opérations de militaires français à Bisesero, pendant l’opération Turquoise, objet de violentes polémiques.

Patrick de Saint-Exupéry a le mérite de décortiquer les positions françaises sur le Rwanda : « La première, la plus extrémiste, consiste à dire qu’il n’y a eu ni « erreurs », ni « maladresses », ni « analyses insuffisantes de la situation », les responsables français ont été parfaits. Circulez, il n’y a rien à voir. Cette position a un porte-voix, Pierre Péan (…) qui sans y avoir jamais mis les pieds, (…) s’est décrété expert du Rwanda (…) ».

« La deuxième position est celle de Paul Quiles. Elle est apparemment claire puisqu’elle consiste à admettre qu’il y a eu des erreurs, des maladresses, des analyses insuffisantes de la situation (…). Mais elle est intenable, car elle s’arrête net (…). »

« La troisième position est incarnée par Bernard Kouchner. Début 2008, ministre des Affaires étrangères, il a fait un discret voyage à Kigali et y a déclaré que Paris a commis, non pas « des erreurs », mais « une faute politique » (…). Cela suscita une bronca. Sur son blog, Alain Juppé fit état de sa colère, Edouard Balladur adressa une protestation écrite au président Sarkozy (…). »

Après avoir lu Saint-Exupéry, plaider l’incompréhension du terrible imbroglio franco-rwandais relèverait de la pure mauvaise foi.

 

http://www.bakchich.info/Le-genocide-rwandais-pour-les-nuls,07375.html

Posté par rwandaises.com