Le général Jean-Claude Lafourcade, ex-commandant de l’opération « Turquoise » au Rwanda en 1994, a regretté aujourd’hui que la France ait renoué des relations avec Kigali sans avoir « démenti » les accusations de génocide portées contre elle par le régime rwandais.
    Dans une interview aujourd’hui sur France Info, le général Lafourcade a demandé que l’instruction ouverte il y a cinq ans sur ces accusations de génocide soit « enfin bouclée ».

    L’ancien commandant de l’opération militaro-humanitaire de la France au Rwanda, entre juillet et août 1994, vient de publier un livre « Opération Turquoise » (Perrin), dans lequel il dément toute participation ou complicité de l’armée française dans le génocide rwandais qui a fait 800.000 morts.
    « C’est une bonne chose de reprendre les relations avec le peuple rwandais » mais « on aurait aimé que cette reprise de relations s’accompagne d’un commentaire apportant un démenti à ces accusations de génocidaires dont nous sommes l’objet », a-t-il déclaré.

    La visite de Nicolas Sarkozy à Kigali en février dernier a scellé la réconciliation entre la France et le Rwanda, après trois ans de rupture des relations diplomatiques. Lors de cette visite, le président français avait reconnu « de graves erreurs » et « une forme d’aveuglement » de la France dans son soutien au régime du président hutu Juvénal Habyarimana, dont l’assassinat le 6 avril 1994 est considéré comme un déclencheur du génocide.

    Le général Lafourcade a évoqué « les plaintes rwandaises déposées en 2005 contre nous pour complicité de génocide et crime contre l’humanité », regrettant que l’instruction sur ces plaintes « ne débouche pas ». « Cela fait près de 5 ans que ça dure et je demande vraiment aux autorités judiciaires et politiques que ce dossier soit une fois pour toutes bouclé », a-t-il dit.

    « C’est vrai que la France, pendant les trois années précédentes (au génocide) avait eu une coopération d’assistance militaire avec le Rwanda, donc un certain nombre d’officiers de l’armée française connaissaient un certain nombre d’officiers de l’armée rwandaise ».
    « Je comprends la difficulté qu’ils ont pu avoir, pour certains, parce que le FPR (Front patriotique rwandais, les rebelles tutsis opposés au régime hutu de l’époque) avant notre arrivée avait menacé de tuer tous les Français qui viendraient », a-t-il reconnu, « donc il y avait une intention très belliqueuse de la part du FPR qui peut expliquer que certains sur le terrain aient eu des propos pour dire : oui effectivement l’ennemi c’est le FPR ».

    Mais « dans les faits, j’affirme qu’il n’y a eu aucune partialité dans cette action » et que « les forces armées rwandaises n’ont bénéficié d’aucun appui et d’aucun secours de la part des soldats français », a-t-il assuré.

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/05/12/97001-20100512FILWWW00486-rwanda-lafourcade-veut-un-dementi.php

    Posté par rwandanews.fr