(Syfia Grands Lacs/Rwanda) Des circuits de soins compliqués, des centres sanitaires débordés… les Rwandais, obligatoirement adhérents à une mutuelle de santé, se plaignent du mauvais fonctionnement du système qui les contraint à aller chez les féticheurs et herboristes.
Le parcours du combattant du malade
En effet, se soigner est un parcours du combattant. Après avoir versé sa cotisation, l’affilié doit attendre au moins un mois pour avoir droit aux soins médicaux. Suivant la gravité de sa maladie, le patient doit franchir les différentes étapes des formations sanitaires, du centre de santé à l’hôpital de référence en passant par un hôpital intermédiaire. « Ce long parcours décourage les gens et les pousse à aller voir les médecins traditionnels ou à faire de l’automédication en achetant en pharmacie des remèdes pour ce dont ils estiment souffrir », explique un activiste des droits de la personne de Kigali. « Obliger des malades de passer toujours d’abord par le centre de santé, quelle que soit la gravité de la maladie, complique le circuit des soins médicaux. Les accidents graves, par exemple, devraient être traités par des médecins spécialistes sans passer par les formations sanitaires de base », ajoute-t-il.
Pour aller dans les hôpitaux, souvent en ville, les gens doivent se prendre en charge pour le transport et le logement. « Quand on m’a transféré à Kigali pour consulter un médecin à la suite d’un gonflement de la gorge, j’ai laissé, car je n’ai pas de moyens pour aller dans cette grande ville », se résigne un villageois de Nyarubuye, Kirehe, Est. Du coup, le plus rapide est d’aller chez les féticheurs ou les herboristes. « Certains inventent des maladies graves pour soutirer un peu plus d’argent », témoigne un ancien médecin traditionnel de Nyamugari, Kirehe.
Les formations sanitaires débordées
Victimes du succès des assurances médicales, les centres et le personnel de santé sont complètement débordés. Les longues files d’attente devant les centres et les pharmacies découragent les patients. Ils se plaignent de l’insuffisance et du retard des services. « Le personnel soignant traite en priorité les cas urgents, les accidentés ou les fiévreux », précise une infirmière du centre de santé de Gitega, Kigali. Les hôpitaux aussi sont surchargés. Souvent, deux malades sont obligés de partager un même lit.
« Cette affluence est due au fait qu’aujourd’hui une grande partie de la population rwandaise peut se faire soigner, grâce à la solidarité des mutuelles de santé », commente un responsable de la cellule technique d’appui aux Mutuelles de santé au ministère de la Santé. Selon ce ministère, « chaque centre de santé, qui ne recevait qu’une trentaine de malades par jour, en reçoit une bonne centaine actuellement ». Aujourd’hui, 85 % des 10 millions des Rwandais adhèrent à cette assurance maladie contre 27 % en 2004. Depuis quatre ans, chaque Rwandais est tenu de s’y inscrire. Chaque adhérent paye 1 000 Frw par an (1, 8 $) et le ministère de la Santé se charge de payer le reste des coûts médicaux. Le patient paye un dixième des frais.
Les familles les plus pauvres, reconnues comme telles par la communauté, reçoivent des cartes de mutuelle gratuites. Le ministère en charge des nécessiteux paye leurs primes au district. « Pour améliorer la santé de ses adhérents, suggère un médecin de Kigali, la mutuelle de santé devrait couvrir aussi une partie des coûts engagés pour avoir des soins médicaux, comme le transport et le logement en cas de transfert. »
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Posté par rwandaises.com