L’ONU s’apprêterait à publier un document accusant l’armée rwandaise et ses alliés de faits de « génocide », entre 1996 et 1998, dans les camps de réfugiés hutus de l’ex-Zaïre.
«Malveillant, choquant et ridicule». Kigali tire à boulets rouges sur l’ONU, après la publication par la BBC et le Monde d’extraits d’un « prérapport » du Haut-Commissariat aux droits de l’homme mettant en cause vingt et un groupes armés irréguliers, huit armées nationales, dont l’armée rwandaise, dans les crimes commis dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) entre 1993 et 2003.
Selon ces fuites de presse, le document revient sur les faits imputés durant la première guerre dans l’ex-Zaïre (1996-1998) à l’Armée patriotique rwandaise (APR) et à son alliée, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), emmenée par Laurent-Désiré Kabila, qui devait prendre le pouvoir à Kinshasa en 1997.
Ce prérapport, assure le Monde, accuserait l’armée rwandaise et ses alliés de s’être rendus coupables de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, «voire de faits de génocide» contre les réfugiés hutus ayant fui au Zaïre après l’arrivée du Front patriotique rwandais au pouvoir, et dont les camps abritaient, parmi les civils, d’ex-militaires et miliciens impliqués, en 1994, dans le génocide des Tutsis et les massacres d’opposants hutus.
En clair, ce rapport de l’ONU reprendrait, purement et simplement, la thèse pour le moins contestable du double génocide. Thèse «chère depuis 1994 aux dirigeants politiques ou militaires français qui avaient à l’époque pensé et présenté leur intervention en termes d’“interposition” entre “belligérants”» et «reprise par des nostalgiques de l’ancien régime rwandais», rappelle l’historien Jean-Pierre Chrétien dans un texte daté du 25 juillet dernier. En 1997, déjà, une mission d’enquête de l’ONU avait vu des «intentions génocidaires» dans les exactions et massacres commis par l’APR dans des camps de réfugiés hutus.
Toujours d’après le Monde, Kigali aurait menacé de suspendre la participation de troupes rwandaises à des opérations de l’ONU si ce rapport était publié en l’état. «Le moment de la publication de ce rapport est très révélateur», accuse aussi le gouvernement rwandais, en évoquant l’implication de rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda dans les viols d’au moins 179 Congolaises, du 30 juillet au 3août, dans le Nord-Kivu, à proximité d’une base des casques bleus.
À Genève, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a déploré la publication dans la presse d’éléments d’un rapport en voie de finalisation. Sans confirmer, ni infirmer, l’usage du terme de «génocide».
Rosa Moussaoui
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Posté par rwandaises.com