Par Franck Berteau,
Le docteur Eugène Rwamucyo, idéologue présumé du génocide rwandais.
P. Huguen/AFP
La cour d’appel de Versailles ne s’est toujours pas prononcé sur l’extradition du médecin rwandais, soupçonné d’avoir participé au génocide des Tutsis en 1994.
Derrière les vitres du box des accusés, Eugène Rwamucyo parcourt des yeux la salle d’audience. D’un sourire sobre, il salue ses proches. Mais lorsque ce médecin rwandais de 51 ans prend la parole, c’est avec impatience qu’il s’adresse à la cour: « Je ne veux pas accepter qu’on m’accuse de crimes que je n’ai pas commis. » Sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour sa participation supposée au génocide des Tutsis en 1994, Eugène Rwamucyo, réfugié en France, a été arrêté le 26 mai dernier à Sannois (Val d’Oise). Depuis, le Rwanda demande son extradition.
Vêtu d’un pull-over gris sur une chemise rayée, l’ancien médecin du centre Sambre-Avesnois de Maubeuge (Nord) apparaît plus affecté par sa détention que lors de la dernière audience du 9 juin. « Tout ce que je demande, c’est la liberté », implore-t-il.
« Il n’y a aucune raison qu’on retienne Rwamucyo en prison »
Le président de la cour d’appel, Gérard Poirotte, détaille les unes après les autres les pièces complémentaires fournies par la justice rwandaise pour réclamer son extradition. D’un air dubitatif, le magistrat s’interroge sur l’absence du dossier de la copie certifiée conforme du mandat d’arrêt international délivré le 6 août 2007 à l’encontre du médecin. Une faille suffisante pour Me Philippe Meilhac, l’avocat d’Eugène Rwamucyo: « Vous avez en l’état de quoi rendre un avis défavorable à la demande d’extradition », insiste-t-il.
Pour le parquet général, des informations complémentaires sont encore nécessaires et le maintien en détention d’Eugène Rwamucyo « s’impose ». Pas pour Me Meilhac, qui rappelle que son client n’a « aucune volonté de fuir la justice française » et qu' »il ne demande qu’une chose, c’est de pouvoir s’expliquer ». Dans cette affaire, les audiences se suivent et se ressemblent. La cour écoute les interventions de la défense sans pouvoir se prononcer sur l’extradition du médecin, faute de disposer de toutes les informations réclamées à la justice rwandaise.
Un soupir de lassitude s’élève dans la salle. La décision de la cour d’appel est repoussée au 15 septembre. « Il n’y a aucune raison qu’on le retienne en prison », s’agace une des filles du médecin. Dehors, Eugène Rwamucyo s’énerve et refuse de monter dans la voiture de police sans parler à ses enfants. « Défendez le droit », leur lance-t-il, de loin.
S’il n’est pas extradé vers le Rwanda, il sera tout de même confronté, en France, à une information judiciaire pour génocide, crimes contre l’humanité et complicités, ouverte à Paris le 5 février 2008, après une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR). Pour son président, Alain Gauthier, « cette audience ne nous a pas appris grand chose, mais une chose est sûre, Eugène Rwamucyo n’a pas davantage de garantie de représentation que la dernière fois. Il doit rester en prison ».
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Posté par rwandaises.com