La RDC est un Far-West des ONG occidentales.
Il est intéressant de noter que le Rapport No.133 du 31 octobre 2007 de International Crisis Group intitulé « Congo : ramener la paix au Nord Kivu », rapport censé être destiné d’abord au gouvernement de la RDC, qui figure en tête de liste de ses recommandations, ne comporte dans sa version française que le sommaire exécutif étalé sur une page internet alors que le rapport complet en langue anglaise en format PDF—après élimination de la page du titre, de la page des tables des matières et des 6 pages d’appendices en fin du rapport—comporte 31 pages. Qui seraient donc les vrais destinataires de ce rapport ? On se le demande…
Le plus troublant, dans ce sommaire exécutif, c’est que ICG diagnostique, sans la moindre preuve et en porte-à-faux par rapport à toutes les analyses des experts de la communauté internationale, l’échec de l’expérience démocratique en RDC : « Cette nouvelle crise est le résultat des échecs du processus de paix congolais en matière d’intégration de l’armée, de gouvernance économique et de justice transitionnelle. Au cours de la seconde moitié de la transition – qui s’est achevée officiellement avec l’élection du président Joseph Kabila et celle d’une nouvelle assemblée nationale en 2006 – les tensions avaient diminué grâce à une politique d’endiguement, d’apaisement et la priorité donnée, sur le plan international, à la tenue des élections. Les causes à l’origine de ces tensions n’ont toutefois jamais été traitées. La province est ainsi restée coupée en deux et les territoires de Masisi et Rutshuru comme pris dans une guerre froide entre l’ancien groupe rebelle soutenu par le Rwanda, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) et l’armée nationale (FARDC). Il y eu également très peu d’avancées en ce qui concerne le désarmement et de la réintégration des milices Mai Mai ou le rapatriement des rebelles hutu rwandais (FDLR). L’exploitation illégale des ressources naturelles s’est ainsi poursuivie et toutes les communautés ont continué à s’armer, animées par de profonds ressentiments les unes envers les autres, liés aux problèmes d’insécurité foncière, aux violations massives des droits humains pendant la guerre et aux rivalités pour le contrôle des ressources naturelles ». On voit clairement ici la tentative de cette ONG belge d’établir une équivalence morale entre le gouvernement légitime issu des élections en RDC et la milice armée de Nkunda, soudainement et sans préparation pour le lecteur non-averti assimilée au RCD de Ruberwa qui, rappelons-le, a participé au processus démocratique et a des représentants tant dans l’Assemblée Nationale que dans l’Exécutif de certaines provinces. C’est le même programme d’équivalence morale utilisé par l’ONG américaine « Human Rights Watch », dans son dernier rapport sur le Congo, qui blâme les violences infligées aux femmes des Kivu à toutes les parties en présence : FDLR, nkundistes, FARDC et les groupes de résistants Maï-Maï. Pourtant, à la différence des conclusions et recommandations extrêmes de ICG, « Human Rights Watch » a au moins eu l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que derrière Nkunda, il y a toute la participation active du gouvernement rwandais pour saper la paix en RDC. Dans son rapport du 23 octobre 2007 intitulé « Nouvelle Crise au Kivu », Human Rights Watch dit en effet : « Le Rwanda, une force majeure dans l’Est du Congo, a régulièrement exprimé son soutien à Nkunda, disant qu’il jouait un rôle vital dans la protection des Tutsis au Nord-Kivu. A l’occasion, certains fonctionnaires rwandais ont autorisé Nkunda à recruter de nouveaux combattants, y compris des enfants, au Rwanda même ». Mais, contrairement à toute évidence, et contredisant Human Rights Watch dont les travaux sur le terrain sont très approfondis et ont une triangulation rigoureuse des sources, International Crisis Group nie toute implication directe du Rwanda dans le conflit : « Jusqu’à présent, la crise n’a pas franchi la frontière et entraîné une implication directe du Rwanda ». Avec des mensonges flagrants de cette sorte, on pourrait sérieusement se demander à quel jeu joue ICG dans la région africaine des Grands-Lacs. On pourrait aussi se poser des questions sur l’objectivité de ses enquêteurs sur le terrain, qui sont pour la plupart des Rwandais et qui souvent se bornent à rédiger leurs enquêtes à partir des bureaux climatisés de ICG à Nairobi !
Les mensonges de International Crisis Group ne s’arrêtent pas là. ICG prétend que Joseph Kabila et Laurent Nkunda ont directement négocié : « Renforcé par son élection, le président Kabila a engagé des discussions discrètes avec Nkunda, avec la facilitation du Rwanda, et conclu un accord portant sur l’intégration progressive des troupes de Nkunda dans les forces armées régulières, un processus connu localement sous le nom de mixage. De façon implicite, il était également convenu que les troupes de Nkunda ne quitteraient pas la province tant que les conditions générales de sécurité ne se seraient pas améliorées de manière significative. Cependant, ni Nkunda ni Kabila n’ont été en mesure de contenir les extrémistes de leurs camps opposés à cet accord ». Encore une fois, on élève Nkunda en partenaire équivalent au Président de la République Démocratique du Congo. On rappellera d’abord que ce processus de « mixage » était une idée de la MONUC, pour laquelle elle a vu ses véhicules essuyer des « caillassages » en règle de la population des Kivu. Dans les réunions occasionnelles du groupe appelé « 3 + 1 » (Ouganda, RDC, Rwanda + la facilitation américaine), des réunions ponctuelles des chefs d’états-majors des pays des Grands-Lacs, il était plutôt convenu une sorte de monitoring au niveau des frontières pour contenir des groupes armés. Au fait, selon un court article de « Jeune Afrique » daté du 22 octobre 2007 intitulé « L’exil pour Nkunda », au cours de l’une de ces réunions, il était plutôt question pour Nkunda de prendre le chemin de l’exil. De là à prétendre que Kabila avait négocié avec Nkunda, on voit dans quel délire est plongé ICG et ses analystes.
International Crisis Group ne s’arrête pas à des mensonges. Il prend le prétexte de son rapport pour lancer des insultes au peuple congolais et à son armée : « Afin de compenser la faiblesse de l’armée nationale, le président Kabila a cherché à coopter la MONUC dans les opérations ». On connaît en réalité ce qui se passe dans le Nord-Kivu depuis que les FARDC ont massé 20.000 hommes dans la région : la reprise de tous les avant-postes de Nkunda et des désertions massives dans les rangs de sa milice—certaines recrues rentrant chez elles au Rwanda où elles ont été recrutés.
C’est dans ses recommandations que International Crisis Group montre ses vraies couleurs. Les destinataires de ces recommandations sont au nombre de quatre : 1) le gouvernement de la RDC ; 2) le Procureur de la Cour Pénale Internationale ; 3) la MONUC ; et 4) les principaux pays donateurs, notamment les Etats-Unis, le Royaume-Unis, la France, l’Afrique du Sud et la Belgique.
Aucune part dans ces recommandations de ICG, on ne retrouve une injonction à la poursuite, à l’arrestation et au procès de Nkunda, reconnu comme un criminel de guerre par la RDC. Bien au contraire, ICG recommande une accommodation avec ce criminel de guerre. Sa première recommandation l’énonce clairement : « Suspendre les offensives militaires contre les troupes de Nkunda, adopter une stratégie d’endiguement et nommer un officier militaire de haut rang à la tête d’une task force (un groupe de travail spécial comprenant des officiers de la Structure Militaire d’Intégration – SMI – du Programme National de Désarmement – PNDDR – et des observateurs militaires de la MONUC) afin de discuter avec des représentants de Nkunda au Masisi et au Rutshuru, sous la supervision de la MONUC ». On saute alors aux recommandations de ICG au deuxième destinataire de son rapport, le Procureur de la Cour Pénale Internationale, dans l’espoir d’y voir figurer un langage fort contre Nkunda. Rien ! Une seule phrase, d’une généralité absconse et d’un laconisme de sage bouddhiste : « Ouvrir des enquêtes sur les crimes atroces commis depuis juin 2003 dans les Kivus et poursuivre leurs auteurs ». Sans la moindre mention du nom de Nkunda. On croit rêver…
S’il est une chose qu’on a constatée en Afrique et en RDC, c’est que ce territoire est devenu le Far-West des ONG. Il y a bien des ONG qui aident à alléger la misère des gens, telle que « Médecins sans Frontières ». Mais il est d’autres ONG qui cherchent à enfoncer les Congolais dans la misère et qui sont des collaborateurs de facto des ennemis de la RDC. International Crisis Group rentre dans cette deuxième catégorie.
http://alexengwete.afrikblog.com/archives/2007/11/02/6745294.html
Posté par rwandanews