« De l’incohérence de la démarche de la communauté internationale » : c’est le titre d’un point de vue publié par le site d’information Guinée Conakry Infos . Guinée Conakry Infos qui relève que pour « l’opinion africaine, l’opération contre Kadhafi est de plus en plus discréditée et décriée. Beaucoup d’Africains, affirme le site, pensent que si la communauté internationale était exclusivement mue par des visées morales et de droits de l’homme, elle devrait commencer par la Côte d’Ivoire. Car là aussi, ce sont des hommes qui se meurent. (…) Mais en dépit de la présence des troupes onusiennes, les Ivoiriens continuent à s’entretuer, déplore Guinée Conakry infos, sans que personne ne soit inquiété. Comme cela a été pour le Rwanda, on a l’impression que la communauté internationale assiste en Côte d’Ivoire à la naissance d’une guerre civile dont les conséquences sont incalculables. Mais décidément les morts ne suffisent pas (…), s’indigne Guinée Conakry Infos. Aux violations des droits de l’homme, le dit pays devra également posséder des ressources stratégiques qui sont nécessaires à l’économie occidentale. C’est le cas de la Libye aujourd’hui. Ça a été le cas de l’Irak (…). »

Le pétrole, nerf de la guerre…

« Libye-Côte d’Ivoire : l’ingérence à géométrie variable », constate également l’hebdomadaire français Marianne . Un article repris par de nombreux site d’informations africains. « Certes Kadhafi utilisait des avions et des chars contre son peuple, mais cela fait désormais 4 mois que la crise couve en Côte d’Ivoire, s’exclame l’hebdomadaire français. Massacres, charniers, guerre civile, on parle de 500 morts, des milliers de blessés et des millions de déplacés. Bombarder Tripoli pour mieux ignorer Abidjan, cibler Kadhafi et épargner Gbagbo, telle est la ‘logique’ d’engagement des puissances occidentales. » Et Marianne de citer Christian Brazin, spécialiste des organisations internationales : « c’est normal, dit-il, la Côte d’Ivoire n’est pas ‘à deux heures de Paris’, elle ne borde pas la Méditerranée, elle n’est pas le pays d’en face avec 3% de la production mondiale de pétrole haut de gamme ».

Le pétrole, nerf de la guerre, c’est l’opinion également d’El Watan en Algérie. El Watan qui évoque une rencontre organisée par le colonel Kadhafi le 14 mars avec les ambassadeurs de Chine, de Russie et d’Inde, une rencontre qui « a, semble-t-il, accéléré la mise en place du dispositif d’intervention, affirme le quotidien algérien. Alors que les compagnies pétrolières internationales quittaient la Libye à la suite de l’aggravation de la situation sécuritaire dans le pays et que la production de pétrole s’est retrouvée pratiquement à l’arrêt, précise El Watan, Kadhafi aurait invité les compagnies pétrolières de ces pays, Chine, Russie et Inde, donc, à venir exploiter le pétrole libyen. Cette offre directe a donc scellé le sort du colonel. »

Pour le quotidien algérien, l’objectif des bombardements occidentaux est en fait la chute de Kadhafi : « un changement de régime, écrit-il, qui permettra aux compagnies pétrolières internationales d’éviter la nationalisation de leurs avoirs et de récupérer leurs investissements. »

Quelle solution en Côte d’Ivoire ?

La communauté internationale ayant les yeux braqués sur la Libye, c’est aux instances africaines de faire bouger les choses en Côte d’Ivoire ! C’est l’opinion de plusieurs médias ce mercredi qui attendent beaucoup de la réunion de la CEDEAO qui s’ouvre ce mercredi à Abuja au Nigeria. « Des décisions fermes sont attendues », s’exclame le Nouveau Réveil à Abidjan. « Il s’agira pour l’organisation ouest-africaine de prendre des mesures draconiennes pour l’installation du président élu Alassane Ouattara. Ce qui suppose le départ sans délai et sans condition de Laurent Gbagbo, le sortant qui s’accroche toujours au pouvoir depuis la fin du second tour de la présidentielle. »

Alors, s’interroge Le Pays au Burkina : « l’organisation se contentera-t-elle de réitérer des positions comme la reconnaissance de la victoire d’Alassane Ouattara au second tour de l’élection présidentielle ou franchira-t-elle enfin le Rubicon ? (…) Après l’échec de la voie diplomatique et pacifique, on ne voit plus une autre solution si ce n’est l’option militaire, estime le quotidien burkinabé. Aujourd’hui, la guerre civile est là, affirme-t-il (…). Ladite intervention militaire est plus que d’actualité (…). On se retrouve dans une situation où il faut agir pour éviter la chienlit. »

Enfin cette interview du chanteur ivoirien Alpha Blondy au site d’information Slate Afrique , interview reprise par de nombreux quotidiens abidjanais ce mercredi matin : « attention le Rwanda nous guette », prévient le reggaeman. Malgré tout, d’après lui, une sortie pacifique de la crise est encore possible : « il faut mettre un terme à cette bestialité qui déchire notre pays. Je demande au camp Ouattara de relancer les discussions avec le camp Gbagbo. Il faut qu’il propose de débloquer les fonds de Gbagbo et de ses proches, affirme Alpha Blondy, de dégeler leurs avoirs et de voir comment lever les sanctions. Il faut repartir vers Gbagbo et faire des propositions de départ du pouvoir. »

 

http://www.rfi.fr/emission/20110323-une-plus-plus-questions-propos-cote-ivoire-libye

Posté par rwandanews