Bonjour Jeanine,
Comme vous je suis dérouté par cette exhumation d’une plainte, vielle de deux ans, que l’on vient de réactiver à Paris. Comme par hasard, c’est à l’approche de la commémoration du génocide des Tutsi que cette plainte en diffamation refait surface dans les médias. La coincidence ne vous a pas échappé. Nous en avons l’habitude.
Finalement, c’est d’ailleurs la seule explication plausible de ce rebondissement. Mais c’est aussi la preuve que les vrais arguments commencent à manquer pour distraire l’opinion publique de cette commémoration et du rappel des turpitudes, commanditées et soigneusement dissimulées en France par le gouvernement de l’époque.
Ceci dit, cette plainte en diffamation des militaires francais de l’opération Turquoise, c’est une arme à double tranchant. Elle peut très facilement se retourner contre ses initiateurs. Je ne suis pas juriste de formation. Mais je sais tout de même que le délit de diffamation n’est constitué que si le plaignant est en mesure de prouver qu’on lui a faussement attribué des actes ou des propos qu’il n’a jamais commis ou tenus en public. C’est donc au plaigant qu’il incombe d’en faire la preuve.
Quant à l’éventualité d’intenter une telle plainte contre l’Etat rwandais, auteur et source du communiqué litigieux, ce serait une véritable aubaine pour le régime de Kigali. Cela lui ouvrirait la porte toute grande pour venir étaler, devant l’opinion publique, l’ensemble des preuves qu’il détient sur l’implication de la France officielle dans la conception, la planification et l’exécution du génocide au Rwanda en 1994.
Gaétan Sebudandi