Le compte à rebours a commencé : dans sept mois, en principe, la République démocratique du Congo connaîtra de nouvelles élections.
Depuis le week end dernier, la CENI (Commission électorale nationale indépendante) dirigée par le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, est réunie en « conclave » à Lubumbashi pour mettre au point le futur calendrier électoral et définir la liste des défis à relever.
Ces derniers sont d’ordre financier, technique et politique. En effet, compte tenu des difficultés de transport rencontrées par les électeurs voici cinq ans, le pasteur Ngoy Mulunda veut augmenter de 30% le nombre de centres d’inscription, portant leur nombre à 12.000, ce qui entraînera l’acquisition de plusieurs milliers de kits électoraux supplémentaires. En outre, le fichier électoral doit être revu, non seulement en raison du boom démographique et de l’arrivée de nouveaux électeurs mais aussi parce que dans les deux Kasaï, fief historique d’Etienne Tshisekedi, les demandes d’enrôlement sur les listes électorales représentent déjà 140 % des chiffres de 2006, où l’UDPS avait lancé des consignes d’abstention.
Les futures élections risquent donc de coûter plus cher encore que les précédentes, où la communauté internationale (Union européenne et Etats unis) avait largement financé un budget de 550 millions de dollars. Cette fois les montants prévus pourraient dépasser les 700 millions de dollars et le gouvernement a déjà mis sur la table, en plus de sa contribution initialement prévue, 5 millions qui devront permettre d’acheter de nouveaux kits électoraux.
Au delà des problèmes techniques, ce sont les modifications d’ordre politique qui mobilisent surtout l’attention.
On sait déjà que, au nom de raisons budgétaires, le suffrage présidentiel à deux tours a été remplacé au profit d’un scrutin majoritaire à un tour. En réalité, l’entourage du chef de l’Etat semblait redouter un « scénario à l’ ivoirienne » où l’opposition, toutes tendances confondues, se serait ralliée sur le nom d’un seul candidat pour faire échec au président sortant. Cette « alliance sacrée » pourrait apparaître dès le premier tour, mais il semble peu probable que des hommes comme Etienne Tshisekedi, Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba soient prêts à se retirer au profit d’un rival.
Même s’il passe au premier tour avec une avance confortable sur ses adversaires, le président risque cependant d’être confronté à une majorité parlementairequi lui serait hostile. C’est pourquoi il est question de découpler les élections présidentielle et législative : lors d’un séminaire réunissant les plus hauts responsables de l’Etat, le 14 mars dernier, il a été envisagé d’organiser l’élection présidentielle à la date prévue, les élections législatives se tenant début 2012. Avec l’effet d’entraînement escompté : les électeurs voleraient au secours de la victoire et conforteraient les candidats de la majorité présidentielle.
Quant aux élections locales, qui permettraient aux électeurs de sanctionner les élus locaux et de concrétiser la décentralisation, elles viendraient en queue de peloton, ce qui renforcera dans l’immédiat la main mise du pouvoir central sur les provinces.
Par ailleurs, les rangs se resserrent autour du chef de l’Etat : voici cinq ans, pour l’emporter contre Jean-Pierre Bemba et gagner des voix dans l’Ouest du pays, Kabila avait été obligé de nouer des accords politiques avec plusieurs autres formations, dont l’UDEMO (Union des Mobutistes) dirigée par Nsanga Mobutu, fils de l’ancien président, le Parti lumumbiste unifié, d’Antoine Gizenga , le RDC ML (Rassemblement congolais pour la démocratie-mouvement de liberation) de Mbusa Nyamwisi. Même si les accords ont tenu durant toute la législature, (où le premier ministre issu du Palu est resté au pouvoir contre vents et marées, une constance qui peut faire réfléchir en Belgique…)ces ralliements de circonstance, tous motivés par le partage du pouvoir, ont fini par rendre peu lisible l’idéologie de la « famille présidentielle ». Ils ont aussi permis la réhabilitation et la montée en influence de nombreux mobutistes et ouvert la voie à la circulation d’ « enveloppes » afin de convaincre les hésitants et les tièdes…
Dorénavant, l’AMP sera remplacée par une coalition plus serrée, la « majorité présidentielle » (MP), qui sera dirigée par un « bureau politique ». Même s’il s’agit de définir plus nettement le profit idéologique des alliés du président, il faut se méfier de la portée symbolique des sigles : le MP de Kabila n’est plus séparé du MPR (Mouvement populaire de la révolution) de Mobutu que par une seule consonne…
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Posté par rwandaises.com