Quel fut le déroulement de la « fin de partie » de Laurent Gbagbo et de proches, qui s’est jouée le lundi 11 avril dans le palais présidentiel d’Abidjan, bombardé par la force française Licorne et attaqué par les militaires de Alassane Ouattara ?
Les premières images, filmées à bout portant, ont montré un homme amaigri, son épouse terrorisée, faits prisonniers dans un salon où ils se terraient avec des dizaines de membres de leur famille et de leur entourage. On était loin du « bunker » dont parlait la presse, évoquant une cave de béton où le « président rebelle » se serait réfugié, doté d’un véritable arsenal et surtout de réserves de nourriture qui lui auraient permis d’encore tenir de nombreux jours. Pour renforcer cet imaginaire, la Télévision de Côte d’Ivoire (TCI, pro Ouattara) avait diffusé, la veille de l’assaut final, le film « La Chute » retraçant les dernières heures de Hitler, retranché dans son bunker berlinois avec sa compagne Eva Braun. En réalité, lorsque Gbagbo et les siens furent emmenés à l’hôtel du Golf ils apparurent épuisés, ayant été frappés par des coups de crosse (le ministre de l’Intérieur Désiré Tagro avait été frappé à la mâchoire et devait décéder quelques heures plus tard…). Les captifs étaient aussi affamés, y compris les enfants en bas âge et tous affirmèrent que les réserves étant épuisées, ils n’avaient plus rien mangé depuis plusieurs jours…
Quant aux conditions de la capture de Gbagbo et les siens, plusieurs versions se succédèrent : dans un premier temps, les journalistes présents répercutèrent le fait que les « forces spéciales » françaises se seraient emparées de l’ancien président. Cette version fut rapidement corrigée lorsqu’il apparut plus politiquement correct de dire que les Forces républicaines (FRCI) de Ouattara avaient mené l’opération, sans assistance étrangère autre que… le bombardement intensif des lieux par les hélicoptères français. Le fils de Laurent Gbagbo, Michel, de nationalité française, a décrit la terreur des dernières heures dans un entretien avec Le Figaro : « les hélicoptères ont tapé toute la nuit. On a reçu au moins trente bombes. Dimanche vers 11 heures, un incendie a éclaté. C’était petit, on pouvait tenir. Puis les hélicoptères sont revenus. Cette fois, le feu a pris dans toute la villa. Dehors, il n’y avait plus de soldats. J’ai pris un de mes vieux T shirts pour faire un drapeau blanc et on a attendu qu’ils viennent sans savoir ce qui allait se passer.»
Selon lui, c’est donc pour échapper à l’incendie déclenché par les bombardements que Gagbo et les siens se sont rendus, les tirs français ayant éventré le bâtiment avant de l’encercler avec une trentaine de blindés.
Les forces de Ouattara, qui avaient déjà tenté trois assauts infructueux, ont alors pu pénétrer dans la résidence.
De passage à Bruxelles, Alain Toussaint, le représentant en Europe de Gbagbo, qui était en relation avec le palais présidentiel assiégé, a donné une autre version des évènements. Il a rappelé que, « du temps de l’ancien président Houphouet Boigny, un tunnel reliait le palais présidentiel à la résidence de l’ambassadeur de France, de l’autre côté de la rue. En 2004, Laurent Gbagbo décida de murer ce souterrain par une sorte de dalle de trente centimètres. Mais durant le siège, les forces spéciales françaises firent sauter ce mur et s’engouffrèrent dans le bâtiment via les sous sol. C’est grâce à cette intervention que le président Gbagbo se retrouva finalement entre les mains des Français qui le remirent ensuite aux FRCI… »
Depuis lors, Alain Toussaint n’a plus eu aucun contact avec son chef : « il a été emmené dans le fief des rebelles, à Korhogo, où il a droit à une minute de communication téléphonique par jour. Selon nos informations, il ne s’alimente pratiquement plus et est victime de mauvais traitements. Je crains le pire. »
Une pétition a été lancée en France en faveur de l’ex-président ivoirien.
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Posté par rwandaises.com