Harmonisation entre les Congo : Sassou fait le premier pas / La décrispation

Le président Joseph Kabila s’est entretenu en tête-à-tête vendredi 15 avril 2011 au Palais de la nation, avec son homologue congolais, Denis Sassou Nguesso, en visite de travail à Kinshasa de 10H00 à 13H00.

« Dans le cadre des relations fraternelles et de bon voisinage, les deux chefs d’Etat ont débattu, en tête-à-tête, des sujets d’intérêt commun, y compris les problèmes de sécurité, les questions de coopération et d’assistance mutuelle et le renforcement des liens séculaires. Les entretiens se sont déroulés dans un climat de convivialité et de grande fraternité », renseigne le communiqué lu à 12H30 par Alexis Thambwe Mwamba, ministre des Affaires étrangères de la RDC.

Arrivé à Kinshasa par hélicoptère qui a atterri à 10H00 dans les jardins du Palais de la nation en provenance de Brazzaville, le chef de l’Etat congolais a exprimé, au nom de sa délégation comprenant 88 personnes, « sa haute appréciation » au président Joseph Kabila « pour la chaleur et la haute qualité de l’accueil qui lui a été réservé ».

Interrogé par la presse à l’issue de l’entrevue sur la demande d’extradition du général Faustin Munene et du chef insurgé Udjani formulée par la RDC auprès du Congo, Thambwe Mwamba s’est voulu explicite. « Les deux chefs d’Etat ont eu un tête-à-tête qui a duré plus de deux heures. Toutes les questions, à commencer par celles qui fâchent, ont été débattues. Elles ont des aspects techniques qui ne doivent pas nécessairement être mises à la disposition du grand public, pour le moment », a-t-il précisé.

Pour rappel, les relations entre la RDC et le Congo se sont tendues davantage à la suite de l’attaque de la résidence officielle du président Joseph Kabila par des « insurgés venus du fleuve Congo », le 27 février 2011. En réaction, Kinshasa a rappelé six de ses onze diplomates en poste à Brazzaville, dont l’ambassadrice.

La décision de la RDC a été aussitôt suivie par une audience du ministre Thambwe accordée à l’ambassadeur du Congo ainsi que par deux visites à Kinshasa des délégués de Brazzaville, y compris le ministre congolais des Affaires étrangères et de la Coopération, Basile Ikouebe.

S’agissant du retour dans la capitale congolaise de l’ambassadrice de la RDC, Alexis Thambwe Mwamba a répondu que « le ministère des Affaires étrangères verra à quel moment il faudra envisager de le faire », soulignant que « la question n’est pas de savoir si l’ambassadeur doit rentrer ou bien s’il faut envoyer un autre ambassadeur ».

En fait, les « questions qui fâchent » ont été examinées lors de la deuxième session de la commission spéciale de défense et sécurité entre la RDC et le Congo, tenue à Kinshasa les 9 et 10 mars 2011. Elle a pris des résolutions portant, notamment sur les cas Munene et Udjani, les incidents du 27 février 2011 et la présence des militaires de la RDC « ayant trouvé refuge » au Congo.

A la demande de la RDC « de se faire remettre le général Faustin Munene et Mangbama Lebsse, alias Udjani, pour y purger sa peine pour le premier et se présenter devant son juge naturel pour le second », le Congo, « après échange », lui a « proposé de mettre en œuvre les mécanismes prévus par les textes liants les deux Etats, qui permettront au mieux des intérêts des deux peuples, la résolution de ces questions ».

« S’agissant des incidents survenus à Kinshasa le 27 février 2011, au stade actuel des investigations, l’implication des services ou d’une autorité de la République du Congo n’est pas établie », a constaté la commission spéciale de défense et sécurité.

A propos de la « présence des militaires de la RDC ayant trouvé refuge en République du Congo, notamment des combattants ex-FAZ et ex-DSP » et qui constitue une « préoccupation majeure sur le plan sécuritaire dans les relations entre les deux Etats », les deux délégations ont « résolu d’y apporter une solution définitive sur la base du plan attendu de la part de la République démocratique du Congo ».

Tout compte fait, le tête-à-tête Kabila-Sassou doit être considéré comme un signal fort dans le processus d’harmonisation des relations entre la RDC et le Congo. Et comme l’a assuré le ministre Thambwe Mwamba, « deux chefs d’Etat ne peuvent pas se réunir sans qu’il en sorte quelque chose de positif, de très positif ».

Le président Sassou était accompagné des ministres des Affaires étrangères et de la Coopération, Basile Ikouebe, de l’Intérieur et de la Décentralisation, Zéphirin Mboulou, de celui à la Présidence chargé de la Défense nationale, Charles Bowao.

La délégation de la RDC était composée du vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Adolphe Lumanu Mulenda Bwana N’Sefu, du ministre des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba, ainsi que de celui de la Justice et des Droits humains, Luzolo Bambi Lessa.

Encadre

Ministre des Affaires étrangères

Thambwe Mwamba : « Toutes les questions, à commencer par celles qui fâchent, ont été débattues »

Le ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo, Alexis Thambwe Mwamba, a salué l’amélioration sensible des relations avec la République du Congo. « C’est tout à fait normal qu’à partir du moment où deux chefs d’Etat se rencontrent, qu’on puisse aller dans un processus d’amélioration », a-t-il déclaré à la presse. Pendant plus de deux heures, les deux chefs d’Etat ont débattu de « toutes les questions, à commencer par celles qui fâchent ». Entretien.

De quoi ont discuté les deux délégations ?

Ce n’est pas nous qui avons discuté, ce sont les deux chefs d’Etat qui ont discuté. Ils ont eu un tête-à-tête qui a duré plus de deux heures. Et pendant ces deux heures, ils ont discuté des questions de bon voisinage, des questions qui sont liées à la sécurité entre nos deux pays, des questions de la coopération, de l’entraide. Ils ont discuté de toutes les questions qui intéressent nos deux pays.

Est-il sorti quelque chose de positif du tête-à-tête Joseph Kabila-Denis Sassou N’Guesso ?

Absolument. Deux chefs d’Etat ne peuvent pas se réunir sans qu’il en sorte quelque chose de positif, de très positif. Ils ont abordé toutes les questions, qu’il s’agisse des questions de coopération, qu’il s’agisse des questions d’entraide. Le tête-à-tête a duré plus de deux heures. C’est tout à fait normal qu’à partir du moment où deux chefs d’Etat se rencontrent, qu’on puisse aller dans un processus d’amélioration.

Qu’en est-il de la question qui fâche, celle de l’extradition du général Munene et de Udjani ?

Toutes ces questions, à commencer par celles qui fâchent, ont été débattues. Elles ont des aspects techniques qui ne doivent pas nécessairement être mises à la disposition du grand public, pour le moment.

Faudra-t-il encore attendre?

Je vous dis que toutes ces questions ont été abordées, elles vont suivre le processus technique normal.

A quand le retour de Mme l’ambassadrice au Congo-Brazzaville ?

Toutes ces questions ont été abordées, et le ministère (des Affaires étrangères) verra à quel moment il faudra envisager de le faire. La question n’est pas de savoir si l’ambassadeur doit rentrer ou bien s’il faut envoyer un autre ambassadeur.

Par Le Potentiel

EDITORIAL: La décrispation

Encore une fois, le dialogue vient de prouver ses vertus. Assombri depuis plusieurs semaines, le ciel qui couvre les deux Congo vient de s’éclaircir. Cela grâce à la visite que le président Denis Sassou N’Guesso a effectuée vendredi à Kinshasa à la tête d’une forte délégation.

Il a rencontré en tête-à-tête son homologue Joseph Kabila avant la séance plénière des deux délégations. « Les entretiens se sont déroulés dans un climat de convivialité et de grande fraternité », note le communiqué final signé par les deux ministres des Affaires étrangères, en l’occurrence Alexis Thambwe Mwamba de la RDC et Basile Ikouebe du Congo.

Il faut de go relever que ce déplacement de Kinshasa de Denis Sassou N’Guesso aura été le baume tant attendu pour calmer les frissons qui avaient ébranlé les deux rives du fleuve Congo.

« Dans le cadre des relations fraternelles et de bon voisinage, les deux chefs d’Etat ont débattu, en tête-à-tête, des sujets d’intérêt commun, y compris les problèmes de sécurité, les questions de coopération et d’assistance mutuelle et le renforcement des liens séculaires », lit-on dans le communiqué final.

Même si ce document ne le dit pas de manière expresse, il n’est pas exclu que les sujets qui fâchent aient été abordés par les deux chefs d’Etat et qu’un modus vivendi ait été trouvé. Il s’agit, entre autres, du refus de Brazzaville d’extrader des sujets congolais poursuivis par la justice congolaise. Cas du général Munene et de l’ex-chef rebelle enyele Undjani. La goutte qui a fait déborder le vase est tombée lors d e l’attaque le 27 février dernier de la résidence du chef de l’Etat Joseph Kabila et d’autres sites stratégiques.

Il n’en fallait pas plus pour que le gouvernement congolais rappelle son ambassadeur de la RDC à Brazzaville. D’où, le gel des relations diplomatiques entre les deux pays frères.

Ce froid qui avait étreint les dirigeants de part et d’autre a disparu grâce au réchauffement consacré par la rencontre au sommet. Cela suppose que tous les malentendus ont pu être dissipés. L’absence des textes pourra être comblée au niveau des experts des deux pays et qu’à l’avenir des problèmes juridiques ne se poseront plus.

Ne dit-on pas que mieux vaut prévenir que guérir ? L’occasion est offerte à la partie congolaise d’anticiper et non de toujours subir les événements. « Des relations séculaires » ont failli voler en éclat à cause de ce détail du droit international humanitaire.

Ce qui est vrai c’est que les deux capitales les plus rapprochées du monde ont convenu d’enterrer la hache de guerre et de repartir du bon pied. La coopération bilatérale a joué et gagné. L’ère est à la décrispation.
Par Le Potentiel

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Posté par rwandaises.com