Nous sommes tous des Africains… Les recherches ont déjà apporté des preuves (fossiles de crâne, ADN), que l’homme moderne est originaire d’Afrique. Cette fois-ci, c’est une étude linguistique qui va dans le même sens: le berceau des langues parlées se situerait au sud de l’Afrique.

Les 6.000 langues du monde moderne descendraient, selon les travaux de Quentin Atkinson (publiés dans Science), d’une unique langue ancestrale parlée par les premiers hommes d’Afrique, il y a 50.000 à 70.000 ans, souligne The Wall Street Journal.

Cette découverte est surprenante, signale The New York Times. En effet, comme les mots changent très rapidement, les linguistes expliquent généralement que l’on ne peut remonter trop loin dans le temps. Jusqu’à présent, la généalogie d’une langue (en anglais language tree) la plus poussée concerne la famille indo-européenne (à laquelle appartiennent le français et l’anglais, par exemple) et remonte à 9.000 ans.

Atkinson, psychologue évolutionnariste néozélandais, a repoussé cette barrière en étudiant non pas les mots mais les phonèmes (c’est-à-dire les consonnes, les voyelles et les tons qui sont les éléments les plus simples de la langue et qui permettent de distinguer deux mots).

Sa recherche se fonde également sur une idée empruntée à la génétique des populations connu sous le nom d’«effet fondateur», raconte The Wall Street Journal. Ce principe veut que lorsqu’un très petit nombre d’individus se détache d’une plus grande population, il y a une perte graduelle de la variation génétique et de la complexité dans le groupe qui est parti.

Selon Atkinson, on peut appliquer cette théorie au langage (ce qui est contesté par d’autres linguistes, relève The New York Times).

En étudiant 504 langues, Atkinson a constaté que c’est en Afrique que l’on trouve les dialectes utilisant le plus de phonèmes, tandis que ceux qui en utilisent le moins sont localisés en Amérique du Sud et dans les îles tropicales du Pacifique. Ainsi, plus les peuples se sont éloignés de l’Afrique, plus leurs langues ont «perdu» des phonèmes.

The Roots (qui fait partie du Slate Group), consacre également un article à cette découverte. John McWhorter souligne qu’Atkinson s’est particulièrement intéressé aux langues qui utilisent des «clics» (c’est-à-dire un son produit avec la langue ou les lèvres sans l’aide des poumons).

Les langues khoïsan, parlées en Afrique australe (Botswana, Namibie, province du Cap-du-Nord d’Afrique du Sud, Angola méridional) sont celles qui utilisent encore aujourd’hui le clic comme phonème.

Ce qui rend le clic intéressant dans cette étude, ce n’est pas combien il est utilisé par les langues, mais au contraire combien il est dorénavant très peu utilisé, sauf par ces langues khoïsan.

Et si ces langues ont plus de sons que toutes les autres au monde, on peut alors supposer que c’est d’elles que sont originaires toutes les autres.

Sohini Ramachandran de l’Université Brown, qui étudie la génétique des populations et l’évolution humaine, réagit sur New Scientist:

«C’est une idée forte. La langue est une chose qui s’adapte tellement qu’il est logique d’avoir une origine unique avant la sortie de l’Afrique. C’est aussi une belle confirmation de ce que nous avons vu dans les précédentes études génétiques. Les processus qui ont façonné la variation génétique de l’être humain peut aussi avoir des traits culturels.»

http://www.slate.fr/lien/36947/afrique-origine-langue-atkinson

Posté par rwandaises.com