Tous les contours de la visite du Président rwandais Paul Kagamé, en septembre prochain, ne sont pas réglés. Mais ce déplacement suscite déjà de nombreux commentaires, en dépit de son caractère symbolique. Les deux pays malgré tout, souhaitent un rapprochement et une normalisation de leurs relations après des années de discorde.
Le chemin de la normalisation des relations franco-rwandaises, est encore long. Il n’est pas exclut que surgissent de nouvelles tensions entre les deux pays. Officiellement, Paris affirme que la visite annoncée du président Paul Kagamé, n’est qu’une «réponse à la visite de Nicolas Sarkozy à Kigali en 2010». Pour l’instant, les responsables rwandais prennent leur temps avant de communiquer lz date de la visite. Il reste bien des détails à régler avant le déplacement sur Paris, de l’un des rares Chefs d’Etat africains encore en fonction, qui ne cachent pas leur antipathie pour la France colonisatrice et ses dirigeants.
Le 19 juillet dernier, Louise Mushikiwabo et Henri de Raincourt, respectivement Ministre rwandais des Affaires étrangères et Ministre français de la coopréation ont entamé, les préparatifs de cette visite à laquelle Paris tient. Dépoussiérer ces relations diplomatiques, permettrait de tourner définitivement les pages des années de tension et d’incompréhension entre les deux pays.
Difficile réconciliation franco-rwandaise
En avril et juin 1994, plus de 800.000 rwandais, la plupart issues de la minorité tutsi, ont été massacrés par des miliciens hutu et des militaires de l’ex-Armée rwandaise, à en croire l’Onu. L’initiative d’une enquête judiciaire concernant le génocide impliquant des dignitaires du régime actuel, provoquera la colère du pouvoir de Kagamé. S’en suivra, la rupture diplmoatique entre les deux pays, de 2006 à 2009. En 2010, Nicolas Sakozy effectuera une visite d’amitié et de travail au Rwanda. Le chef de l’Etat dans un souci de tourner définitivement la page des années de tension, avouera qu’une «forme d’aveuglement» n’a pas permis à son pays, de percevoir à temps, «la dimension génocidaire» du régime qu’elle soutenait à l’époque. Malgré cela, entre Kigali et Paris, l’entente ne sera pas cordiale.
Si Paris tient et à pacifier et normaliser ses relations avec le Rwanda, c’est pour des raisons géostratégiques. Le Rwanda malgré la taille de son territoire et le nombre de sa population reste une force militaire redoutée dans la région des Grands Lacs. L’influence de la République Démocratique du Congo, n’est plus ce qu’elle était sous Mobutu. Paris, dans souci d’asseoir son influence dans cette région de l’Afrique, a besoin d’un allié charismatique sur qui s’appuyer. Paul Kagamé pourrait donc bien faire leur affaire dans la région. Seulement, le Chef de l’Etat rwandais est un insoumis. Un panafricaniste qui n’aime pas la France, sa politique étrangère et ses méthodes néo coloniales. Et il le fait savoir. Kagamé n’a pas froid aux yeux et Sarkozy le sait. Paul Kagamé ne s’exprime jamais en français quand bien même il comprend et parle français. De surcroît son pays est francophone…
Reste le cas Juppé
Le départ de Bernard Kouchner du Quai d’Orsay, n’as pas aussi arranger les choses. L’ancien patron de Médecins Sans Frontières avait œuvré pour le rapprochement franco-rwandais, jouant de sa notoriété d’ancien humanitaire pour parvenir à un début de retour à la normal. Ce qui complique et a envenimé les choses, c’est la raideur d’Alain Juppé, qui en 1994, était à ce même poste des Affaires étrangères, dans un autre Gouvernement. En mars dernier, quand il a été nommé à ce poste, Juppé a été clair. Il a affirmé qu’il n’a aucune intention, « ni de serrer la main à Kagamé, ni de se rendre au Rwanda, tant que ce pays continuerait d’accuser la France de complicité avec le régime génocidaire d’Habyarimana. En effet, Alain Juppé et d’autres personnalités avaient été cités dans le rapport d’une commission d’enquête rwandaise en 2008, et qui accusait la France de «participer» au génocide. Sa force militaro-humanitaire baptisée était en 1994 au Rwanda lors des faits.
Lors de sa visite de travail à Paris pour préparer le prochain voyage de Paul Kagamé, Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, n’a pu travailler qu’avec Henri de Raincourt, le ministre français en charge de la coopération. Le Quai d’Orsay aurait prétexté un hasard de calendrier pour expliquer l’absence d’Alain Juppé qui pourrait être absent, lors de la visite de Kagamé en septembre.
Paul Kagamé a fait savoir combien ce déplacement lui « tenait à coeur » et que «la France ne se résume pas à Alain Juppé». Le pouvoir français relativise et affirme plutôt qu’il faut, «essayer de dépasser les problèmes de personnes au nom de la raison d’Etat». Paris en appelle donc à la bonne volonté des uns et des autres.