Publié par Jovin Ndayishimiye
- Ces guerriers sont parfaitement incompris par la Communauté internationale. Mais cela se comprend. Tous les mouvements armés naissent dans un climat tendu car ils viennent bouleverser l’ordre des choses avec des retournements de situations. Or le capitalisme n’aime pas de tels changements brusques.
Beaucoup d’intérêts sont violés ou ils en souffrent sérieusement. Le M23, en prenant Goma, chef lieu de la Province du Kivu, par les armes, semble déterminé à revoir la copie du mode de gestion de cette province. Cela peut nuire à beaucoup de protagonistes y compris le Conseil de Sécurité des Nations Unies qui a tracé schéma précis pour la stabilisation de la RDC.
“La région du Nord Kivu a toujours été caractérisée par des tensions ethniques interminables. Ces tensions ne se sont jamais estompées depuis l’époque de Mobutu. Personne n’y a tiré attention. Même la Communauté internationale avait son attention ailleurs. Voilà le résultat. La prise de Goma par des mutins des forces armées congolaises !”,déclarait en cette soirée du 20 novembre sur ALJAZEERA, un certain Yussa Buvingye. Le débat était particulièrement assez animé. Beaucoup d’intervenants s’accordaient à dire qu’ “après tant d’années de détresse, de guerres interminables, l’insécurité régnant au quotidien malgré la présence des Casques Bleus, les peuples du Kivu doivent décider eux-mêmes de la gestion de la société’’.
Les maîtres de Kinshasa, eux, ne décolèrent pas. Ils accusent le Rwanda d’être derrière les déboires de l’armée congolaise. Même la France, sans citer personne, fait adopter une résolution du Conseil de Sécurité condamnant les mutins du M23 et se promet de “donner des preuves que des pays étrangers soutiennent ces rebelles”. Le texte, proposé par la France, doit être adopté ce mercredi 21 novembre. Cette résolution ne comporte pas de sanctions contre le Rwanda comme cela avait été envisagé.
Jusqu’où iront les M23, pourquoi luttent-ils ?
“Nous n’avons pas renoncé à notre droit de riposter”, promet Lambert Mendé, Porte-parole du Gouvernement congolais, aux M23 et au Rwanda qu’il accuse d’être derrière les mutins et lui prédit sur France 24 de ce 20 novembre qu’ “il ne dormira pas du tout sur ses lauriers”.
Pourtant personne ne veut comprendre le noeud du problème congolais et ses acquaintances avec principalement le Rwanda. Pour cela, la Communauté internationale ne comprendra pas non plus comment jeter de nouvelles stratégies pour préserver ses intérêts économiques et géostratégiques dans la région.
“Qu’ils continuent jusqu’à Bukavu (Chef Lieu du Sud Kivu). Nous avons assez enduré une situation d’incertitude caractérisée de la vie”, déclarait au micro du journaliste de France 24 en ce 20 novembre, un citoyen de Goma libéré par les M23. Ce dernier exprimait le dépit de ne pas être tranquille à cause du climat de xénophobie contre les Rwandophones qui régnait dans Goma et dans les autres régions du Nord Kivu.
Les médias internationaux ont beaucoup insisté sur le lot de déplacés internes, des réfugiés causés par cette guerre et de conditions inhumaines qu’ils vivent. Cela se faisait dans une tentative de montrer qu’il faut protéger des populations civiles contre les affres de la guerre.
Pourtant quand un événement pareil éclate, force est de constater que le vrai malheur qui est à l’origine des tracas du moment est passé sous silence. Il est carrément oublié. Passées sous silence, occultées sont les familles du Nord et du Sud kivu séparées depuis 1994, date à laquelle le mal ethnique rwandais ayant culminé au génocide des Tutsi, les présumés génocidaires ayant traversé la frontière congolaise, ils ont emporté avec eux la haine du tutsi ; qu’importe qu’il soit rwandais ou congolais.
Faut-il rappeler qu’au nombre des exigences des mouvements RCD/Rassemblement Congolais pour la Démocratie ou, plus tard, du CNDP/ Congrès National pour la Défense du Peuple et le tout nouveau M23, il a toujours été question de rapatrier les quelques 60.000 réfugiés congolais rwandophones entassés dans les camps du Rwanda et autant ou plus d’ Ouganda, du Burundi et d’ailleurs.
L’Etat congolais n’a jamais compris le drame de l’effet psychologique que vivent les congolais rwandophones dont les familles sont désarticulées et ou harcelées par des éléments étrangers en toute impunité. Ici on fait allusion aux méthodes sauvages et criminelles des Fdlr/Forces Démocratiques de Libération du Rwanda qui vont jusqu’à, s’ils ne tuent pas, couperles membres d’un citoyen qu’elles prennent pour ennemi ou collaborateur avec l’ennemi.
“Si Goma tombe, notre pays doit immédiatement suspendre l’aide au développement accordée au Rwanda et qui ne bénéficie pas directement à la population civile », a indiqué une sénatrice belge Nele Lijnen dans un communiqué.
Ici la sénatrice ne croit pas que les intrépides mutins que d’aucuns rangent dans une classe d’âge de 18 à 25 ans puissent voler de leurs propres ailes sans le soutien logistique de leurs cousins rwandais. Or les préoccupations des rwandophones congolais n’ont rien à voir avec celles du gouvernement rwandais, surtout que leurs parents sont des réfugiés qui croupissent dans la misère et l’infortune hors de leur pays alors qu’ils ont pu accompagner les Kabila pour Kinshasa.
Le Rwanda y trouve son compte aux dépens de la Communauté des Bailleurs de fonds Sans contredit, le Rwanda en particulier et les autres pays de la région sont intéressés à ce que ces mutins organisent l’Est du Congo où pullulent des mouvements armés étrangers qui posent de sérieuses menaces contre les régimes de leurs pays respectifs.
Les FDLR rwandaises écument essentiellement les provinces du Nord et du Sud du pays. Radio OKAPI onusienne en rapporte au quotidien leurs tristes forfaits. Il faut dire qu’ils n’y sont pas pour y rester. Toute occasion propice peut être exploiter pour rééditer leurs dangereux exploits comme ceux qu’ils ont fait montre dans la guerre des infiltrés de 1997 au Rwanda.
Du côté ougandais, les NALU-ADF/National Army for Liberation of Uganda-Allied Democratic Front sont également logées dans les forêts du Nord Kivu tout autant que le Sud Kivu héberge d’autres contingents des Fdlr et les FNL-Palipehutu/Forces Nationale de Libération burundaises.
La Communauté internationale craindrait-elle l’émergence d’un régime discipliné aux Kivus ?
On a vu qu’avec la décentralisation des institutions congolaises avec des gouvernements provinciaux fonctionnels. Satisfaire les exigences légitimes des mutins du M23 qui voudraient voir l’Est de la RDC sécurisé au point que les mouvements étrangers ne posent plus une menace, pour que leurs familles en exil rentrent dans leurs propriétés familiales, cela est-il un crime au point que la France recommande des sanctions contre ces jeunes rwandophones qui tiennent à leur congolité dans l’estime mutulle ? Quoi donc, comme ils viennent de démontrer leur combativité, s’ils pouvaient organiser l’Est dans sa gestion sécuritaire et administrative enfin de satisfaire et protéger les intérêts des bailleurs de fonds du Congo Démocratique ? Quoi donc s’ils pouvaient être à l’origine de la renaissance de l’Etat congolais fut-il unitaire ou fédéral ? A moins que les puissances qui se vautrent sur le Congo préfèrent avoir à faire avec un Etat qui dégringole vers sa faillite.
On comprenda donc que la venue d’un pouvoir fort dans tous ses angles est souhaité par les pays frontaliers avec l’Est de la RDC car, qu’il pleuve ou vante, il sera difficile de basculer le mode commercial de proximité pour que l’Est de la RDC se tourne vers sa métropole Kinshasa au lieu de places financières sûres que sont Kampala, Kigali, Bujumbura sur leur route vers Nairobi et Mombasa.
http://fr.igihe.com/politique/le-m23-sa-lutte-et-ses-aspirations-incomprises.html
Posté par rwandaises.com