Ci-dessus, Soldat de l’ONU dans un retranchement a Kibati à 12 km au Nord de Goma, à proximité immédiate du périmètre où l’armée congolaise et le M23 se sont affrontés fin mai (archive).
Résumé: le 21 mai l’avant-veille de l’arrivée de Ban Ki Moon à Goma, 5 roquettes tombent à 16H30 sur le camp de déplacés de Mugunga III. Le lendemain à 12H45 2 autres roquettes tombent sur le camp de Ndosho. Ces deux sites sont situés à l’ouest de la ville de Goma le long d’un axe stratégique qui dessert la capitale du Kivu. Après une période de flottement la rébellion du M23 est accusée d’être l’auteur des tirs meurtriers. Le M23 nie cependant cette version tardive. L’examen minutieux des faits démontre en effet la fragilité de la thèse officielle servie par les médias.
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Le 20 mai, après 6 mois de trêve, l’armée congolaise (FARDC) et les rebelles du M23 s’affrontent à 12 km au Nord de Goma dans la région de Kibati et Mutaho (voir la carte ci-dessous) suite à une provocation des FDLR (terroristes génocidaires). Les fait sont attestés par la Monusco (ONU au Congo) qui parle de l’utilisation par les deux camps de lance-roquettes et de mortiers. Les unités des FARDC entièrement rééquipées utilisent notamment des RPG 7 Basalt russes en mode antipersonnel (voir ici). La zone de Mutaho est située à 4 kilomètres au Sud-ouest des hauteurs de Kibati
Mais de l’aveu même de l’ONU une autre composante, aérienne celle-ci, intervient dans les combats. Il s’agit des mystérieux hélicoptères de combat des FARDC (armée congolaise). Selon la Monusco ces hélicoptères interviennent dès le 20 mai. L’hypothèse la plus vraisemblable désigne les deux MI25 d’origine russe en possession de l’armée congolaise (voir ici). Aucune source journalistique n’a enquêté sur ce point, les envoyés spéciaux généralement incompétents en matière militaire se contentent en effet de parler de « chopper » quel que soit le type d’aéronef.
Des hélicoptères habituellement basés à Bukavu au Sud Kivu ont pourtant été aperçus au dessus de Sake à l’ouest du camp de Mugunga comme le confirme l’agence Reuters. Ce camp réticulaire verrouille l’axe stratégique qui relie Sake et Goma.
La crainte que cet axe routier ne passe sous contrôle du M23 justifie explique l’intervention des aéronefs de l’armée congolaise capable de tirer des munitions (comme des roquettes S8 ou S5) sur des cibles situées à plusieurs km. Ces appareils de combat MI25, généralement utilisés en binôme avec les MI24 ukrainiens de la Monusco, se déplacent à 250 km/h et restent à distance prudente des théâtres d’opérations, hors de portée d’éventuel missiles sol-air ou de tirs d’armes automatiques. (On se souvient qu’en novembre 2012 les MI24 de la Monusco avaient tirés en 18 sorties rapprochées 500 roquettes dans la banlieue de Goma, officiellement sans aucune victime civile).
La distance qui sépare le camp de réfugié de Mugunga de la zone des combat Kibati/ Mutaho est de plusieurs km. Et la colline de Monigi au Nord de Goma où les journalistes ont été invités par l’ONU à « observer » les combats comme s’il s’agissait d’un sinistre kriegspiel, se trouve elle aussi à plusieurs km des camps de réfugiés de l’axe Sake/Goma et des zones de combats autour de Kibati. Cela n’empêche pas certains observateurs distants de soutenir avec aplomb être « des témoins visuels ». Poussés dans leur retranchement et compte tenu de l’invraisemblance du témoignage visuel, ils font référence à des rapports de l’ONU. Ces même rapports de l’ONU quand on les consulte renvoient à des témoignages d’ONG. Mais le jour des tirs l’ONG MSF présente dans les camps de réfugiés était incapable d’indiquer la source des tirs tout comme la Monusco elle-même dans ses premières déclarations. A noter que dans le même temps dans le feu de l’action, l’ensemble de la région fait l’objet d’une surveillance aérienne interrompue (sic) de la part de l’ONU. Cependant aucune image aérienne des combats n’est rendue publique. A notre connaissance, aucun éclat de roquette permettant l’identification forensique n’a été recueilli ce qui soulève de nombreuses interrogations.
Un examen approfondi de la situation sur le terrain laisse par ailleurs entrevoir que les unités de l’armée congolaise avaient contourné les positions du M23 et se trouvaient les 21 et 22 mai à l’Est de Mutaho, donc dans l’axe de tir de Mugunga et Ndosho…Un « détail » jusque là occulté.
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La carte ci-dessous montre le triangle équilatéral Goma, Mutaho, Mugunga dont chaque côté fait environ 10 km. Mugunga et Ndosho sont les camps de déplacés sur l’axe Sake-Goma. Mutaho est situé à 4 km au sud-ouest de Kibati selon l’ONU.
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La journaliste allemande Simone Schlindwein se trouve au cœur de la polémique. Elle a tout d’abord fait état de rapports établissant la responsabilité du M23 dans les tirs puis poussées dans ses retranchements a affirmé qu’elle était elle-même témoin visuel depuis la colline de Monigi située dans le faubourg nord de Goma (à plusieurs km des opérations) enfin en désespoir de cause, sous le fardeau de l’invraisemblance, elle indique que c’est le M23 lui-même qui lui aurait confirmé la chose. Ce que le M23 conteste formellement…
http://nanojv.wordpress.com/2013/06/02/mugunga-ndosho-bombardement/
Posté par rwandaises.com