Détérioration des relations entre la France et le Rwanda. Personne ne gagne mais qui a le plus à perdre et qui possède les meilleurs jokers?
A en juger par la rhétorique de l’Agence France Presse elle-même, la situation n’est pas brillante pour l’Hexagone « Au cœur du contentieux franco-rwandais figure le soutien de Paris et de son armée au régime Hutu rwandais, coupable du génocide » écrit l’AFP reprise ce soir par les grands médias français. L’effet est ravageur en Europe et pire encore de l’autre côté de l’Atlantique et Outre-Manche. Le 7 avril, lors de la 20ème commémoration du Génocide, le ministre des affaires étrangères britannique, accompagné de Tony Blair marchait dans les magnifiques avenues de Kigali avec le président du Rwanda et Shmuley Boteach’ l’un des rabbins sionistes les plus influents des USA. Shmuley qui, à la nuit tombée, a lancé l’anathème sur les complices du Génocide lors d’un discours enflammé au stade Amahoro devant des milliers de personnes subjuguées. Shmuley pour qui la France doit désormais se comporter vis à vis du Rwanda comme l’Allemagne vis à vis d’Israël. Period.
Le Gouvernement français au plus bas dans les sondages dans l’Hexagone écorne également sa crédibilité à l’international, sur la question très sensible du Rwanda. Et le déni, pour ne pas dire le révisionnisme, bruyant et maladroit de Paris, ne fait qu’aggraver les choses et ouvrir davantage la boîte de Pandore. Des intellectuels, des chercheurs, des politiques, interloqués se penchent chaque fois plus nombreux sur le dossier et découvrent avec effroi l’indicible.
Pour ne rien arranger le nettoyage ethnique en Centrafrique commence lui aussi à faire du bruit aux USA. Le passage de Bouckaert chez Amanpour a fait l’effet d’une bombe et de nombreuses ONG expriment publiquement leur dégout et leur colère sur la mauvaise gestion de cette nouvelle crise africaine dans le pré-carré hexagonal. En parallèle le Rwanda qui a déployé plus de 800 soldats d’élite en Centrafrique apparaît comme la seule force continentale respectée et susceptible d’apporter davantage de sécurité dans la zone. Même HRW traditionnellement critique envers Kigali, ne tarit pas d’éloge sur les exploits des RDF en Centrafrique.
Enfin le modèle Rwandais fait des émules en Afrique. Avec sa croissance soutenue, son armée forte, sa bonne gouvernance, sa diplomatie d’élite, son tropisme technologique, son organisation, son incorruptibilité, sa fermeté vis à vis des anciennes puissances coloniales, le pays de mille collines fait de plus en plus rêver l’Afrique. Un cauchemar pour Paris, qui voit des joyaux de la Françafrique se tourner avec intérêt et déférence vers Kigali.
C’est dans ce contexte qu’intervient la rencontre providentielle de Libreville. Et c’est pourquoi le président du Rwanda, siégeant de côté, en arbitre hiératique, affichait un sourire radieux, tandis que Fabius tendu et livide, faisait face à Bongo l’œil pétillant.
http://nanojv.wordpress.com/2014/05/23/france-rwanda/
Posted by rwandaises.com
Publié le 23 mai 2014