Enquête exclusive de la RPA
Selon une source proche des Imbonerakure du CNDD-FDD, le Service National des Renseignements burundais a conçu un plan pour décourager les défections au sein des camps militaires et montrer à l’opinion tant nationale et internationale que le pouvoir Nkurunziza maîtrise la situation.
Selon ce plan, témoigne une des recrues qui a préféré garder l’anonymat, des jeunes IMBONERAKURE devraient porter des uniformes militaires et se faire passer pour des rebelles. Par après, ils devraient être présentés à la presse poursuit la même source.
Cette information a filtré avant que le plan soit exécuté. Pour faire à cette situation, ajoute les sources de la RPA, les uniformes ont été ignorés et les « recrues » ont été présentées à la hâte à la presse en tenue civile ce lundi dans la province Cibitoke. Les informations à la disposition de la RPA disent que ces personnes présentées comme des combattants ont été recrutées dans les localités de RUGAZI et MUSENYI (province Bubanza), RUKARAMU et KIBUYE (province Bujumbura), KANYOSHA et KAMENGE (ville de Bujumbura), KABARORE (Kayanza) ainsi que dans les provinces de Cibitoke et Muyinga. A ceux-là s’ajoutent les manifestants anti-3ème mandat arrêtés par les services de sécurité.
Les identités de certains des « déserteurs » de la rébellion révélées par leurs proches
Ainsi, parmi les rebelles montrés au public lundi à la presse figurent 2 médecins et 3 militaires de l’armée burundaise. Ils ont été présentés comme des « rebelles » qui se seraient rendus. Mais des informations concordantes démontrent le contraire au vu de leur identité. Selon nos sources, le premier médecin s’appelle Gaspard NKENGURUTSE, le second Gonzague BIZIMUNGU. Gaspard a presté comme médecin à l’hôpital CMCK de Kinindo et Gonzague fut médecin à l’hôpital de Kinyinya dans la province Ruyigi avant d’aller travailler au Sud Soudan. Nos sources proches des familles de ces médecins affirment que les « les 2 praticiens ont été enlevés et étaient portés disparus jusque là ».
Parmi les militaires présentés au public ce même jour, selon toujours nos sources, le premier répond au nom de Vital NDAYISHIMIYE avec le grade de Sous-lieutenant et fait parti de la 42ème promotion de l’Institut Supérieur des Cadres Militaires ISCAM. Selon nos sources à l’ISCAM, NDAYISHIMIYE était considéré comme un agent de renseignement de la Présidence de la République. Le second militaire est le Caporal Déogratias NANGAME du Camp Ngagara. Il faisait partie de l’ancienne escorte assurant la sécurité du Général-Major Pontien GACIYUBWENGE ex-Ministre de la Défense Nationale, démis de ses fonctions après la tentative de coup d’Etat. Le troisième militaire est le Caporal-chef Emmanuel HITIMANA, ancien garde du corps du Général Godefroid NIYOMBARE ex-Chef du Service des Renseignements burundais. Apres l’échec du Coup d’Etat du 13 mai 2015 qui a vu par la suite la fuite du Général NIYOMBARE, nos sources précisent que le Caporal-chef HITIMANA s’était rendu en réponse aux appels à la reddition lancée par le Chef d’ Etat Major Général de l’armée.
Plusieurs des militaires soupçonnés d’être complices de la tentative de Coup d’Etat ont reçu d’intempestives mutations dans des camps militaires éloignés de la capitale Bujumbura. Parmi eux, certains disparaissaient de manière non élucidée en cours de route avant leur arrivée à destination du camp de mutation.
Une source bien informée nous révèle par ailleurs que certains ont été enlevés à mi-chemin puis déportés vers une destination inconnue ou ils reçoivent des intimidations afin de ne pas se voir éliminé ou radié des forces armées. L’objectif de ces intimidations étant d’utiliser ces hommes capturés pour démanteler la rébellion en gestation en acceptant de se faire passer pour des rebelles qui se rendent.
Aussi, une somme de dix million de francs burundais aurait été débloquée pour payer les personnes recrutées, à l’exception des manifestants, après l’opération. Une autre promesse faite à ces « recrues » était de les intégrer dans les corps de défense et de sécurité, renchérit notre source. Les armes présentées à la presse ce lundi par le Colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de l’armée, auraient été fournies par le Général Adolphe NSHIMIRIMANA, ancien patron du service des renseignements burundaisToutefois, l’armée burundaise n’a pas encore officiellement désigné l’identité de ce groupe « capturé » ni leur lieu de provenance ni leur objectif. Interrogé devant les caméras, le porte-parole Gaspard Baratuza a renvoyé les journalistes poser eux-mêmes ces questions aux hommes présentés à la presse comme des rebelles.
A ce propos, le Président de l’association APRODH déclare que tous les « rebelles » arrêtés n’avaient aucune arme en leur possession. Pierre Claver Mbonimpa révèle aussi que parmi ces personnes, beaucoup ont été acheminés dans des lieux inconnus par des agents du service National des Renseignements. Il informe également que le Parquet tente d’accélérer leur procès en les considérants comme des cas de flagrance. Pour rappel ce lundi, les Forces de défense nationale avaient présenté a la presse 171 personnes les qualifiant d’assaillants et un arsenal de 78 armes de toutes calibres. Le nombre de ces présumés rebelles s’élève ce jeudi a 225, selon l’Aprodh.