Un soldat burundais patrouille dans les environs de Bujumbura, le 28 juin.

Le lieutenant-colonel Edouard Nshimirimana, ancien officier supérieur de l’armée burundaise en charge du bureau des transmissions à l’Etat-major, a officiellement proclamé mercredi 23 décembre la naissance des « Forces républicaines du Burundi » (Forebu), une rébellion qui rassemblerait, selon l’ex-militaire, les principaux groupes armés opérant dans le pays. Son objectif : « chasser par la force [le président Pierre] Nkurunziza du pouvoir pour restaurer l’accord d’Arusha et la démocratie ».

Depuis la réélection contestée du chef de l’Etat pour un troisième mandat cet été, des insurgés ont plusieurs fois visé les forces de l’ordre à Bujumbura et en province. L’apparition d’une rébellion unie n’avait toutefois jamais été officialisée et on ignore si les Forebu font bien, comme le prétend Edouard Nshimirimana, la synthèse entre les différentes factions.

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Parmi ces groupes figure celui du général Godefroid Niyombare, ex-chef des services de renseignement, à la tête de la tentative de putsch avorté du 13 mai. Une autre formation est dirigée par Léonard Ngendakumana. Hussein Radjabu, ex- cerveau politique du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, a lui aussi pris les armes. Le plus « politique » de ces chefs de guerre, Alexis Sinduhije, ancien journaliste, jouit d’une immense popularité dans Bujumbura. Parmi les groupes passés aux armes, il serait celui aux effectifs les plus nombreux.

Des discussions prévues à Kampala

L’annonce de la création des Forebu intervient alors que le gouvernement burundais a montré ces jours-ci les premiers signes d’un fléchissement devant la pression de la communauté internationale, en acceptant de renouer le dialogue avec l’opposition.

Un premier round de discussions n’avait rien donné, la partie gouvernementale ayant décidé de se retirer, deux jours avant l’élection présidentielle de juillet. Le dialogue doit reprendre à Kampala le 28 décembre sous l’égide du président ougandais Yoweri Museveni, médiateur désigné par la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC), a confirmé à l’AFP le ministre de la défense ougandais : « Quatorze groupes y participeront, dont le parti au pouvoir, les partis d’opposition et la société civile. » On ignore si Pierre Nkurunziza sera présent.

Le Cnared, alliance regroupant les partis politiques et les membres de la société civile opposés au président, dont beaucoup vivent en exil, a indiqué mercredi dans un communiqué avoir « été invité ». Le gouvernement a toujours refusé jusqu’ici de discuter avec le Cnared, accusant ses membres d’être impliqués dans la tentative de coup d’Etat des 13 et 14 mai et d’être lié aux groupes armés. « Il s’agira avant tout de s’entendre sur la composition des participants », a indiqué un responsable de la majorité, rappelant qu’il « n’est pas question de dialoguer avec des gens qui ont opté pour la violence ».

Rejet d’une mission africaine au Burundi

L’Union africaine (UA) a décidé de déployer une mission de paix africaine au Burundi, la Maprobu, malgré les mises en garde de Bujumbura. Telle qu’elle a été présentée par le Conseil de paix et sécurité de l’UA, la force d’intervention dernière serait composée de 5 000 hommes déployés pour une durée de six mois renouvelables.

Le gouvernement burundais en a rapidement rejeté le principe et prévenu que si l’UA devait mener à bien ce déploiement sans son aval, la mission serait alors considérée comme une « force d’invasion et d’occupation ». Un courrier officiel a été diffusé mercredi, notifiant à nouveau le refus des autorités.

Le président tanzanien, John Magufuli, a appelé au « dialogue » et précisé que la question de la Maprobu serait un élément clé des négociations en Ouganda. Et son homologue kényan, Uhuru Kenyatta, a fait passer à Bujumbura un message condamnant « l’usage de la violence dans la poursuite d’objectifs politiques ».

Le président rwandais, Paul Kagame, a, pour sa part, écarté toute participation de troupes rwandaises à la mission de l’UA au Burundi. Mais il a affirmé qu’il essaierait de contribuer « sous une autre forme », sans préciser laquelle. Les relations entre le Rwanda et le Burundi sont au plus bas, Bujumbura accusant Kigali de soutenir la rébellion.

Signé en 2000 sous l’égide de Nelson Mandela, l’accord d’Arusha avait consacré un partage du pouvoir entre Hutu et Tutsi au Burundi, après une guerre civile qui opposa pendant près de vingt ans l’armée, majoritairement tutsi, à des groupes rebelles hutu.

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/12/24/une-rebellion-voit-le-jour-au-burundi-ou-les-groupes-armes-

Posté le 25/12/2015 par rwandaises.com