« Aucun signe de traumatisme » et « aucune raison de penser » que Prince s’est suicidé. C’est ce que révèle le rapport d’autopsie dévoilé par le shérif du comté de Carver.
La mort de Prince reste un mystère. Une trentaine d’heures après l’annonce de son décès brutal à 57 ans, les causes de la mort du chanteur restaient inexpliquées : aucun signe de suicide ou de traumatisme n’a été relevé par la police. « Nous n’avons aucune raison de croire à l’heure actuelle qu’il s’agit d’un suicide, le reste entre dans le cadre de l’enquête », a souligné Jim Olson, shérif du comté de Carver, interrogé sur l’éventualité d’un crime lors d’une conférence de presse vendredi. Il a ajouté qu’il n’y avait également « aucun signe de traumatisme ». La porte-parole du bureau du médecin légiste Martha Weaver a de son côté indiqué qu’« il n’y a aucune indication à ce stade » d’une overdose.
La mort du génie de la pop est entourée de rumeurs sur un possible abus de médicaments opiacés. Martha Weaver a fait savoir que le corps du chanteur avait été remis à ses proches, à l’issue d’une autopsie d’environ quatre heures dont les résultats devraient être connus dans plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Ce sont des employés de Prince qui ont alerté la police jeudi matin, quand ils n’ont pas réussi à le joindre, avant de retrouver son corps. Le shérif a encore précisé que le musicien avait été déposé la veille à 20 heures, heure locale, à Paisley Park, un gigantesque complexe où il avait notamment son studio d’enregistrement.
Un « passé médical et social »
Ses admirateurs affluaient encore en nombre devant cette propriété située près de sa Minneapolis natale, dans le nord des États-Unis, pour y déposer fleurs, messages et bougies. Dans une ambiance recueillie, familles et amis pour beaucoup vêtus de pourpre, la couleur fétiche de l’artiste aux multiples talents, évoquaient leur peine, certains déplorant les rumeurs entourant sa mort. C’est derrière ces grilles, dans l’ascenseur de sa propriété aux façades austères, qu’il a été retrouvé inconscient, avant d’y être prononcé mort jeudi à 10 h 7 (15 h 7 GMT).
Toutes les informations relevant du « passé médical et social » de Prince Rogers Nelson seront prises en compte, ont assuré les services de médecine légale de la région. Selon le site d’information sur les célébrités TMZ, qui avait le premier annoncé la mort de Prince, le chanteur aurait, six jours avant son décès, fait une overdose d’un médicament antidouleur très puissant, le Percocet, à base d’oxycodone, un opiacé. Selon ce site américain, l’avion privé de Prince avait opéré un atterrissage d’urgence le 15 avril à Moline dans l’Illinois quelques heures après un concert. D’abord traité sur le tarmac de l’aéroport, Prince aurait été brièvement hospitalisé, avant de partir en dépit des recommandations des médecins.
De nombreux hommages
Les hommages ne tarissaient pas vendredi, le président américain Barack Obama, en visite officielle à Londres, réaffirmant sa peine après la disparition de ce « grand interprète ». Le président Obama, qui a rappelé l’avoir invité à jouer à la Maison-Blanche, a même confié avoir écouté deux chansons de Prince, « Delirious » et son tube planétaire « Purple Rain », avant sa rencontre avec le Premier ministre britannique David Cameron. Les plus grands artistes et musiciens contemporains, de Mick Jagger à Madonna, en passant par Paul McCartney et Aretha Franklin, ont aussi rendu hommage à son talent, incarné dans cette déclaration du chanteur de U2, Bono : « Je n’ai pas rencontré Mozart, je n’ai jamais rencontré Duke Ellington ou Charlie Parker, je n’ai jamais rencontré Elvis. Mais j’ai rencontré Prince. »
« Maître envoûtant de la pop », pour le New York Times, « Artiste révolutionnaire », pour le Washington Post, « Le règne pourpre s’achève », selon le Sun britannique, son portrait apparaissait dans les journaux du monde entier. Même l’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican, s’est fendu d’un article revenant sur le combat de Prince contre les majors musicales. Construit près de Minneapolis après l’énorme succès de « Purple Rain », en 1984, Paisley Park était devenu son centre de création, comprenant studios, salle de concert et chambre forte pour ses enregistrements originaux. La transcription de l’appel aux services d’urgence, le 911, a été diffusée par la police. Il y a « quelqu’un qui est inconscient », explique l’auteur de l’appel. Avant d’affirmer que « la personne est morte », puis de dire : « C’est Prince ».
L’un des plus grands
Ces dernières années, le musicien rebelle, se produisant tantôt à moitié nu, tantôt en costumes flamboyants et chemises à jabots, avait tenté de prendre de court les revendeurs de billets en annonçant ses concerts quelques heures avant son entrée en scène. Le « Kid de Minneapolis » a été l’un des plus grands musiciens des années 1980 et 1990, avec des tubes comme « Cream » ou « Kiss », mêlant riffs de guitare, poésie des paroles et rythmes funk. Il a publié une trentaine d’albums en près de 40 ans. D’après le magazine Forbes, il a vendu plus de 100 millions de disques.
Mesurant moins de 1,60 m, doté d’un immense charisme, celui qui rivalisait parfois avec Michael Jackson jouait l’ultra-sexualité dans ses paroles et son jeu de scène. Lauréat de sept Grammy Awards et d’un oscar pour la musique de « Purple Rain », album et bande originale d’un film semi-autobiographique, le musicien insaisissable avait annoncé le mois dernier la prochaine publication de ses mémoires. Un ouvrage promis comme « un voyage anticonformiste et poétique ».
Source AFP