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Monsieur le Président,
Dans ma lettre du 25 août 2014, je vous posais cette question : « None iyo mutereje amaso imbere, mubona canke mwipfuza ko iragi ryanyu rizoba irihe ? (Quel héritage envisagez-vous de laisser ?). A la veille du premier anniversaire de votre prestation de serment pour ce troisième mandat objet de controverses, permettez-moi de vous suggérer quelques mesures susceptibles de vous faire entrer dans le Panthéon de nos héros.
D’emblée, sachez que je suis d’accord avec vous que le Burundi n’a besoin ni de policiers ni d’observateurs étrangers pour sortir de la crise actuelle. C’est au peuple burundais de déterminer sa destinée. Et il vous a confié celle-ci, avec tous les pouvoirs et les instruments nécessaires et suffisants pour veiller sur elle. C’est donc en définitive à vous – et à vous seul- qu’incombe cette responsabilité et revient cet honneur, ici et maintenant. Veuillez, ainsi, le 20 août prochain, adresser à la nation un message d’espoir en annonçant les mesures suivantes.
1. L’arrêt de la violence d’État, en ordonnant, aux forces de défense et de sécurité -vous en êtes le Commandant en chef, au Service national de renseignement -il dépend directement du Président de la République, ainsi qu’à la ligue de la jeunesse de votre parti -vous en êtes le président du Conseil des sages, de cesser toutes les formes de violence ayant cours depuis le 26 avril 2015 : tirs sur les manifestants, exil forcé, détentions arbitraires, tortures, viols collectifs, exécutions extrajudiciaires, fosses communes, disparitions et autres discours de la haine.
2. La libération immédiate et sans conditions de toutes les personnes incarcérées pour cause de contestation de votre mandat actuel.
3. La fin de l’impunité, en ordonnant l’arrestation et le jugement des commanditaires, auteurs et complices de ces violences.
4. Votre demande de pardon, au nom de l’État, aux familles des victimes de ces mêmes violences, en particulier à la jeunesse burundaise.
5. Votre prochaine participation personnelle au dialogue d’Arusha pour trouver un accord avec l’opposition sur une feuille de route et la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale capable d’oeuvrer pour la paix, la réconciliation et la démocratie.
Monsieur le Président,
En prenant de telles décisions courageuses, non seulement vous coupez l’herbe sous les pieds de tous vos détracteurs et terminez votre mandat dans la sérénité, mais encore entrez-vous dans l’histoire comme le Héro de la Réconciliation, à côté, entre autres, de Mwezi Gisabo, Rwagasore et Ndadaye, respectivement héros de la Résistance anticoloniale, de l’indépendance et de la démocratie.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.
http://fr.igihe.com/politique/lettre-ouverte-de-terence-nahimana-au-president.html
Posté le 05/08/2016 par rwandaises.com