Rien de plus étonnant et de plus démocratique si aujourd’hui, Paul Kagame obtient un score très respectable, car ce sont les mêmes électeurs qui lui ont demandé de se représenter, il y a environ un an. Par Christophe Baroni
Rien dIl y a environ un an, les Rwandais avaient demandé au président Kagame de faire un troisième mandat. Sans surprise, Paul Kagame sera aujourd’hui 4 août 2017 réélu à une forte Majorité Président du Rwanda. Il y a environ un an et demi, les Rwandaises et Rwandais l’avaient à 98% prié d’accepter un 3e mandat de 7 ans. Les donneurs de leçons vont évidemment railler le « score stalinien » de sa réélection, d’ores et déjà critiquée parce qu’elle ne fait aucun doute.
Voudrait-on qu’au Rwanda, pour paraître « démocratique », on triche à l’envers comme le fit la France en 1996, quand Idriss Déby, considéré par Paris comme le moindre mal, obtint dès le premier tour 50,14% des voix, tant les résultats avaient été faussés lors du transport des urnes par les hélicoptères français, et que l’on fut obligé de tricher en sens inverse, pour redescendre à 47,86%, afin qu’il y eût un deuxième tour, comédie démocratique oblige ?
Les raisons de la réélection de Paul Kagame sont claires, évidentes pour toute personne de bonne foi :
Après un effroyable génocide soigneusement préparé, où environ un million de Tutsi, hommes, mais aussi femmes et enfants, ont été massacrés par des Hutu galvanisés par la criminelle Radio des Mille Collines, le Rwanda s’est redressé et son développement est remarquable. Marie-France Cros et Johanna de Tessières résument leurs impressions, vingt ans après le génocide, par ce sous-titre : « D’un pays détruit de l’intérieur, le régime autoritaire du président Kagame a fait en vingt ans un symbole pour l’Afrique. La couverture santé largement répandue et l’amélioration du statut de la femme en témoignent » (« La Liberté », Fribourg et « Le Courrier », Genève, 17 avril 2014). Savez-vous qu’en septembre 2017 sera inauguré à Kigali le Quantum Leap Africa, premier centre de recherche du continent sur les sciences quantiques, créé par l’un des plus grands astrophysiciens, Neil Turok, né en Afrique du Sud, fondateur en 2003 de l’Institut africain des sciences mathématiques (Aims) ? Neil Turok veut que la prochaine génération de chercheurs africains entre dans l’élite mondiale et que l’Afrique devienne un leader de l’informatique quantique (la prochaine génération d’ordinateurs, infiniment plus puissants et rapides que nos ordinateurs actuels). Ce Quantum Leap Africa est appelé à devenir en dix ans un laboratoire à la pointe de la recherche mondiale.
Paul Kagame, un Tutsi, chef du Front patriotique qui a vaincu les Forces armées rwandaises, les miliciens tueurs et leur alliée la France de Mitterrand-Védrine, mettant par cette victoire fin au génocide, a interdit la vengeance. Imaginez que les nazis aient été vaincus par un général israélien, qui aurait ainsi mis fin à la Shoah, et que ce général interdise aux Juifs de se venger : les Allemands dans leur ensemble ne lui seraient-ils pas reconnaissants, notamment ceux qui par conformisme ou lâcheté avaient suivi le Führer et obéi à ses ordres fous et criminels ?
Les Hutu qui se sont laissé convaincre par la propagande criminelle de Radio Mille Collines ne sont pas nés monstres sanguinaires et violeurs (les viols furent durant le génocide systématiques, avec volonté de transmettre si possible le sida : voir « Le gYnocide dans le génocide des Tutsi », dans la partie 12 (Rwanda) de www.christophebaroni.info et dans « La Nuit rwandaise » d’avril 2010). Il fallait un courage exceptionnel pour ne pas obéir aux appels à massacrer les Tutsi, y compris les bébés, et, de la même façon qu’Israël rend hommage aux Allemands qui sauvèrent des Juifs, le Rwanda de Paul Kagame honore les « Justes », c’est-à-dire les Hutu qui, souvent au prix de leur vie, ont caché et sauvé ou tenté de sauver des Tutsi. C’est pourquoi le Rwanda de Paul Kagame a réparti en quatre catégories ceux qui ont perpétré le génocide du « printemps des machettes », seuls les planificateurs étant punis de mort, peine qui ne tarda pas à être commuée en réclusion à vie.
Dans le Rwanda de Paul Kagame, il n’y a plus de Hutu, de Tutsi ni de Twa, mais des Rwandaises et des Rwandais. Faire état de l’ethnie, c’est risquer d’être accusé de « divisionnisme ». Et dans la région de Ruhengeri (ville rebaptisée Musanze pour bien marquer le renouveau du pays), fief de la dictature génocidaire d’Habyarimana, j’ai vu les paysannes et paysans, groupés en coopératives, vendre paisiblement leurs fruits et légumes, et dans leurs yeux je n’ai décelé aucune lueur criminelle ni désir de vengeance ! Dans les années qui suivirent la libération du pays grâce à la victoire de Paul Kagame, ils avaient du reste aidé son Armée patriotique à mettre fin aux tentatives de revanche des génocidaires vaincus.
Les femmes et leurs nombreuses associations jouent désormais un rôle très important dans le Rwanda de Paul Kagame. Et le Rwanda est le leader mondial quant à la représentativité des femmes dans les parlements nationaux : elles sont 51 sur 80 membres !
Ajoutons que si le Rwanda fut durant des décennies un vrai paradis pour certains Pères blancs (missionnaires catholiques) amateurs de jeunes garçons et plus généralement de chair fraîche, on n’y tolère plus les « violeurs d’enfants ». Lors de mon dernier séjour au Rwanda, j’ai entendu à la télévision nationale une policière conscientiser les parents et la population sur l’importance du respect du corps de l’enfant en des termes que n’eût pas désavoués une psychologue spécialisée. Je tiens à préciser qu’il y eut des missionnaires admirables au Rwanda, tel l’abbé belge Fraipont, qui consacra ses forces au service des handicapés du Home de la Vierge des Pauvres. Mais le Rwanda, qui était jusqu’en 1994 le pays le plus catholique d’Afrique (85%), est désormais en majorité protestant, si l’on compte les adventistes au nombre des réformés, comme il se doit.
En mars 1995, l’inénarrable Paul Barril, que Mitterrand tenait pour un « voyou », affirme dans « Playboy France » : « On m’avait promis environ un million de dollars pour tuer Kagame. » Tueur à gages, Paul Barril ? Certes, des génocidaires hutu de haut rang encore en liberté, et qui avaient fait fortune grâce à des activités mafieuses, le chargeraient volontiers de les venger de leur défaite. Dans la même interview, cette barbouze prétend avoir mis à prix la tête de Paul Kagame. Mais si l’homme fort du Rwanda devait être victime d’un assassinat, j’y verrais plutôt la main d’un ancien frère d’armes tutsi déçu de n’avoir pas été promu à une éminente fonction. Ainsi, je connais un officier tutsi de l’Armée patriotique qui a quitté le Rwanda : en proie à un délire politico-mystique, peut-être devenu fou de douleur après l’extermination de sa famille lors du génocide, il rêve du retour d’un roi tutsi qui ramènerait son peuple d’éleveurs tutsi dans la « Terre promise », le Rwanda, et tient Paul Kagame pour le diable.
Mais l’avenir de ce petit pays est d’ores et déjà prometteur, et l’élan donné par le leader Kagame va, quoi qu’il arrive, propulser le Rwanda en avant. Tenant le couple Clinton pour ami de Kagame, beaucoup de Hutu devenus citoyens américains et qui, vu leur implication dans le génocide, n’osent rentrer dans leur pays d’origine, ont lors de la présidentielle de novembre 2016 voté contre Hillary Clinton, donc pour Donald Trump. Ils oubliaient que lors du deuxième mandat d’Obama, son secrétaire d’Etat (= ministre des Affaires étrangères) John Kerry, catholique, était nettement hostile à Paul Kagame. Autour de Kerry s’était formé un lobby militant pour Paul Rusesabagina, que des naïfs tiennent pour un héros ayant sauvé des Tutsi à l’hôtel des Mille Collines. Se mêlant de ce qui ne le regarde pas, Obama de son côté a cru devoir exprimer son mécontentement devant la perspective d’un 3e mandat présidentiel de Kagame. Trump, lui, ne perd pas son temps à donner des leçons de prétendue « démocratie », et ne laisse pas la Chine et d’autres puissances économiques rivales investir seules au Rwanda. De nombreux contrats viennent d’être signés par des entrepreneurs états-uniens.
Beaucoup d’Africains saluent en Paul Kagame un chef d’Etat qui, enfin, parle d’égal à égal avec ses homologues, conscient que l’Afrique désormais n’est plus à la botte des grandes puissances, coloniales ou autres. Paris, notamment, doit apprendre à changer de ton et d’attitude, d’autant plus que le « Pays des Droits de l’Homme » est, dans le gravissime dossier rwandais, coupable de complicité active de génocide. Paul Kagame sait répondre du tac au tac. Voyant les Forces armées rwandaises, que Paris soutenait en plein génocide, en passe d’être vaincues, Mitterrand menaça de lâcher des parachutistes français pour empêcher la prise de Kigali : Kagame lui fit savoir qu’il possédait assez de « bodybags » pour leurs cadavres (précisons que ses hommes ne perdaient pas leur temps à piller et à violer, et tiraient bien). Dans le nouveau Rwanda, les investisseurs se pressent au portillon : Arabes, Chinois, Américains, Anglais, Canadiens…
http://www.rwanda-podium.org/index.php/actualites/politique/1506-rwanda-un-3e-mandat-pour-paul-kagame
Posté le 04/08/2017 par rwandaises.com