Grande ferveur au Brésil autour de l’auteure de Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados), dont deux livres sont classés dans les 20 meilleures ventes. Sa présence au festival littéraire de Paraty l’a confirmé. Par Xavier Oriot

Scholastique Mukasonga a dédicacé ses ouvrages pendant cinq heures au festival littéraire de Paraty, au Brésil. | DR

« A mulher de pés descalços » ( La femme aux pieds nus ) et « Nossa senhora do nilo » ( Notre-Dame du Nil ), les deux livres de l’écrivaine de Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados) Scholastique Mukasonga ont été traduits en portugais et édités au Brésil par Nos. En quelques semaines, ils sont entrés dans les vingt meilleures ventes.
Ce qui a plu ? « L’image de la mère forte au Brésil, abordée dans La femme aux pieds nus , le fait que la grande majorité des Brésiliens n’aient jamais entendu parler du génocide au Rwanda et… que je sois une auteure noire et africaine. Eux qui veulent renouer avec leurs racines outre-Atlantique. »
Dans une favela
Aussi, lorsque fin juillet, l’auteure auréolée du prix Renaudot 2012 pour Notre-Dame-du-Nil était invitée à l’un des plus grands festivals littéraires de Paraty, petite ville coloniale de montagne à quatre heures de Rio de Janeiro, c’est une foule de lecteurs qui l’attendait, livre à la main. « J’ai signé de 21 h à 1 h du matin sans m’arrêter », n’en revient toujours pas Scholastique Mukasonga.
Ils étaient encore plusieurs centaines, à l’écouter évoquer la mère et le Rwanda dans deux conférences. Son éditeur brésilien avait prévu une rencontre dans la favela Vigidal, dans la montagne qui domine Rio, où trois taxis ont refusé de la conduire, prétextant le danger. « J’ai été saisie d’une intense émotion. Pour moi, un quartier aussi pauvre ne pouvait exister qu’en Éthiopie. Les questions ont surtout porté sur l’identité noire. Mon pays, le Rwanda, a été un des rares à avoir échappé à l’esclavage. L’institut culturel français y fait un travail remarquable. J’ai pu échanger avec des jeunes avides d’en sortir. Je les ai encouragés. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, dans ces taudis, beaucoup ont fait des études et sont cultivés. » L’auteure normande a également lu dans la rue des extraits du livre Olivier, de Jérôme Garcin.
Elle s’est aussi entretenue longuement sur l’Afrique avec Lula, l’ancien président du Brésil, condamné pour corruption. Il a fait appel du jugement et entend se représenter. Il est déjà en campagne. « Pour lui le Brésil doit renouer avec l’Afrique », retient Scholastique, dont le prochain livre, sur le thème du père, sortira en février ou mars

http://www.rwanda-podium.org/index.php/actualites/education/1641-bresil-scholastique-mukasonga-fait-sensation
Posté le 07/09/2017 par rwandaises.com