Vidéo de Claudy Siar – durée 3’46 »
Je viens de subir un véritable électrochoc, et j’ai honte ! Tous les jours, nous sommes bombardés de « news » tellement envahissantes qu’il ne nous est pas toujours possible d’y attacher une quelconque importance. Il est vrai que les médias occidentaux ont pris pour habitude de nous mélanger sans discernement les événements « people » et sans importance, avec les pires drames que l’humanité connaisse. Tout rentre par une oreille pour en ressortir aussi vite par l’autre.
Aujourd’hui, un ami m’a fait parvenir une vidéo de 3’46’’. Cela fait des années que j’ai pris pour habitude de ne pas lancer la lecture directement, de poursuivre la tâche qui me préoccupait et d’y revenir plus tard, …ou jamais !
Aujourd’hui, contre toute attente, j’ai « cliqué » et j’ai découvert un homme que je ne connaissais pas, Monsieur Claudy Siar. Une fois les premières secondes défilées, j’ai été happé par son énergie et sa colère qui ne pouvaient en aucun cas me laisser indifférent. Rapidement j’ai ressenti un moment de honte et j’ai pris pour moi toute son indignation. Monsieur Claudy Siar venait de rentrer chez moi pour m’interpeller et me sermonner vivement. Connaissant mon caractère, en temps normal je l’aurais fermement jeté hors de ma jolie « case » confortable. Je lui aurais lancé à la figure que je ne veux pas être déranger de la sorte, et qu’en plus je ne tolèrerai jamais à ce qu’un intrus se permette de venir m’enguirlander chez moi, alors que je suis douillettement installé dans mon canapé.
Dans cette vidéo, qui ne m’a réellement pris que 3’46’’ de mon précieux temps, Claudy Siar nous parle d’une cruelle actualité qui touche ces migrants, actuellement entassés dans des hangars en Libye, sous une chaleur étouffante, pour être finalement vendus sur un marché d’esclaves. Le « YouTuber » n’a rien d’un historien, il nous parle de ce qui se passe aujourd’hui, au 21ième siècle, juste à côté de chez nous, à deux pas de l’Europe ! Plusieurs équipes de journalistes ont déjà réussi à s’introduire dans ces camps et ont pu assister à ces ventes d’esclaves. Indignés, ils sont rentrés chez eux sans que leurs images puissent émouvoir la population mondiale.
Peut-être aurait-il fallu « coloriser » ces malheureux, leur donner la peau plus blanche, afin de réveiller cette masse endormie, par une télévision de plus en plus crétinisante. Ces images auraient pu rappeler à certains d’entre eux, ces millions d’européens fuyant leurs pays pour venir se réfugier en Afrique lors de la seconde guerre mondiale. C’est dans la nature de l’homme de fuir la guerre et le chaos !
Par contre si ces européens ont accouru vers l’Afrique du Nord, c’est parce qu’ils fuyaient des guerres provoquées par eux-mêmes dans lesquelles les « africains » n’avaient strictement rien à voir. Ces réfugiés africains qui aujourd’hui veulent rejoindre l’Europe, ils fuient les conflits provoqués chez eux par les européens et leurs alliés… voyez la différence !
Cette situation abominable où des êtres humains sont entassés dans des hangars tels des animaux, rackettés jusqu’à ruiner leurs familles déjà affamées dans leur pays d’origine pour finalement être vendus au marché d’esclaves… ne semble pas émouvoir grand monde. Dans la mesure où plusieurs équipes de télévision sont déjà parvenues à s’incruster dans ces camps de la mort, comment se fait-il qu’aucun dirigeant de ces pays des « droits de l’homme » n’ait pris la moindre disposition pour aller au secours de ces malheureux. Ces mêmes dirigeants portés par un élan humanitaire, se verraient « adouber » par leurs citoyens qui serraient pour une fois, fiers de ceux qu’ils ont élus.
Pour que cette situation change, il faut que l’opinion publique se l’accapare ! Claudy Siar ne mâche pas ses mots en interpellant les dirigeants africains, les journalistes, les artistes, les sportifs… il s’en prend essentiellement à tous ceux qui, d’origine africaine, ont aujourd’hui une voix qui peut porter. «Levez-vous, faites quelque chose !»
L’histoire se répète sans cesse. Une telle situation d’indifférence mondiale, l’humanité l’a déjà vécue à plusieurs reprises, notamment lors du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au Rwanda. Le monde est resté insensible aux pires massacres qui se déroulaient sous leurs yeux. Un million de morts en cent jours… sans que la Communauté Internationale n’intervienne. Oui, nous sommes tous complices !
Ici, Claudy Siar s’en prend essentiellement à l’indifférence de ses frères africains, mais c’est la terre entière qui doit entendre ses cris, «l’humain n’ayant pas de couleur»!
C’est sans doute pour cette raison que j’ai personnellement reçu son message en pleine figure, avec une violence telle que j’étais incapable de faire quoi que ce soit durant de longues minutes. Moi aussi j’étais devenu subitement complice de ces atrocités ! Alors que je dénonce mille maux via mes éditoriaux, là je suis resté muet comme une tombe…silence absolu.
Pourtant, cette information j’ai dû l’entendre, je n’ai pas la moindre excuse ! Même noyée dans un flot de nouvelles aussi débiles les unes que les autres, j’aurais pu la ressortir et me l’accaparer. Non, comme un zombie, mon cerveau a dû enregistrer que « des noirs sont vendus comme esclaves…et alors, ce n’est pas nouveau » !
J’ai honte, oui honte d’être devenu insensible au point de n’avoir pas apporté ma petite pierre à cet immense édifice que nous devons bâtir. Effectivement, on pense d’abord à tous ceux qui ont une voix qui peut se faire entendre, les Chefs d’État africains, les artistes, les sportifs,… mais ce n’est pas une raison pour ne pas faire notre part, aussi minime soit-elle. Vous connaissez l’histoire du petit colibri qui veut éteindre l’immense feu de forêt et qui se fait charrier par les autres : «je fais ma part, peu importe ce que les autres font…».
Pour terminer ces quelques lignes, je ferai appel à Martin Luther King. Par quelques mots, cet homme a parfaitement traduit tout ce que je me reproche aujourd’hui. J’essaierai dorénavant de rester « éveillé » et de garder en tête ce minuscule « colibri » et ce « géant noir » qui a marqué l’histoire. Je suis désolé d’avoir failli, ceux qui souffrent aujourd’hui n’ont plus le temps d’attendre, alors… « Levez-vous, faites quelque chose…nous on est prêts »